Chapitre XII

85 5 0
                                    

Présent.


New-York est silencieux, ma confusion raisonne dans ses rues matinales. Rien ne prouve l'innocence de Selene, or un sentiment étrange s'est installé au creux de ma mémoire. Si cette femme a l'esprit vengeur et coriace, elle peut aussi se montrer persuasive et, étonnamment, bienveillante envers ceux qu'elle aime.

Et, non sans peine, ma personne en fait partie.

Ce qui me pousse à revaloriser la situation dans laquelle nous étions tous lors des faits. La mort de Zayn nous a tous bouleversés, mais l'une d'entre elles est son bourreau. Lucide ou non. Cette personne lui portait une haine si viscérale qu'il en est devenu un défunt.

Une question de défense n'est certainement pas exclue, connaissant le caractère bien trempé de Zayn. Mais celui de Kayhline et Selene peuvent tout aussi bien être comparables avec le sien. Je ne crois pas en la rédemption, mais en la conscience dont la race humaine est dotée, et bien que ce soit une manière bien charitable de se vouer au pardon : la conscience n'est louable que pour celui qui le veut bien.

Ma conscience à moi, me crie présentement de ne pas monter ces foutues marches que je maudis de près tout comme de bien loin. Je les monte pourtant avec assurance, comme si elles n'étaient pas celles de mon ascension à une mort plus douloureuse que le désir.

Le majordome m'attend déjà, prêt à m'ôter mon lourd manteau des épaules, avec délicatesse, il m'enlève ce poids de mes épaules, comme s'il m'enlevait les horreurs qu'elles avaient pu porter jusqu'à maintenant à cause de sa maîtresse. C'est comique. Comment je me retrouve sans cesse à baigner dans ses affaires, ses secrets, mon destin n'appartient qu'à ses paumes souillées.

Après tout, nous sommes peut-être de la même personne sur différents fonds.

Je ne le remercie pas lorsqu'il passe devant moi pour accrocher le vêtement sur le portique.

– Dites à votre maîtresse que Naya est là, je lui ordonne avec audace.

Connaissant cette maison par cœur, je me dirige vers la salle à manger afin de me servir dans ce qui me paraît être le petit déjeuner de Selene.

Des œufs broyés, du café ainsi que du bacon sont parfaitement disposés sur la table, de jolis couverts ornent le tout.

Gêné, l'homme cinquantenaire s'approche doucement.

– Madame, Madame Bell dort.

– Eh bien, faites la réveiller, je lance lacement en me servant avec aise dans son repas.

Il accourt presque hors de la salle pour se rapprocher de la bonne qui elle se dirige vers l'étage tandis que je regarde le spectacle de loin tout en sirotant le café qui était initialement prévu pour Selene.

Mon corps repose entièrement contre le rebord de la grande table, mes jambes croisées, je repose tranquillement ma tasse lorsque le battant de la porte s'ouvre sur Selene en nuisette. Elle couvre son corps d'un peignoir à peine trop grand pour elle.

Elle n'hésite pas une seconde avant d'ouvrir la discussion.

– Je croyais que je ne te réservais que de la haine.

– Je ne suis pas venue pour te réveiller au creux de ton lit, même si je sais que tu aurais apprécié.

Elle se glisse sur la chaise à ma gauche. Là, elle souffle longuement. Tantôt fatiguée, tantôt intriguée par ma présence.

– J'imagine que ce n'est pas ce qui t'amène, elle lève sa tasse afin d'en prendre une gorgée avant de se rendre compte qu'elle est vide, tu es vraiment imprévisible, Naya Payne.

Blow That Out ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant