04. Erreur de jugement

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Mayce

Plus tôt dans la soirée

Sur le parking d'un fast food, entre deux frites, Neiya m'expose son plan. Un plan parfait pour les deux parties, selon elle.

- La meute se régénérera et te cherchera, c'est aussi sûr que le soleil se lèvera d'une minute à l'autre. Sa marque ne disparaîtra que si un être plus puissant te marque à son tour. Tu es condamné à appartenir à quelqu'un, quoi qu'il arrive. À quel point veux-tu lui échapper?

- Pas au point d'accepter ça, je continuerai à fuir.

- Ça t'as bien réussi jusque là ? demande-t-elle d'un air innocent.

Elle marque un point. Josh puise dans le lien immonde qui nous relie, que je le veuille ou non, il saura me retrouver n'importe où.

- Si tu ne peux pas lui échapper ainsi, tu dois changer de tactique. Imagine sa tête quand il réalisera qu'il ne pourra plus jamais mettre ses sales griffes sur toi alors que tu te tiendras là, sous son nez, arborant la marque d'un autre.

La rage le consumerait sur place et évidement, j'adorerais voir ça. Mais...

- C'est échanger une cage pour une autre, repliqué-je.

- Vois ça comme une barrière de protection.

Jouer la fausse petite amie n'est pas la partie la plus difficile du contrat, c'est la marque. Il est essentiel que celle du lycan disparaisse ou bien il pourra revenir me chercher quand il le souhaitera tel un objet qu'on aurait égaré. C'est son droit.
Mais pour qu'elle disparaisse, un être d'une puissance supérieur doit me marquer à son tour.
C'est le serpent qui se mord la queue.

- Si un jour ton frère refuse de me laisser partir, ma position ne sera pas meilleure que celle d'aujourd'hui.

Elle retourne à ses frites quelques secondes avant de revenir vers moi avec la tête de quelqu'un qui vient d'avoir l'idée du siècle.

- Et si c'était moi qui te marquait? lance-t-elle avec fierté.

La bouchée que je viens d'avaler se coince dans ma gorge. Une quinte de toux me secoue, j'attrape mon soda avant d'en avaler la moitié.

Les yeux larmoyants, je la fixe avec désapprobation.

- Arwan est mon jumeau, nos marques sont identiques. Si tu portes la mienne, ils n'y verront que du feu et rien ne te relieras à lui. Tu seras libre comme l'air, m'explique-t-elle.

- Alors, où tu la veux ?

À présent

Je brandis ma nouvelle marque en souriant comme le ferait une jeune fille éperdument amoureuse. Enfin je crois.
Je me retourne vers mon "fiancé" qui semble s'être pris un jet de vomi en pleine face tant il est choqué. Génial. C'est ça l'effet que ça lui fait d'être faussement en couple avec moi.

Je regrette instantanément d'avoir accepté cette folie mais c'est trop tard, tous les regards sont braqués sur nous. Je m'avance vers lui, sourire aux lèvres, en priant pour qu'il ne me repousse pas. Le sol est terriblement bas et si par chance mon corps s'en sortait, mon ego ne s'en remettrait jamais.

Mon faux petit ami me regarde réduire la distance qui nous sépare comme si j'étais un animal sauvage. Après tout, c'est certainement ce à quoi je ressemble avec mes cheveux en pagaille. Face à ses mèches blondes parfaitement plaquées en arrière, je dois combattre l'envie de passer une main dans les miens. La fuite et la survie ont primées sur l'hygiène ces derniers jours, rien ne pourrait les discipliner sans un bain.

Nous sommes si proches à présent que je peux discerner les moindres détails de son visage. Pourtant, je me contente de fixer ses yeux turquoises qui me semblent si familier, les mêmes que je viens de quitter à l'instant.

Je glisse la main vers la sienne et à mon grand étonnement, je sens ses doigts se glisser entre les miens sans hésitation. Par habitude, je me raidis mais je ne sens rien d'autre que la chaleur qui irradie de sa peau lorsqu'il resserre sa prise avant de lever nos mains jointes vers la foule.

La colère déforme tour à tour les traits des visages en contrebas. Cette scène me donne une impression de déjà vu quand les souvenirs de cette nuit-là s'y superposent.

Les cris des protestataires retentissent pourtant ce sont d'autres mots qui résonnent en boucle. Il fait tout à coup nuit et je me retrouve ailleurs, coincée dans un souvenir désagréable.

Le soleil revient lorsque celui qui me tient la main me tire brutalement vers lui, me projetant contre son torse. Son parfum, son contact m'empêchent de dériver à nouveau. Il me soulève par la taille, mes jambes s'enroulent instinctivement autour de lui lorsque je le sens plonger dans le vide.

Il n'atterit pas dans la cour comme je le pensais, il y pose juste un pied pour nous projeter dans le ciel. Contre mes bras accrochés dans sa nuque, je sens ses ailes se déployer avant de les voir.
Elles sont si grandes, que je ne vois qu'elles. Toutes en nuance de bleu foncés et de noirs, de minuscules taches blanches en arpentent l'étendue comme des étoiles dans un ciel inconnu.

Nos corps pressés l'un contre l'autre, je le sens frémir lorsque l'un de mes doigts caresse son aile. Elle est si douce que je m'imagine m'enrouler dedans comme dans un plaid. Une pointe de jalousie me traverse quand je me rends compte qu'il possède la vraie liberté.

- Ne les touche plus ou je te lâche.

Wouah, quelle sympathie dis donc !

Juste pour l'agacer, je la touche encore et encore. Quand on n'a pas de cran, on évite de jouer au méch...

- Aaaaaah...

Love contrat Où les histoires vivent. Découvrez maintenant