20. Le prix à payer

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Mayce

Ma magie est revenue.
Je ne sais pas ce que je dois ressentir. Je me sens moi sans avoir l'impression de l'être. La sorcellerie fait partie de ce que je suis, c'est une présence rassurante mais je ne veux pas être comme elles ou pire...

Mes pouvoirs sont difficilement contrôlables. Pour les utiliser il n'y a qu'une seule règle : souffrir.
Là où les autres filles pouvaient lancer des sorts à tout va, chacun de mes sorts demandaient une contrepartie.
J'ai très vite appris à encaisser la douleur, je n'avais pas le choix.

Quelle hérésie, devoir ressentir une émotion pour libérer un sortilège alors que les émotions nous sont interdites.
Je revois encore les Anciennes déclarer :
"Les émotions sont une faiblesse. Contrôlez-les ou elles vous contrôleront."

Nous voulions chacune être la plus forte, être aimée et adulée de tous. N'est-ce pas le souhait de toutes les petites filles ?
C'est ainsi que nous avons appliqué ce mantra à la lettre, à chaque instant.
Puis un jour, les barreaux ont cédés et mes émotions se sont violemment libérées, brûlant tout sur leur passage.

Toute ma magie reposait sur l'interdit, les Anciennes en ont été révoltées. Elles ont cherché des réponses auprès des cartes, des grimoires, des esprits et des divinités, en vain.
Ça a duré de longs mois jusqu'à un soir de nouvelle lune où un grimoire s'ouvrit juste sous leurs yeux. Un unique paragraphe était inscrit sur la double page :

" Née de la lune violette, elle tiendra tous les destins au creux de ses mains.
Sa magie capricieuse et dangereuse anéantira ou guérira. "

Une prophétie qui me concernait, ça ne faisait aucun doute avec mes yeux violets. Une couleur rare, que j'étais la seule à porter dans notre Clan.

Elles comme moi savions que le feu était un destructeur... Elles ont quand même testé ma magie, encore et encore. Les échecs s'enchaînaient sans répit. Malgré toute la volonté que j'y mettais, j'échouais inlassablement. La dernière plante a fini par perdre sa seule et unique feuille restante.
Les loups ont débarqués le lendemain.

Une pression sur la main, je laisse les souvenirs de côté pour revenir à Arwan, qui ne vaut guère mieux qu'elles.

- Où souhaites-tu aller ? me demande-t-il.

- Là-bas, repondé-je, en montrant l'allée de droite, sans plus d'explications.

Lui aussi, m'a trahi.
Il n'a pas tenu sa promesse et les conséquences ont été désastreuses.
Notre violente altercation a réveillé les souvenirs de ce jour atroce, où on m'a privée de ma liberté.
Ça a été si douloureux que ma magie a répondu à l'appel, enflammant une bonne partie de la pièce. Il m'a fallu trois jours entiers de sommeil pour récupérer.

C'était pourtant simple, il ne devait pas initier de contact physique en dehors de me tenir la main. Pour le reste, c'était uniquement sur base de mon ressenti sur le moment. Il savait que les loups m'avaient atteintes bien plus profondément que ce que je montrais, il savait que ma confiance envers les hommes était devenue un maigre fil et il n'a pas hésité à sortir les ciseaux.

J'aurai pu blesser Neiya à cause de sa bêtise ou l'un des chats tout mignon.
Je lui en veux tellement que je sens la haine tournoyer autour de mon cœur, y plantant les griffes lorsque je pense aux raisons qui l'ont poussé à jeter notre accord aux orties. Comment comprendre qu'une vieille histoire avec des membres de mon espèce, puisse se répercuter sur moi ? En quoi suis-je responsable de son passé ? Pourquoi devrais-je payer pour d'autres ?

Il a beau marcher à côté de moi, me tenir les portes comme un gentleman, je n'oublie pas de quoi il est capable.
C'est le genre de type à tout fourrer dans le même panier : une rose m'a blessée, j'en veux à toutes les roses. Idiot.

Dire qu'il est immortel et aussi peu développé émotionnellement...

On déambule main dans la main dans le magasin, j'attrape quelques bouquins avant de passer en caisse. La vendeuse annonce un chiffre exorbitant, Arwan continue de sourire en tendant sa carte. Je ne comprends pas comment des bouts de papiers peuvent coûter aussi cher.

Je fouille dans le sac dès que nous sortons, le petit livre que je cherche est caché tout au fond. Je l'extirpe avec délicatesse, pas question de déjà abîmer les autres.

- Qu'est-ce que tu fais ? demande Arwan alors que les paparazzis nous fixent avec intérêt.

Il est mal à l'aise, tant mieux !
Je lui tend un petit livre de développement personnel où le titre est sans équivoque : " Apprenez à vous passer d'un bouc émissaire ".
Il se raidit face à mon cadeau, avant de se reprendre et de me remercier chaleureusement.

On se balade toute l'après-midi, main dans la main dans le centre commercial. Tout à l'air parfait en extérieur, lisse. Je souris poliment, il me regarde parfois avec des yeux brillants. Il est très bon à ce jeu...

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Le 21/12/2023

Hey !
Parfois on doit écrire des chapitres qui nous touchent d'un peu trop près, c'est nécessaire mais pas très agréable 🤣.
J'espère qu'avec toutes ces précisions, vous comprendrez Mayce 😸.

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