22. L'évidence

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Arwan

Les cris de Mayce me perforent les tympans. J'essaie de la raisonner mais son regard est lointain. La crainte que tout ça ne dégénère encore plus en devenant public m'étreint comme un étau. Du remue ménage se fait entendre dehors, les flashs nous aveugles.
C'est trop tard. Maudit soient-ils !

Je serre Mayce contre moi, elle tremble comme une feuille. Elle ne me repousse pas, elle doit être sacrément bouleversée... J'aimerais lui dire d'arrêter, qu'il ne va rien arriver à Nei parce que personne ne pourrait la blesser, jamais. Mais elle n'est pas des nôtres et je ne peux pas faire confiance à une sorcière.

Ses cris me lacérent l'âme. Je tiens sa tête contre mon torse en lui disant que tout va bien, que ce n'est rien. Le tissus trempé par ses larmes colle à ma peau. Je n'ai jamais entendu une telle douleur, surtout pas pour nous. Les sentiments qu'elle éprouve pour ma sœur sont sincères, je sens la certitude qui m'habitait ces derniers jours se briser.
On ne choisi pas sa famille, et si elle le pouvait, nous choisirait-elle ? L'a-t-elle déjà fait ?

La lueur violette qui émane d'elle annonce la suite. Je ne peux pas la laisser enflammer la chambre de Neiya, mes ailes s'enroulent autour d'elle suivant le même chemin que mes bras. La chaleur se fait de plus en plus forte, je ne pourrai pas m'en protéger. C'est le prix à payer pour épargner ce qu'il reste de la pièce déjà bien saccagée.

Des volutes mauves flottent autour de son corps, nos vêtements commencent à chauffer dangereusement. Nous allons finir nu devant une baie vitrée avec les caméras braquées sur nous et même si mes ailes forment une protection pour Mayce, ils verront mes vêtements disparaître dans les flammes. Ma résistance au feu ne me sera pas d'une grande utilité à cause de notre proximitée, ma peau finira par brûler, tôt au tard.

Nos vêtements s'enflamment, tombant lambeaux par lambeaux. Ils se consument activement. Dans un éclair de génie, je comprends quelle est sa magie : celle des émotions !
Je glisse mes mains sous ses cuisses et mes ailes viennent se plaquer dans son dos pour l'empêcher de tomber. Je la place à hauteur de mon visage, elle est douloureusement magnifique. Ses cheveux noirs flottent autour d'elle, ses yeux sont entièrement violets. Nous sommes complètement nus l'un contre l'autre, la chaleur me consume autant de l'extérieur que de l'intérieur. Je déglutis péniblement.

Je réprime toutes ces pensées qui me font honte avant de me concentrer sur ses expressions faciales.

- Mayce ? l'appelé-je, elle continue de sembler lointaine. On dirait qu'elle est dans une sorte de transe.

Il est temps de l'atteindre, mon corps commence à griller.

- Je savais que je te plaisais mais au point d'enflammer tous nos vêtements et de te jeter sur moi de la sorte... C'est peut-être un peu too much non ? me moqué-je en arborant un sourire diabolique.

Un éclair de lucidité passe dans ses yeux, avant de repartir tout aussi vite. Je continue :

- Ma belle, depuis quand tu aimes avoir un public ? On peut tout aussi bien le faire dans les airs, si c'est ce que tu veux, j'appuie mes dires en effleurant sa nuque avec le sommet de mon aile, elle frissonne de plaisir et ses paupières luttent contre l'envie de se fermer.

C'est étrange de la voir tant apprécier cette particularité alors que toutes les autres affichent leur dégoût dès qu'elles apparaissent. Je m'étais fait à leur réaction, après tout personne n'aime voir des ailes de chauve-souris et encore moins en toucher... Sauf elle.
Cette fille est vraiment bizarre.

Les flammes ne me blessent plus, elles me lèchent le corps. J'arrête mes mouvements, stupéfait. Ça ressemble à des caresses, c'est même agréable. Je les observe naviguer partout sur mon corps comme des milliers de mains. Mayce enfin revenue parmis nous, n'affiche plus qu'une incompréhension totale. Elle essaie d'en toucher une pour l'écarter de mon torse mais elle recule sa main en sifflant de douleur.

- Elles m'aiment bien, lui dis-je avec un clin d'œil.

Elle s'évanouit dans mes bras, voilà l'effet que ça lui fait. Elle me rend dingue.

Il est plus que temps d'arrêter de jouer, je rejoins ma chambre où j'attrape un training que j'enfile à la hâte avant de sélectionner une robe épaisse que je fais glisser d'un geste de la main sur elle. Voilà qui est mieux. Je reprends mon fardeau dans les bras avant d'avancer vers la fenêtre ouverte et de m'élancer dans les airs.

Son cœur bat régulièrement, elle doit être exténuée. La maison d'hiver est le seul endroit où nous pourrons parler sans être espionné, il est temps de tout lui révéler, ou presque...

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Le 27/12/2023

Hey !
Ce chapitre était dingue, vous ne m'en voudrez pas de vous laisser comme ça ? 😈
La suite demain ! Mouhaha 🔥

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