Three Fall

Chapitre 1

1990

— Lucius Malfoy, ma fille, n'a que huit ans. Et ton fils n'en a que dix. Laisse-les grandir en paix, au lieu de rabâcher ces histoires de mariage. S'exclame la jeune femme avec un air amusé.

L'homme, âgé d'une trentaine d'années, ne put retenir un rire surpris. Certes, ils sont jeunes, mais ils sont tous les deux issus d'une famille de sang pur. C'est un sujet à prendre totalement au sérieux pour lui. Non loin d'eux, un groupe de quatre enfants aux rires éclatants vinrent balayer les angoisses de Monsieur Malfoy. Les mariages, l'honneur, la pureté de leur sang... Ces enfants n'en ont que faire.

— Théo ! Arrête de m'embêter ! S'agace la plus jeune en se cachant derrière le garçon blond.

— Je sais que c'est toi qui a cassé ma figurine ! Noa, arrête de te cacher !

Le jeune blond sembla amusé de la situation. Il laissa Noa se cacher derrière lui et s'amusa tandis que Théodore essaya d'attraper la petite brune. Un troisième garçon sortit de sa cachette et se précipita sur le brun et sauta sur son dos. Ils perdirent tous les deux l'équilibre et se roulèrent dans l'herbe en riant à cœur ouvert.

— Laisse ma sœur tranquille ! Et puis d'abord, c'est même pas elle qui a cassé ta figurine.

— Lâche-moi Enzo ! Si ce n'est pas elle, c'est qui alors ?

— Je sais pas ! Mais ce n'est pas Noa.

Le petit blond profita de cet instant d'inattention pour entraîner Noa vers la table où furent installés leurs parents. Il attrapa un verre de citronnade avant de le tendre à la jeune fille, puis il en prit un pour lui aussi.

— Draco, mon chéri, il va être l'heure de dire au revoir à tes amis. Annonce gentiment Madame Malfoy.

Un air triste s'installa sur le visage de l'enfant, rapidement imité par Noa. Lorenzo et Théodore revinrent en courant près de la table, essoufflés comme s'ils avaient couru des kilomètres.

— Toi aussi, tu dis au revoir, Théodore. Ordonne fermement Madame Nott.

Théodore enlaça Lorenzo, puis Draco. Il se contenta de donner un coup d'épaule à Noa puis sa mère et lui disparurent en un claquement de doigts. Narcissa Malfoy lâcha un soupir, comment Alice Nott peut être aussi... sauvage ? Elle n'a même pas pris le temps de les saluer.

— Aller mon petit dragon, dis au revoir à Lorenzo et Noa. Dit la jeune femme en poussant son fils.

Les joues de Draco prirent soudainement une teinte rouge à l'entente de ce surnom. Il serra la main de Lorenzo, comme son père lui a appris à faire, et enlaça rapidement Noa.

— Ne fais pas cette tête Noa, Draco va revenir le week-end prochain. N'est-ce pas Cissy ?

En réponse, Narcissa hocha la tête avec un large sourire amical qui se répandit sur le visage des trois enfants. Puis la petite famille blonde disparut aussi rapidement que les Nott.

Ainsi, tous les week-ends suivants, les quatre enfants se retrouvèrent et passèrent leurs journées à jouer dans le jardin pendant que leurs parents burent le thé ensemble. Les week-ends étaient tous similaires, Théodore embêtait Noa, qui elle courait se cacher derrière Draco pendant que son grand frère essayait de la protéger. Ce fut ainsi jusqu'à ce que Lorenzo, Draco et Théodore entrèrent à Poudlard. Noa ne vit désormais que son frère pendant les vacances de Noël et celle d'été. Théodore et Draco ne vinrent plus passer les week-ends dans le manoir des Berkshire.

1993

— Je ne veux pas aller à Beauxbâtons ! Papa s'il te plait ! Je veux rester avec Lorenzo !

— Noa, ça suffit maintenant. Ton inscription est déjà faite et ta rentrée est la semaine prochaine. Tu ferais mieux de te taire, tu sais ce qui se passera sinon.

Malgré les menaces de son père, Noa continua de se plaindre. Elle ne voulait définitivement pas aller à Beauxbâtons. Elle attendait sa rentrée à Poudlard avec impatience depuis deux ans. Elle retrouverait enfin son grand frère, ainsi que Draco et Théo, qu'elle n'avait pas revu depuis deux ans. La jeune fille qui avait maintenant onze ans, ne cessa de geindre et de supplier son paternel de la laisser aller à Poudlard. Mais dans les familles comme celle des Berkshire, des Malfoy ou encore des Nott, les filles allaient à Beauxbâtons pour devenir de vraies femmes distinguées et gracieuses. La même scène avait eu lieu quelques années plus tôt. Lucius Malfoy voulait absolument que son fils aille à Durmstrang pour devenir un homme, un vrai. Mais Draco a eu plus de chance, sa mère Narcissa refusant de l'envoyer aussi loin, a réussi à faire céder son époux et Draco a pu faire sa scolarité à Poudlard. Lorenzo assistait à la scène, impuissant. Il ne pouvait pas tenir tête à son père, il savait que c'était vain.

— Papa, s'il te plait ! Je te promets que...

Mais la jeune fille ne put pas finir sa phrase. L'épaisse main de son père venait de claquer sa joue. Noa se tut et fixa son paternel avec de grands yeux larmoyants. Elle tenait sa joue qui était devenue rouge et n'osa pas dire un mot de plus.

— Tais toi si tu n'en veux pas une deuxième. Grogna son père avec un air menaçant.

Son frère passa un bras par-dessus ses épaules et l'éloigna de leur père. Il caressa doucement son dos, ne pouvant rien faire de plus pour réconforter sa petite sœur.

— Enzo, s'il te plait, ne le laisse pas m'envoyer là bas. Supplie-t-elle dans un murmure.

— Ça va aller Noa, je te le promets. On s'écrira des lettres et on se verra toujours à Noël.

La décision était prise. Noa irait à Beauxbatons. Elle lança un regard accusateur à son frère, elle le trouvait lâche de ne rien faire pour l'aider, même si au fond Noa savait que rien ne ferait changer son père d'avis. Si Lorenzo avait dit le moindre mot, il se serait pris une gifle comme sa petite sœur.

Noa passa sa dernière semaine de vacances à pleurer. Ça lui brisait le cœur d'être aussi loin de son grand frère, elle qui attendait avec impatience de pouvoir le rejoindre, allait être envoyée dans un autre pays.