TOME 2 : Chapitre 1

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2002

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque des coups se firent entendre contre la porte de l'appartement de Noa. Elle râla en enfouissant sa tête parmi ses coussins, elle espérait que le visiteur quitte les lieux sans qu'elle n'ait besoin de se lever.

— Noa, bouge ton cul ! Ça fait une heure que je t'attends ! Brailla Théodore derrière la porte.

En entendant la voix du brun, les battements de son cœur s'accélèrent. C'est l'effet qu'il lui faisait depuis qu'ils s'étaient rencontrés il y a quelques mois dans le bar où elle travaillait. Elle se leva d'un bon et enfila l'une de ses jupes après en avoir jeté plusieurs au sol. Noa fit un arrêt rapide dans la salle de bain afin de voir si elle était présentable puis se dépêcha d'aller ouvrir la porte.

— Désolé, je n'avais pas vu l'heure, je... Commença Noa.

— Te fatigue pas, t'as encore la marque de l'oreiller. Se moqua Théo en décoiffant la brune.

Elle le poussa doucement pour qu'il ne voit pas ses joues prendre une teinte rougeâtre. Il n'avait pas besoin de le voir pour le savoir. Nott la connaissait par cœur, il connaissait ses moindres faits et gestes, ses mimiques et ses réactions tandis qu'elle apprenait encore à le connaître.

— J'ai envie d'aller à la plage. Lâcha Théo en s'écrasant sur le canapé.

— À la plage ? On est au milieu de l'Ardèche, y'a vraiment aucune plage aux alentours et t'as même pas le permis. Cassa la brune.

— T'as pas le permis non plus je te signale. Pesta Nott.

Elle s'écrasa sur le canapé aux côtés du brun et dégusta les croissants qu'il avait ramené avec son café. C'était devenu leur habitude de se poser dans l'appartement de la brune, ils ne faisaient rien de particulier, parfois ils regardaient des films, d'autre fois ils jouaient aux jeux vidéos mais le plus important était qu'ils soient tous les deux ensemble. Depuis le jour où Noa avait proposé à Théodore de sortir après son travail, ils ne s'étaient jamais quittés. Pas un jour n'était passé sans qu'ils ne se voient, au plus grand bonheur de Nott. Il devait cependant se contenir, la mémoire de Noa avait été effacé et elle ne se souvenait ni de lui, ni de sa propre vie. Comme il s'y attendait, cela affectait beaucoup la brune. Son visage s'attristait lorsqu'elle entendait des gens parler de leur souvenir d'enfance ou d'adolescence. Sa vie avait commencé il y a trois ans, et elle avait beau avoir fouillé au plus profond d'elle, elle ne se souvenait de rien. Pour autant, elle ne s'en plaignait jamais, mais Théo la connaissait par cœur et il détestait le fait d'être au courant de tout mais de ne pouvoir rien dire. Il savait que Lorenzo avait eu raison d'effacer la mémoire de sa sœur, qui sait ce qu'elle serait devenue si elle avait dû vivre avec la mort de son frère, son meilleur ami ainsi que toutes les horreurs qu'elle avait dû vivre et faire vivre contre son gré. 

Cependant, Théodore supportait difficilement de vivre sans ses deux meilleurs amis qu'il considérait comme ses frères et bien que passer ses journées avec Noa le réconfortait, son cœur se serrait dès qu'il se souvenait qu'elle avait tout oublié de leur histoire, de lui. Elle était tout pour lui, mais pour elle, il n'était qu'un ami rencontré dans un bar.

— Je ne suis jamais allée à la plage, enfin je crois. T'imagine si on pouvait se téléporter ? Ça serait quand même super pratique. Déclara-t-elle.

Nott l'admira un moment, avant de fixer tristement le sol. Il se souvenait parfaitement de la journée qu'ils avaient passé ensemble à la plage, cela faisait partie des moments qu'il n'oublierait jamais. Noa, assise à son opposé, tendit son pied afin de le pousser doucement.

— Qu'est ce que j'ai dit encore ? Pourquoi tu fais cette tête ? Culpabilisa-t-elle.

— Tu me croirais si je te disais qu'on peut se téléporter ? Lâcha-t-il comme une bombe.

La brune le dévisagea, tentant de savoir s'il était sérieux ou non. Elle éclata de rire tout en secouant la tête.

— Bien sûr que non. C'est impossible, ça se saurait sinon. Ria-t-elle.

Théodore sourit sans quitter le sol des yeux. Il avait hésité de nombreuses fois à tout lui révéler, il s'était imaginé tous les scénarios possibles et imaginables. Dans la plupart des cas, cela se finissait mal. Mais il se sentait capable de la protéger comme Lorenzo et Draco le faisaient. Il pouvait veiller sur elle, prendre soin d'elle, il s'en sentait capable. Nott ne réalisait pas qu'il agissait par pur égoïsme. Sa Noa lui manquait atrocement, elle était là sans être là. Lui aussi avait beaucoup perdu et personne ne lui avait effacé le moindre souvenir. Il avait vu Draco brûler vif et Lorenzo se vider de son sang pendant que Noa tentait vainement de le sauver. Il avait vu nombre de ses camarades périr dans la guerre qui avait ravagé Poudlard il y a trois ans. Et il avait perdu l'amour de sa vie.

— Ça l'est. Tu me fais confiance ? Fit le brun en tendant sa main.

Noa prit la main de Théo en riant, elle ne le prit pas du tout au sérieux. Comment pouvait–elle croire que c'était possible ? Elle ignorait tout du monde magique alors qu'elle en faisait elle-même partie. Et pourtant, en une fraction de seconde, Théodore et Noa se retrouvèrent sur une plage d'eau translucide. Lorsqu'elle réalisa ce qui venait d'arriver, elle s'éloigna rapidement de Théo.

— Comment t'as fait ça ? Comment c'est possible ? Paniqua-t-elle.

Le cœur du Serpentard battait à toute vitesse, il n'arrivait plus à savoir s'il venait de faire le pire ou bien le meilleur choix de sa vie. Noa était partagée entre la peur et l'excitation. Elle avait tout oublié de la magie, des sorciers, de Poudlard. C'était invraisemblable pour elle.

— C'est de la magie, je suis un sorcier. Avoua-t-il doucement.

— Ça n'existe pas la magie, les sorciers, c'est n'importe quoi. Je dois être en train de rêver. Ça n'existe pas. Répéta-t-elle.

La vraie nature de Noa ne pouvait être enfoui durant tant d'années. Elle avait beau avoir tout oublié, sa magie faisait toujours partie d'elle et ne pas l'avoir utilisé pendant trois ans lui causait une surcharge de pouvoirs qui risquait à tout moment d'imploser. Des tas de choses inexplicables étaient arrivés ces dernières années, des objets qui disparaissaient et réapparaissaient, des chemins qui s'ouvraient à elle lorsqu'elle avait le dos tourné, parfois même, elle avait l'impression de voir des choses qui n'existaient pas. 

La brune avait l'air en pleine crise de panique mais Nott garda son sang froid, il sortit sa baguette sans même qu'elle ne s'en rende compte et fit apparaître son patronus. Au cours des années, l'albatros de Théo avait pris la forme d'un renard, le patronus de Noa. L'animal courut un instant sur le sable chaud avant d'aller se frotter aux jambes de la brune. Les tremblements de la jeune femme se calmèrent, elle dévisagea l'animal avant de le regarder avec émerveillement. Théodore la fixait avec un sourire attendri sur le visage, il avait un faible espoir de retrouver celle qu'il aimait.

— Dis moi la vérité, Théo.

Three FallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant