- Comment ont-ils su où nous étions ? quelqu’un a dû cafter !
Soz resta silencieux à l’interrogation de son « fils ». Lui aussi se posait la question, mais il ne servait à rien de s’emporter. Depuis l’échec de leur dernière opération, il avait délibérement évité d’en parler, laissant les jours passer, le temps que la tension retombe, et que les esprits se calment. Mais visiblement, cela n’avait pas sonner de la même façon aux oreilles de certains membres de sa garde.
Au final cela n’avait pas d’importance qu’ils aient perdu un repère. En réalité c’était à prévoir. Il savait que « Vlad et Emry » n’avait jamais cessé de le pourchasser. Quelque part il les y avait d’ailleurs lui-même incité. Il aimait cette chasse à l’homme, et c’était surtout pour lui un moyen de les garder, Vlad et Emry dans son étau. Ils avaient beau avoir changé de noms, ils ne changeraient pas qui ils étaient.
-Calme toi fils ! dit-il à Yuri, le seul de la fratrie qui soit resté avec lui.
-Que je me calme ? je te rappelle qu’ils ont récupéré la marchandise que nous avions prévu pour la cage. A cause de cela nous allons devoir annuler la livraison. La voix de Yuri était montée d’un cran. Tu sais bien que la Bratva ne tolère aucun retard.
Vif comme l'éclair, Soz frappa son point gauche sur le mur et y fit un trou par la force de son coup, tandis que de la main droite, il attrapait brusquement Yuri par la peau du coup, lui broyant la nuque :
-Ne t’avise plus de me parler sur ce ton ni de désobéir quand ton « créateur » te donne un ordre. Tu es peut-être un monstre sans égal, le plus dangereux de ma garde, mais prend moi à rebrousse-poil et je te saigne comme un mouton.
Soz se mettait rarement en colère, mais ceux contre qui il s’emportait n’avaient que très rarement l’opportunité de s’en repentir.
Yuri jouissait d’une position unique au sein de la Garde, l’organisation criminel de Soz, il était celui qui lui succèderait. Il devait rester en vie.
Il se crispa devant la colère de celui qu’il considérait comme son père.-Cela me met juste hors de moi que les choses aient si lamentablement échouées. C’est la deuxième fois en un an. Et le plus grave, on pert un point vraiment stratégique pour nos échanges.
-La vie est ainsi faite fils, parfois on gagne, parfois on prend du retard, repliqua Soz d’une voix calme au fort accent russe. Ce n’est que partie remise. Mais ne t’inquiète pas…ils ne s’en tireront pas à si bon compte.
Personne n’aurait pu penser qu’un instant plus tôt il avait failli rompre le coup de ce gaillard bâtit comme une muraille.
-C’était eux n’est-ce pas ? Vlad et Emry ! ou devrais–je plutôt dire Aurelio et Luigi cracha Yuri sur un ton où perçait la haine qu’il vouait désormais à ceux qu’il avait considéré jadis comme des frères d’armes.
-En effet ! répondit Soz. Il n’y a qu’eux pour être capable de nous suivre à la trace et agir avec une telle précision, sans aucune bavure. N’eut été les enfants, je suis persuadé qu’ils auraient pris le Fort sans aucune difficulté. De l’époque où ils évoluaient dans la garde, ces deux là n’auraient pas été perturbés par des sentiments aussi puériles que la pitié pour des enfants sur le point de s'entre-tuer.
A ces mots, Yuri senti la morsure familière de la jalousie lui lacérer les entrailles, comme à chaque fois que Soz parlait de ces deux renégats qu’il affectionnait malgré leur désertion.
On pouvait noter de la fierté dans les propos de Soz, ainsi qu’une pointe de déception. Jamais il n’avait accepté de les avoir perdu. Ils étaient ses deux meilleurs éléments. Ses créations. Encore à leur adolescence, ils étaient à eux deux capables de réussir une mission de rang S, et de s’en sortir avec à peine quelques égratignures.
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Grand Coeur Malade
RomanceA la suite d'une adolescence marquée par la mort de sa mère et de nombreuses difficultés, Kaélé a quitté l'Italie, ce pays qui a été témoin de tant de malheurs dans sa vie, et qui abrite son pire ennemi. Elle s'est réfugiée dans le pays d'origine de...