Chapitre sans titre 9

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Aurelio se tenait debout et immobile devant la bais vitrée. Il contemplait la vue qu'il avait sur le fleuve Wouri et les quartiers alentour d'Akwa en cette fin d'après-midi, lorsqu'il entendit des coups frappés à la porte. Il devait être un peu plus de 16h et les bureaux commençaient à se vider en même temps que les rues grouillaient de véhicules et de piétons.

-Entrez ! dit-il simplement.

La porte s'ouvrit et Kaélé entra dans le bureau. Elle le trouva dos à elle, une main dans la poche de son pantalon et l'autre le long de son corps, en une posture droite et nonchalante. La tête droite, il resta ainsi, un instant perdu dans ses réflexions ne sachant pas qu'elle était là, juste derrière lui. Ou alors il l'ignorait délibérément. Ou encore il voulait juste la faire attendre. Elle n'aurait vraiment su le dire. Peut-être était-ce sa façon de se venger de son audace du matin. Si c'était le cas, c'était parfaitement puéril, se dit Kaélé que l'attitude d'Aurelio commençait à agacer.

Juste quand elle allait ouvrir la bouche pour lui dire sa façon de penser, il se détourna lentement de son poste d'observation et posa sur elle un regard énigmatique.

A vrai dire Aurelio ne savait pas vraiment pourquoi il lui avait demandé de venir dans son bureau. Tout ce qu'elle avait dit durant son exposé avait été clair, et ne demandait pas d'explications supplémentaires. Et si c'était le cas, ce n'était certes pas à elle de les lui fournir mais bien à BOULANGER. Cela lui était venu comme ça et il avait parlé. Et maintenant qu'elle était là, il ne savait trop quoi lui dire.

Il voyait bien que la jeune femme commençait elle aussi à se demander pourquoi elle était là, vu qu'il gardait le silence se contentant de la regarder. Puis il s'avança de quelques pas et se tint prêt de la table de bureau toujours dans cette même posture nonchalante.

A le voir ainsi Kaélé se dit qu'il était parfaitement à l'aise tandis qu'elle-même n'avait qu'une envie, celle de sortir de cette pièce aussi vite qu'elle y était entrée.

Quelque chose la gênait dans son attitude, il attendait d'elle un geste qu'elle ne comprenait pas. Ses yeux allaient tour à tour d'elle à un point du bureau et revenaient se poser sur elle, comme s'il voulait lui passer un message. Elle se tenait droite, un peu perdu ne sachant pas vraiment quoi faire de son corps. Lorsqu'elle releva les yeux vers les siens, elle vit qu'il y'avait une moquerie tacite dans le bleue de ses yeux. Il regarda encore une fois sur le côté. Il y'avait un siège en face d'elle et elle compris. Mais il la devança juste à ce moment et lui demanda ironiquement:

-Vous avez besoin d'une permission pour vous asseoir Kaélé ? S'enquit-il en arquant un sourcil espiègle. Vous attendez peut-être que je vous tienne la chaise ?

- Cela n'écorcherait pas votre ego que vous fassiez preuve d'un peu de galanterie non, même si franchement... cela m'étonnerait de votre part, répondît Kaélé avec dédain, en levant le menton.

- Mais ce serait sans doute trop vous demander, conclut-elle moqueuse. Et pour vous c'est Mademoiselle Manguissa !

A cette précision Aurelio se contenta d'hausser les sourcils avant de dire un peu sèchement :

-Je vous trouve bien impertinente pour une femme qui s'adresse sur ce ton à son employeur surtout dans le contexte actuel des choses.

-Je vous trouve bien familier pour un homme qui s'adresse à son employée sachant que vous ne me connaissez que depuis moins de 24h !

-Si par familiarité vous faites référence au fait que je vous appelle par votre prénom, je vous rappelle qu'il en est ainsi dans toutes les entreprises du groupe. Si ? Ça fait partie de la culture d'entreprise.

Grand Coeur MaladeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant