chapitre 1

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Aurelio venait de passer les impressionnantes grilles de la demeure victorienne que ses parents avaient restaurés quelques années plutôt afin de s'y installer.

Il s'apprêtait à pénétrer dans le vaste salon style 18ème siècle lorsqu'il se prit à espérer être suffisamment en avance pour repartir avant que tout le monde n'arrive. Ses parents donnaient un dîner de famille et tout le monde devrait être présent.

Seulement lui avait une urgence et il ne pourrait se joindre à eux.

Il entendait déjà la voix de sa mère se plaignant parce qu'il travaillait trop. Il devrait user de son charme pour qu'elle le laisse partir. Ne dit-on pas que la meilleure défense c'est l'attaque ?

C'est donc avec un sourire charmeur aux lèvres qu'il se dirigea vers l'objet de ses pensées qui déjà lui tendait les bras grand ouvert pour l'embrasser.

- Buonjorno i mio bambino, comment vas-tu ? lui dit sa mère en venant joyeusement à sa rencontre.

En voyant son fils arrivé, Thalia avait tout de suite deviné à son sourire charmeur que son fils cherchait à l'amadouer pour obtenir d'elle quelque chose. C'était le sourire qu'il lui réservait chaque fois qu'il n'avait pas d'autre choix que de s'échapper pour son travail.

Elle ne l'avait peut-être pas mis au monde mais le connaissait comme si elle l'avait fait, et elle n'avait jamais su résister à ce sourire ni à celui de Luigi d'ailleurs... Ils étaient redoutables.

- Bonjour mamà je vais bien, lui répondit-il en la serrant dans ses bras, comment vas-tu toi ?

Cela faisait un certain temps qu'il ne l'avait pas vu et il devait bien reconnaitre qu'elle lui avait manqué.

- Tu es rayonnante, lui dit-il en la tenant à bout de bras avant de lui faire faire un tour sur elle-même. Que fait papa pour que tu sois si belle hein dis-moi, la taquina-t-il un sourire en coin aux lèvres.

Elle sut au fond d'elle-même en entendant sa voix qu'il ne faudrait pas compter sur lui pour le dîner de ce soir. Mais elle jouerait le jeu et essaierait quand même de le retenir.

Thalia roula des yeux avant de lui répondre. Une vraie adolescente se dit Aurelio.

- Un petit peu de ci un petit peu de ça... Disons que c'est un vrai gentleman et qu'il sait prendre soin de sa femme lui répondit-elle à son tour coquine. Après 30 ans de mariage il parvient encore à me faire tomber amoureuse de lui, finit-elle en secouant ses élégantes boucles blond vénitien.

Aurelio enviait quelque part le bonheur de ses parents. Non pas qu'il en était jaloux, mais après tout ce temps de vie commune ils s'aimaient et se respectaient comme au premier jour. Très peu de personnes avaient cette chance de connaitre un tel sentiment il en était conscient.

En ce qui le concernait...

Puis sur le ton de la confidence sa mère ajouta :

- J'espère que tu en fais de même avec ta fiancée hein, après tout, tu as de qui tenir !

Il avait beau l'aimer beaucoup, Aurelio connaissait toutes les petites manigances de sa mère pour lui tirer les vers du nez.

Elle espérait qu'il lui amènerait bientôt une femme et la leur présenterait comme sa future épouse.

Il la soupçonnait même d'espérer qu'il se marie en secret et lui présente sa femme une fois le fait accompli. A 50 ans, Thalia était une incorrigible romantique.

- Lorsque j'aurai une fiancée màma, elle n'aura pas à se plaindre, lui dit-il en portant ses doigts à ses lèvres pour y déposer un baiser. De toutes les manières le monde entier en serait au courant avant même que je ne lui fasse ma demande.

Grand Coeur MaladeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant