Chapitre sans titre 7

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Aurélio écoutait d'une oreille distraite Gérard Boulanger lui parler de la compagnie, et des résultats globaux des deux dernières années. Lorsqu'ils étaient entrés dans le bureau, celui-ci avait d'abord tenté de plaider la cause de sa collaboratrice mais Aurelio lu avait lancé un regard significatif qui l'avait stoppé net. Le message était clair : il devait passer l'affaire s'il ne voulait pas que cela lui retombe dessus.

Pour une raison qu'il ignorait, il était tout d'un coup de mauvaise humeur, exactement comme lors de leur première rencontre, comme si en tançant ainsi la jeune femme, il en avait fait pareil à lui-même et cela l'énervait.

D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, il se dit qu'il avait peut-être été un peu dur et injuste avec elle. Remettre en cause ses compétences alors qu'il ne la connaissait pas n'était pas très louable. C'était bien compréhensible qu'elle ait réagit ainsi, comme l'avait souligné Boulanger - certes pas pour les mêmes raisons - mais il avait voulu lui donner une bonne leçon.

Peu importe la situation dans laquelle ils c'étaient rencontrés, une personne normalement constituée aurait eu le bon sens de l'écouter plutôt que de s'emporter comme elle l'avait fait.

Agacé qu'elle ait ainsi agit, il ne regrettait pas de lui avoir dit qu'elle devrait à l'avenir écouter les gens avant de tirer des conclusions sur leurs intentions. Cela-dit, c'était de sa faute si elle c'était méprise. Il c'était mal comporté et même si la réaction de la jeune femme avait été excessive, il ne pouvait lui en vouloir de s'être méfié de lui.

Déjà qu'ils avaient eu un mauvais départ, à présent elle ne devait vraiment pas l'apprécier. Qu'est-ce que cela pouvait bien faire de toute façon ? Songea-t-il soudain de plus en plus agacé, il n'allait quand même pas s'en vouloir de lui avoir évité un mauvais moment! Et de toute façon, il n'était pas là pour s'amuser mais bien pour résoudre une situation délicate.

Reportant son attention sur M. Boulanger, il attendait que ce dernier en ait terminé avec ses explications, lorsqu'on toqua à la porte.

-Entrez ! Ordonna son employé avant qu'une jeune femme, probablement sa secrétaire, ne fasse son entrée d'une démarche chaloupée et ne s'arrête après quelques pas, avec une surprise feinte, de voir quelqu'un d'autre que son patron assis sur la chaise du maitre.

-Ah ! Ainsi c'est bien vrai, vous êtes déjà là ! se dit-elle à elle-même. Puis se rendant compte qu'ils observaient, et qu'elle avait pensé à voix haute, elle reprit avec un sourire contrit en dévisageant l'homme assit à la chaise principale :

-Oh ! Pardonnez mon indiscrétion et ma maladresse messieurs, bonjour à vous !

-Bonjour Christine, comment allez-vous ? Avez-vous passez un bon week-end ?

-Oui Gérard, j'espère que vous aussi, rétorqua celle-ci en détournant à grand peine les yeux d'Aurelio pour les reporter sur son supérieur direct, comme si elle se rendait seulement compte à ce moment précis qu'il était présent.

-Approchez, lui dit-il avant de poursuivre, je vous présente M Aurelio Santino Rola, notre PDG et propriétaire de cette entreprise.

La jeune Christine darda sur lui un regard qui témoignait de ce qu'il avait tendance à provoquer comme réaction chez les femmes.

-Oui je le sais, du moins j'avais compris, dit-elle d'une ton quelque peu différent de celui qu'elle avait employé pour répondre à son supérieur. C'est un plaisir de vous rencontrer enfin et d'avoir la chance de travailler, même si ce n'est que pour quelques jours avec un homme tel que vous. Nous vous attendions impatiemment.

-Vraiment ? Pourtant cela fait à peine trois jours que j'ai annoncé ma venue, répondît Aurélio en la dévisageant.

-Oui mais bon, dit la jeune femme, ce n'est pas tous les jours que le grand patron se déplace pour venir jusqu'à nous, et même si cela ne fait que trois jours que nous sommes au courant de votre arrivée, c'est avec une certaine agitation que nous l'avons préparé. Après tout, vous êtes un entrepreneur important dont le professionnalisme n'a plus rien à prouver, et pour ma part je suis toute excitée d'apprendre de vous, souligna-t-elle en insistant sur le mot excitée avant de s'humecter imperceptiblement les lèvres, emportant avec ce geste une bonne partie du rouge à lèvre marine dont elle les avait peint.

Grand Coeur MaladeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant