Chapitre quarante-deux

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Musique recommandée : Terrence Loves You - Lana Del Rey

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"Pardonne-moi"



Point de vue d'Espeliana

Après l'euphorie que je viens de ressentir en voyant Anne si radieuse, mon visage se décompose au moment où Sebastian court pour la prendre dans ses bras et échanger rapidement leurs places pendant qu'il l'étreint.

Je tourne la tête, l'oncle de Sebastian arrive, essoufflé, à l'entrée de ce maudit endroit pendant que l'homme de main de Rookwood, qui a dû se cacher durant la bataille, se tient debout. S'apparentant à une mauvaise blague, il crie : « Avada kedavra ! » à la suite de son lancer de couteau.

Sa main reste dirigée vers les deux frère et sœur. Salomon attrape le sorcier, mes yeux se reportent sur le couteau ensorcelé touchant le dos de l'homme qui vient de me sauver.

J'ai la désagréable impression que tout se produit au ralenti. Mes yeux s'humidifient, Sebastian dépose un baiser sur le front d'Anne et je cours pour le rattraper avant que sa tête ne touche le sol.

Je m'agenouille à terre et l'entoure de mes bras. Les larmes roulent seules sur mes joues et je n'ai pas envie de les retenir. Son regard est plongé dans le mien pour la dernière fois, et à ce moment précis, j'aimerais revenir au début de l'année quand ce regard malicieux m'était accordé chaque jour.

Mes lèvres tremblent inlassablement et aucun mot ne sort de ma bouche. Je cherche désespérément quelque chose à dire, c'est ma dernière chance de pouvoir lui adresser la parole et je ne fais rien, ne dis rien.

Il étire difficilement ses lèvres et halète : « C'est normal- de pas savoir- quoi dire. » il accompagne sa phrase d'un petit rire qui le fait toussoter.

Mes sanglots accentuent leur intensité et son sourire s'efface lentement. Ma main vient trouver la sienne et il la serre avant de chuchoter dans son dernier souffle : « Pardonne-moi, mon ange. »

Ses yeux deviennent vitreux et la pression qu'il exerçait contre ma main se relâche. Mes larmes tombent sur son corps inerte. Je réussis à répondre d'une voix basse et entre-coupée : « Je- je te- pardonne. »

Je le serre encore plus fort dans mes bras et niche mon visage dans son cou, ma poitrine est appuyée contre son torse. J'essaye du plus fort que je peux d'utiliser mon pouvoir pour le guérir mais aucun miracle ne se produit. Je ne retiens plus les cris de douleur que je contenais depuis longtemps et mon cœur se déchire de savoir que ma volonté ne suffit pas pour le ramener à la vie.

Je finis par me redresser et dépose mes lèvres contre son front encore chaud de sa récente bagarre.

Je referme ses paupières et essuie délicatement le sang à côté de sa bouche avant d'entendre un craquement de branche retentir.

Je relève automatiquement mon visage et voit l'assistant de Rookwood tenter de prendre la fuite, l'oncle de Sebastian le regarde mais le laisse partir. Anne s'approche de moi, pose sa main sur mon épaule et me fait un signe de tête. Je me relève et pars à la poursuite de cet assassin.

Les hululements joyeux des hiboux entrent en contraste avec la triste atmosphère présente autour de nous. Je suis envahie par une colère noire, jamais je n'avais ressenti ce sentiment aussi puissamment. La rage a certainement dû éveiller le peu de ressource magique restant en moi et je sens à nouveau ces fourmillements que je ne connais que trop bien, à présent.

Mon besoin de vengeance prend possession de moi :« Je ne te laisserai pas t'en tirer comme ça. »

À la suite de mes mots, mon ennemi est projeté en l'air par une force invisible, avant d'être écrasé violemment au sol. Il cherche sa baguette mais je ne lui laisse pas le temps de la trouver. Mon regard est rivé sur lui, j'ai l'impression d'avoir perdu tout sentiment. De nombreux nuages noirs apparaissent dans le ciel, un coup de tonnerre s'ensuit et la foudre s'abat sur l'homme en face de moi. Il ne reste plus rien de lui, excepté sa baguette, donnant l'impression qu'il n'a jamais existé.

Je reprends possession de moi et réalise ce que je viens de faire. Je recule, effrayée de moi-même mais, à bout de force, je trébuche et tombe au sol. Je reste quelques secondes les yeux dans le vide avant qu'une désagréable sensation de nausée me prenne le ventre et qu'un haut le cœur me fasse vomir toutes les émotions que je viens d'encaisser. Je tremble et déglutis difficilement ma salive.

De longues minutes sujettes à mes pensées s'écoulent, puis ma meilleure amie arrive derrière moi. Je dis d'une voix frêle : « J-j'ai tué un homme. Je suis un monstre. » avant qu'elle n'entoure mes épaules de son enveloppe réconfortante.

Elle me chuchote à l'oreille : « Tu as fait ce qu'il fallait Li, il serait revenu s'en prendre à toi sinon.
Viens, ils vont emmener le corps de Sebastian. »

Elle dépose son menton contre mon épaule et je serre sa main dans la mienne avant de me lever et de retourner dans cette pièce cauchemardesque. Anne tient à son tour le cadavre de son frère dans ses bras et pleure à chaudes larmes. Salomon est accroupi auprès d'elle. Anne sanglote : « Il- il m'a sauvé la vie, c'est à cause de moi s'il est mort ! Tout est ma faute. »

Mes yeux s'emplissent à nouveau de larmes et Poppy me montre son soutien en appuyant contre ma main. L'oncle de Sebastian prend sa nièce sous son étreinte et regarde Sebastian d'un air plein de regrets avant de saisir sa dépouille et de se relever en compagnie d'Anne.

« Je le ramène à Feldcroft en attendant les funérailles, dit-il avant de nous tourner le dos. »

Poppy me prend une nouvelle fois dans ses bras en me disant des choses réconfortantes, puis m'invite à rentrer à Poudlard. En arrivant, Ominis nous attend sur le pas de la porte d'entrée de la salle commune de Poufsouffle. Il s'exclame : « Je m'inquiétais, je n'avais ni nouvelle de Sebastian, ni de vous deux ! »

Il s'arrête sentant que quelque chose ne va pas. Poppy prononce d'une voix timide : « Ominis, je- Sebastian n'est plus là, et il ne reviendra pas...

- C-comment ça ? son visage paraît incrédule, il doit croire qu'on lui fait une mauvaise blague.

Mon amie reprend.

- Sebastian est mort... »

Ominis se liquéfie, il reste immobile pendant quelques secondes et s'approche de moi pour me faire une accolade.

« Je suis désolé, Liana... »

Ma tête se met à tourner sous son étreinte, tout devient noir autour de moi. Le néant s'empare de mon esprit.

À la fin, nous deviendrons tous des histoires - Sebastian SallowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant