Chapitre trente-neuf

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"Chantage"


Dos contre le mur, je suis assise depuis un long moment, les yeux rivés sur le corps immobile et ensanglanté du serviteur de Rookwood. Les pensées fusent en mon esprit et pourtant, j'ai l'impression d'être hors de mon corps.

J'entends des pas lointains se rapprocher. Mes yeux se déposent lentement sur le couloir, attendant de voir qui cela va être. Rookwood tourne d'abord sa tête vers son disciple au sol, puis vers moi. Au premier abord, il a l'air surpris, ensuite il se munit d'un sourire.

« Je commençais à me demander ce qui lui prenait autant de temps. Ne t'en fais pas, ce n'est pas une grande perte. »

Il donne un coup de pied dans les jambes de l'homme pour libérer le passage et vient insérer la clé pour ouvrir la grille. Il s'approche et me tend sa main.

« Je n'ai pas envie de devoir te blesser mais je ne te demanderai qu'une seule fois, cordialement, de te lever et de me suivre. »

Il se baisse, saisit mon bras de sa main et m'incite à me lever.

« Tu vas voir, j'ai une surprise pour toi. »

Je parcours une nouvelle fois le couloir sombre pour retourner dans la pièce principale. Il fait à présent nuit, l'atmosphère est encore plus pesante ainsi. Je vois une personne assise par terre et un sorcier pointant sa baguette sur elle. J'interroge Rookwood du regard.

« Eh bien Espeliana, tu ne la reconnais pas ? »

La jeune fille lève sa tête vers moi et fait les yeux ronds. Je me sens me décomposer, Anne se trouve juste devant moi. Elle tremble de tout son être, son visage semble encore plus amaigri que la fois où je suis allée la voir avec Sebastian. Ses yeux traduisent sa terreur. Rookwood prend place derrière moi et dépose ses deux mains sur mes épaules. Il dit tout bas : « Tout ce que tu as à faire, c'est utiliser ton pouvoir pour la guérir.

- J-je ne sais pas comment faire. »

Il me lâche et se replace devant moi avant de crier avec un grand sourire : « Mauvaise réponse ! »

Il sort rapidement un couteau de sa poche et entaille ma joue avec. J'apporte automatiquement mes mains à celle-ci. Je passe mes doigts dessus puis observe, tremblante, mon sang étalé sur ces derniers. Mes yeux se reportent sur mon agresseur qui lance à présent l'arme à son acolyte, qui l'attrape habilement. Ce dernier saisit Anne par sa queue de cheval, la force à se lever et place le couteau sur sa gorge. J'observe Rookwood d'une expression abattue.

Il avance à nouveau vers moi et approche sa bouche de mon oreille : « La décision te revient, poupée. »

Il commence à marcher autour de moi. Il fait plusieurs fois le tour tout en prenant la parole de temps en temps : « Tu ne voudrais tout de même pas être responsable de la mort de la sœur de ton petit ami, n'est ce pas ? »

À la suite de ces mots, le bourreau d'Anne commence, très lentement, à ouvrir sa peau.

« Je sais que tu en es capable. »

Elle se met à crier de douleur.

« Imagine comme il serait fier que tu guérisses sa sœur »

Je ferme les yeux le plus fort possible en enfonçant mes ongles dans mes paumes de mains.

« Tu penses qu'il te pardonnerait qu'elle soit morte sous tes yeux et que tu n'aies rien fait pour l'en empêcher ? »

Malheureusement, je ne me réveille pas. Chaque mot qu'il prononce fait écho dans ma tête. Mon cœur accélère sa course sans fin.

Concentre toi, Li.
Pense à Anne, elle ne mérite pas de souffrir comme ça.

Rookwood parle de plus en plus bas : « Prête attention à ce que tu ressens au fond de toi. »

Anne me fixe de ses yeux implorants, l'assistant de Rookwood la laisse tomber au sol et pointe à nouveau sa baguette vers elle. Je prends une profonde inspiration pour me donner le courage d'offrir à Rookwood ce qu'il veut depuis le début : ma magie.

À la fin, nous deviendrons tous des histoires - Sebastian SallowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant