LIÉS PAR LE FUTUR {Liés : t1}

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LUCA

    Vide. Cette sensation insupportable qui me bouffe de l'intérieur apparaît comme un mal incurable. Ces images qui hantent mon esprit m'insufflent des idées meurtrières. J'ai beau fermé les paupières pendant une poignée de secondes et tout revient comme si le but est de me torturer.

    Ses putains de lèvres contre ses innocentes lèvres...

    Cette vision m'est d'une douleur poignante. Mes mains s'agrippent au volant, mes jointures virant à la couleur blanche tellement que le sang quitte mes membres pour s'imaginer teinter le corps de ce connard de Vaughn Butler.

    Pour éviter de la prendre sur mon épaule comme un homme des cavernes, j'ai pris la fuite au volant de ma voiture. Maintenant, je me retrouve comme un con à tenter de calmer mes pulsions en faisant un tour du quartier.

    Charmant quartier d'ailleurs...

    Mon téléphone, accroché au support de téléphone que j'ai dans la voiture, s'allume pour m'afficher un message d'Alex. Il me demande si j'ai trouvé mon costume pour le bal d'hiver du lycée. Ce n'est pas vraiment une fête de l'hiver puisqu'on se rapproche clairement de la fin de l'hiver que du début, mais soit.

    Toutefois, je n'ai reçu aucun message d'elle. Après tout, elle est peut-être occupée avec Vaughn. Même si le dégoût sur son visage m'a marqué, je ne peux m'empêcher d'imaginer qu'il se passe un truc entre eux et cela me rend dingue.

    Je m'arrête sur un parking, près d'un parc désert. Un lourd soupir m'échappe alors que je cherche mon paquet de clopes dans la boîte de rangement côté passager. Ma vitre ouverte, j'inhale plusieurs lattes. La nicotine commence peu à peu à monter à la tête.

    Puis je sors de la voiture pour aller ouvrir le coffre, là où avec Alex, on cache des bouteilles d'alcool quand on part en boîte de nuit ou en soirées ou encore trip sur la route pour s'arrêter et discuter sous les étoiles. Sous une couette, je découvre des bouteilles qu'on n'a jamais terminées. Je les saisis et m'assieds dans le coffre en débouchant la bouteille de rhum.

    Plus ces images traversent mon esprit, plus mes gorgées au goulot sont longues. Je tente de me calmer, de me distraire en pensant au bal de ce week-end mais là, me vient l'image d'une Ava au bras de Vaughn et je perds complètement pieds.

    Deux bouteilles vides plus tard, je reprends place derrière le volant. Bien qu'un peu fébrile, je déambule dans la rue dans laquelle vit la famille Peters. Cependant, je ne m'attends pas à ce que Colton Peters descende son allée jusqu'à sa boîte aux lettres au même moment que je passe dans sa rue.

    Malheureusement, Colton me connaît très bien et je ne suis pas dans mon prime concernant ma conduite sous l'effet de l'alcool. Et il le remarque immédiatement. Ses sourcils se froncent et d'un geste de la main sévère, il m'intime de me garer. Ce que je fais.

    Je vais me prendre une soufflante, je la sens...

– Luca Russo, m'appelle le père de mon meilleur ami. Regarde-moi.

    Son intonation n'est rien d'autre qu'un ordre, pur et simple. Je n'ai pas intérêt à jouer au con, mais bon au vu de l'état dans lequel je suis, je ne peux rien assurer. Avec un sourire forcé sur les lèvres, je baisse ma vitre côté passager.

– Bonsoir monsieur Peters, comment allez-vous ? lancé-je.

    Étrangement, je sens mon contrôle sur mes paroles s'évaporer complètement, j'ai l'impression de commencer à planer, d'être plus léger et dans un monde sans dangers, loin des problèmes et de la mort.