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AVA

    Cette fois-ci, mes mains tremblent bel et bien. Rien qu'en apercevant Luca, mon cœur fait une embardée et toutes mes émotions passent du plus haut point au plus bas. Un vrai grand huit en fin de compte. Je suis trop hébétée pour réagir plus que je ne l'aurais voulu.

    Tout ce que je crois être réel est en réalité une simple illusion, une simple et infime partie de la vie de Luca Russo. La douleur est intense, poignante. J'ai l'impression de m'être prise un coup de poignard dans le dos sans en connaître la sensation. Et c'est encore pire.

    Pendant quelques instants, je regarde partout sauf les deux hommes Russo. Je n'arrive plus à les affronter, cela semble être au-dessus de mes forces. Et puis, quand je relève le regard vers eux, plus particulièrement vers Luca, je me sens encore plus stupide.

    Maintenant que je le sais, c'est encore plus visible que le nez au milieu de la figure. Son aura mystérieuse, le palace dans lequel il vit, ses absences répétitives en cours, le fait qu'il ne parle jamais de sa famille ni de son avenir, mais encore sa réaction par rapport à mon agresseur. Immédiatement, j'écarquille les yeux en me rappelant de ce moment. L'a t-il...?

    Le pire c'est que je suis bouleversée mais qu'il ne fait rien. Il reste là, tout simplement, derrière son père, le visage livide et vide également. Tout s'effondre. Je pensais que c'était réel. Ça l'était pour moi en tout cas.

    Comme si je suis en mode automatique, je contourne le père de Luca et passe à côté de lui. Dans un geste lâche, il tend faiblement sa main vers moi mais je l'ignore lorsqu'elle retombe mollement le long de son corps. C'est encore pire. C'est atroce qu'il ne fasse rien d'autre. 

    Je trace mon chemin, les larmes libres qui s'étalent le long de mes joues. Le vent les rend encore plus fatales et intenses. Alors que je marche, une voiture ralentit à mes côtés et la vitre électrique descend, laissant apparaître Massimo Russo.

– Tu veux que je te ramène ? propose t-il d'une voix plus douce que précédemment. C'est un peu dangereux de se promener alors que des filles se sont fait kidnapper.

– Qui me dit que ce n'est pas toi qui les as kidnappées ?

– Parce que je les préfère consentante et que je ne prends pas celles qui appartiennent déjà à quelqu'un.

– Je n'appartiens à personne, répliqué-je sévèrement.

– C'est ce que tu crois, piccola lucciola.

    Je ne comprends rien à ce maudit surnom qu'il m'affuble. Et je suis beaucoup trop à cran pour essayer de comprendre ou de demander une traduction. Je veux juste rentrer chez moi, me mettre sous ma couette et pleurer comme si demain n'existe pas. Et voilà que les larmes sont de retour...

– Tu es sûre que tu ne veux pas que je te ramène ?

– Inutile, je réponds un peu rudement en balayant des larmes sur mon visage.

– Il a fait ça pour pas que tu le regardes différemment, pas que pour te protéger mais pour se protéger lui aussi.

– Au revoir, Massimo, salué-je sarcastiquement.

– À bientôt, c'est mieux, non ?

    Et sa vitre remonte aussi vite que son passage furtif. Sa voiture déambule devant moi et je me retrouve de nouveau seule avec le poids de ce que je viens d'apprendre. Je compte sur cette marche jusqu'à chez moi pour évacuer ce trop plein d'émotions.

LIÉS PAR LE FUTUR {Liés : t1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant