Cela faisait trois jours qu'ils étaient en Haïti et la situation était différente de celle que Aida s'était imaginé en venant ici. Elle avait comme l'impression que Jason la fuyait ou alors il l'évitait tout simplement. Elle avait la sensation d'être encore dans la cage dorée dans laquelle elle était chez ses parents. Elle avait l'impression d'être un meuble de plus dans cette maison. Jason se contentait de faire le repas de la journée et de disparaitre avant qu'elle ne se réveille et il rentrait tard lorsqu'elle s'endormait le soir. Cela faisait maintenant trois jours qu'il agissait ainsi et Aida en était peiné.
Jason était encore assis à la même place. Il le faisait depuis trois jours, il venait s'asseoir dans ce parc et restait là toute la journée. A vrai dire, il fuyait , oui il n'avait pas honte de se l'avouer maintenant. Jamais de sa vie Jason n'avait fuit face à l'inconnu et pourtant c'est ce qu'il faisait depuis qu'il avait connu .
- Des peines de cœur mon garçon ?
Jason se tourna vers celui qui venait de lui adresser la parole et lui fit un léger sourire . Anicet Jean était un vieil homme que Jason avait connu la première fois qu'il était venu en Haïti. Sa femme Daiana et lui étaient connus pour être l'un des plus vieux couples de Labadie. Ils comptabilisaient soixante-dix ans de mariage et malgré cela, leur amour était resté intact. Malheureusement, le cancer avait emporter sa jumelle comme il aimait l'appeler .
- Monsieur Jean, je suis heureux de vous voir ici.
Le vieil homme sourit et s'assit près de lui. Il lui toucha l'épaule.
- Tu sais, ma femme Daiana et moi étions tellement proches que ma vie est devenue insipide sans elle. Parfois je me dis que j'aurai dû profiter de chaque seconde avec elle. Si notre couple était aussi soudé c'est bien parce que nous avions compris que nous ne devions perdre aucune occasion d'être ensemble.
Jason soupira. Il n'avait jamais crû en l'amour ni même à cette histoire de coup de foudre. Pour la première fois de sa vie il se retrouvait face à de l'incertitude . D'un coté il avait son devoir, sa raison et ses principes et de l'autre, il avait ce sentiment qui était jusque là inconnu. Il se posait plusieurs questions qui jusque là demeuraient sans réponses. Il s'était toujours sortis des situations des plus improbables mais jamais il ne s'était retrouvé dans une position de faiblesse, dans une position où il cherchait à se fuir lui-même. Jason Parker était dans une impasse et le simple fait de savoir qu'il avait un choix à faire et que de ce choix dépendait la vie de quelqu'un lui était insupportable.
- Comment savoir si notre choix ne va pas mettre la vie des autres en danger ? Demanda Jason .
Le vieil homme ouvrit son sac et sortit des graines de blé qu'il jeta aux pigeons puis il se tourna vers Jason.
- Qu'as-tu observé ?
- Tous les pigeons se sont rués sur les graines de blé mais certains ont consommés plus que les autres.
Le vieil homme se leva et regarda Jason sans se départir de son éternel sourire.
- La vie est ainsi faite mon garçon , on a pas tous les mêmes privilèges mais chacun de nous doit se battre pour sa propre survie. Certains reçoivent plus que les autres mais il incombent à chacun de pouvoir prendre ce qui lui est dû. Celui qui a reçu beaucoup peut perdre ce qu'il a gagné s'il n'en prend pas soin tout comme celui qui a reçu peu fructifier le peu qu'il a. Chaque arbre produit son fruit en sa saison et selon son temps.
Jason soupira une fois de plus et ferma les yeux. Le vieil homme lui toucha l'épaule puis ajouta:
-lanmou se bagay ki pi bèl ti gason mwen an e pesonn pa ta dwe prive de li. ou sèlman rankontre l 'yon fwa epi kite l ale akonpaye pa kè kase.(l'amour est la plus belle des choses mon garçon et personne ne devrait en être privé. on ne le rencontre qu'une fois et le laisser partir s'accompagne de chagrin.)
Jason passait en boucle les paroles de l'homme et décida qu'il était temps pour lui de faire face. Il n'avait le droit de s'interdire le bonheur pour rien au monde. Il savait que ses décisions n'allaient pas contenter tout le monde mais allait tout faire pour que personne n'en ressorte blesser.
Comme elle le faisait ces derniers jours, Aida contemplait la mer à travers les fenêtres . Elle le vit venir et son cœur fit un bond en avant. Elle n'espérait plus le voir de sitôt.
- Enfin , Monsieur donne signe de vie, lança-t-elle alors qu'il venait de franchir la porte.
Il fonçait droit sur elle. Il ne dit rien , à vrai dire, il n'en avait pas envie de parler ni même d'écouter. Il voulait juste vivre l'instant et ne penser à rien du tout. Il voulait se laisser transporter par la magie de l'instant. Il fixait avidement ses lèvres et une fois près d'elle, il se jeta dessus.
Il avait tellement rêver de ce moment depuis la dernière fois que leurs lèvres s'étaient rencontrés. Il avait toujours eu envie de recommencer l'action, de pouvoir savourer encore une fois de plus ce moment et ne penser à rien.
Sa discussion avec Monsieur Jean lui avait fait prendre conscience qu'il ne devait en aucun cas s'empêcher d'être heureux. Il refusait même l'idée que cela s'arrête.
- Je ne penses plus pouvoir m'arrêter un jour , siffla-t-il entre deux baisers.
Aïda ne pouvait rien dire comme si les mots qui se bousculaient dans son esprit étaient coincés dans sa gorge. Elle se laissait guider pas lui, elle voulait juste savourer le moment et pour une fois, elle voulait se laisser transporter par cet homme qui créait en elle des sentiments les plus contradictoires.
Ils étaient encore essoufflés à cause du baiser qu'ils venaient d'échanger. Jamais Jason n'avait ressenti autant d'émotions après un baiser échangé. Il l'a pris dans ses bras et lui caressa doucement la tête.
- Je te promets juste que tout ira bien, lui souffla-t-il au creux de l'oreille.
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L'irrésistible Garde du Corps
RomanceLorsqu'il est envoyé au Sénégal pour assurer la protection de la fille unique du président, Jason Parker est loin de se douter que sa vie va prendre une autre tournure. Il devra non seulement lutter contre les personnes qui en veulent à la vie d'Aid...