Franchir la porte

4. Du sang neuf

Ses doigts allant et venant le long de son avant-bras, l'impatience la faisait sans doute un peu trop gigoter. À sa droite, son tatouage au biceps mis à nu et son masque de chat camouflant son visage, Yamato était quant à lui parfaitement immobile, attendant patiemment. À sa gauche, Shikamaru bâillait aux corneilles en étirant ses bras dans les airs.

Ne tenant pas en place, Meloshi se retourna vers les deux hommes qui se tenaient derrière elle, eux aussi vêtus de leur uniforme et de leur masque des forces spéciales. Si le premier lui était inconnu, elle reconnaissait parfaitement la signature de chakra et la chevelure qui se cachait derrière le visage de tigre en porcelaine : de longs cheveux dorés coiffés en un chignon lâche et une mèche qui lui retombait jusqu'au nez. C'était Fushin. Il cachait assez mal le mépris qu'il semblait éprouver pour elle, mais du fait de malencontreux coups du sort, il se retrouvait souvent chargé d'assurer sa sécurité lors de ses déplacements ou d'événements importants.

Sans s'attarder trop longtemps sur ses deux gardes du corps, elle balaya des yeux les alentours. Par réflexe, elle s'arrêta sur la grande horloge qui surplombait la gare, avant de se souvenir qu'elle ne fonctionnait plus et que le cadran était bloqué sur 17h46 depuis déjà plus d'une heure.

- Quelle heure il est maintenant ? questionna-t-elle alors à l'attention de son voisin qui essuyait la larme qui s'était logée au coin de son œil.

Shikamaru ne prit même pas la peine de regarder sa montre et glissa sa main dans sa poche.

- Trois minutes de plus que la dernière fois que vous me l'avez demandé, soupira-t-il d'un air ennuyé.

Le crissement des railles retentit un peu plus loin et Meloshi se redressa dans un sursaut en voyant le train qui ralentissait en arrivant à leur hauteur.

- Ça y est ! Ils sont là, s'exclama-t-elle en pointant le véhicule du doigt, bien que le vacarme de sa bruyante arrivée n'avait certainement échappé à personne.

Amusé, Yamato lui jeta un bref regard. En la voyant aussi excitée pour si peu, il avait presque l'impression de voir Tobi.

- C'est juste un train de marchandises ça... souffla Shikamaru, avant de bailler une nouvelle fois.

- Ah... zut...

Déçue, Meloshi se remit à passer ses doigts sur son avant-bras, re-dessinant les tatouages cachés par les couches de vêtements. Les bruits de frottements devenant de plus en plus fébriles, le shinobi au Mokuton ne put s'empêcher d'attraper son poignet pour l'arrêter avant qu'elle ne finisse par faire un trou dans sa veste.

Il n'eut pas besoin de se retourner pour sentir que ses deux camarades derrière lui s'étaient légèrement crispés à la vue de son geste, alors il relâcha sa prise en reportant son regard droit devant lui et évita de répondre au sourire que lui adressait Meloshi.

- Pourquoi vous êtes si nerveuse au juste ? demanda Shikamaru.

- Parce que je tiens vraiment à ce que ce programme soit une réussite, répondit la kunoichi aux yeux d'orage. Je veux que le pays du Feu et celui du Soufre deviennent de véritables alliés. Pas qu'on continue de se contenter d'échanges commerciaux.

Un éclair de surprise passa un instant sur le visage du ninja du clan Nara et ce dernier esquissa un discret sourire.

- Ah, enfin ! J'ai cru qu'il ne viendrait plus... déclara tout à coup Meloshi en levant la tête vers le toit d'un bâtiment voisin.

Yamato et Shikamaru suivirent son regard et au bout d'une minute, ils virent une chevelure aux reflets bleus se dessiner derrière les contours d'une cheminée. D'un bond, Miwaku atterrit sur le quai de la gare, avant de les rejoindre de sa démarche boitillante. Si le chûnin au yukata avait parfaitement appris à apprivoiser sa prothèse, il n'avait jamais pu retrouver toute sa mobilité. La douleur avait disparue, mais la fluidité et la rapidité de ses mouvements n'étaient plus ce qu'elles étaient avant l'incident de la fin de la Quatrième Grande Guerre Ninja.