Il avala sa dernière bouchée d'onigiri, déposa quelques Ryôs sur la table et quitta le petit stand où il venait de prendre un tardif déjeuner. La recherche des responsables du complot visant Meloshi se faisait sans lui. Kakashi avait préféré éviter d'impliquer davantage les forces spéciales et bien que ce choix était justifié, Yamato ne pouvait s'empêcher de se demander si le Hokage aux cheveux argentés ne l'avait pas volontairement exclu à cause de leur dispute de la veille, ressassant encore et encore les mots prononcés par Meloshi et son Senpai.À peine avait-il quitté la toiture en tôle du restaurant, que la pluie s'abattît sur lui, mais cela lui était bien égal. Au contraire, il trouvait que cette météo maussade s'accordait plutôt bien avec son humeur. Prenant la direction de l'hôpital, il traversa le marché couvert et laissa défiler sous ses yeux les petites baraques auprès desquelles les vendeurs de fruits et légumes tentaient d'alpaguer les passants. Perdu dans ses pensées, le shinobi au Mokuton ne remarqua pas tout de suite le petit garçon qui s'était avancé vers lui. D'une main timide, il tendait vers lui un morceau de papier cartonné sur lequel il déchiffra le mot Gemaki.
- Vous êtes bien le Capitaine Yamato, pas vrai ? questionna l'enfant. Dites, vous voulez bien me signer ma carte ?
Yamato connaissait ces célèbres cartes à jouer qui faisaient fureur auprès des enfants de Konoha. Les jumelles d'Odayaka les collectionnaient elles aussi. Il prit le papier cartonné entre ses doigts et observa un instant son propre portrait auquel était ajouté quelques lignes le présentant lui et deux de ses techniques Mokuton fétiches. Œuvrant caché sous ce masque de porcelaine depuis la dernière Grande Guerre, il avait tendance à oublier que lui aussi faisait partie des grands noms ressortis victorieux du conflit, bien qu'il restait largement moins populaire que Naruto ou même Kakashi.
D'un coup de feutre, il inscrivit ce prénom qu'il portait depuis maintenant près de 11 ans et qu'il avait fait sien, et rendit la carte au petit garçon qui le remercia dans un sourire radieux.
L'ANBU reprit alors sa marche d'un air songeur. Il était toujours amusant de constater à quel point les civiles n'avaient généralement aucune conscience des affaires délicates qui pouvaient animer les rangs armés du village, mais tel était également le rôle d'un ninja : agir dans l'ombre pour protéger la lumière. Une mission parfaitement réussie était une mission menée à bien sans éveiller les inquiétudes et les soupçons de ceux qui n'étaient pas directement concernés. Si quelques rares cas faisaient exception, les ninjas n'étaient, par définition, pas destinés à être des héros célébrés pour leurs actions. C'était notamment pour cette raison que Yamato n'avait rien fait pour entretenir sa petite renommée d'après guerre. Bien au contraire, il avait préféré retourner se réfugier dans l'anonymat des forces spéciales.
Dans les cheveux courts et sombres de la femme qu'il aperçut fendre la foule au loin, il crut un instant reconnaître le profil de Meloshi et il se retint de la rattraper. Au vu de la manière dont ils s'étaient quittés la veille, qu'aurait-il pu lui dire ? Il savait qu'elle n'avait pas pensé à mal, mais ce sentiment de rejet et d'exclusion lui restait au travers de la gorge et il tenait bien trop à elle pour prendre le risque de l'affronter à nouveau sans prendre le temps de d'abord laisser cette plaie se refermer un petit peu. Et puis, entre l'hospitalisation de Tobi, la visite officielle de Shinjitsu et ce complot dont elle était elle-même la cible, elle avait sans doute suffisamment de soucis sans qu'il ne vienne y ajouter ses propres états d'âme.
D'ailleurs, cette histoire de complot risquait de mettre de l'huile sur le feu déjà bien attisé qui entourait la kunoichi aux tatouages, offrant à ceux qui la dédaignaient et qui, par prolongement, rabrouaient le programme Harmonie, une voie toute tracée pour continuer à médire dans son dos. Pourtant, depuis la fin de la guerre, Meloshi s'était donné bien du mal pour se faire discrète elle aussi. Malheureusement, la renommée de Kakashi avait ricoché sur elle, et sa condition d'héritière du peuple du Ciel avait visiblement elle aussi fini par la rattraper, lui revenant au visage comme un boomerang.

VOUS LISEZ
Franchir la porte
FanfictionUn monde en paix. Un mariage heureux. Une petite bouille d'ange au caractère bien trempé et des amis précieux sur qui on peut toujours compter... Meloshi a tout pour être parfaitement comblée. Pourtant, une ombre plane sur le village de Konoha... L...