Franchir la porte

16. Crise de doutes et suspicions

Meloshi jeta un discret regard au groupe de parents qui discutaient joyeusement devant le portail de l'académie. S'il n'y avait pas eu ces coups d'oeil méfiants qu'ils jetaient constamment dans sa direction, peut-être qu'elle se serrait jointe à eux, mais l'antipathie qu'ils lui témoignaient étaient bien trop palpable pour qu'elle ose faire le premier pas. Lorsque Kakashi l'accompagnait, c'était différent. Ils venaient toujours les saluer poliment, affichant des sourires plein d'admiration, bien que ces derniers n'étaient réservés qu'au Rokudaime.

- Bonjour Meloshi !

Heureusement, il y avait malgré tout quelques exceptions. La kunoichi du pays du Soufre tourna la tête vers la femme aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges qui lui souriait gentiment.

- Bonjour Kurenaï, répondit-elle.

La sonnerie retentit à travers la cour. Bientôt, une nuée de petits ninjas en herbe allait apparaître, se précipitant entre les jambes de leurs parents pour leur raconter leur matinée. En tant que kunoichi encore en service, Meloshi ne pouvait venir chercher son fils à l'école tous les jours, mais dès qu'elle était libre, elle aimait profiter de la pause de midi pour l'emmener déjeuner ; et en de rares occasions, ils se permettaient même un crochet au bureau de Kakashi pour lui déposer un bento.

Une petite fille passa le grand portail. Ses grands yeux rouges identiques à ceux de sa mère se mirent à briller, inondés par le soleil qui irradiait dans le ciel. Elle salua Meloshi en passant timidement ses doigts dans ses courts cheveux sombres et attrapa la main que sa maman lui tendait avec tendresse. Mirai était adorable, mais c'était également une fillette avec du caractère. La kunoichi aux tatouages comprenait très bien pourquoi son petit garçon était rapidement tombé sous le charme de son aînée.

Alors que Kurenaï et Mirai s'éloignaient déjà, Meloshi songea au choix de vie qu'elle avait fait. Parfois, elle enviait un peu son ancienne camarade qui avait choisi de consacrer tout son temps à sa fille, mais Meloshi n'était pas encore prête à prendre sa retraite. Elle était devenue ninja sur le tard et elle avait tant bataillé pour avoir cette chance qu'elle comptait bien remplir son rôle encore une bonne dizaine d'années.

Deux petites têtes aux cheveux vert sapin rejoignirent à leur tour la cour pour se diriger vers le réfectoire qui se trouvait à l'autre bout de l'académie. Comme toujours, Tsuki courait devant, mais Taiyō n'était pas loin derrière. La kunoichi aux yeux d'orage les regarda se chamailler le sourire aux lèvres. Il était amusant de voir à quel point les jumelles d'Odayaka étaient à la fois physiquement identiques et totalement différentes dans leur tempérament.

Alors qu'elle patientait, attendant d'entrapercevoir la petite bouille de son garçon, Meloshi remarqua une fluctuation anormale dans le chakra de Fushin. Où qu'elle allait, quoi qu'elle faisait, elle sentait sur elle le regard de l'ANBU. Pourtant à cet instant précis, celui-ci s'était détourné. En pivotant légèrement la tête vers l'arbre dans lequel Fushin était caché, elle aperçut du coin de l'œil les deux shinobi des forces spéciales qui avaient rejoint son garde du corps, avant de disparaître quelques secondes plus tard.

Fushin sortit alors de l'obscurité des feuillages pour se diriger vers elle. D'abord surprise, Meloshi le suivit des yeux alors qu'il s'approchait, son masque de tigre en porcelaine cachant son visage. Arrivé à sa hauteur, il se pencha à son oreille pour ne pas être entendu.

- Meloshi Sama, je vous informe que le corps de Shissō Aokami vient d'être retrouvé par l'une des équipes de recherches, déclara-t-il d'un ton sérieux. Le danger est donc écarté et je suis relevé de mes fonctions auprès de vous.

- Son corps ? s'étonna la femme aux yeux d'orage. Où est-ce qu'il a été retrouvé ? Il a été tué par un ninja de Konoha ?

- Je suis désolé, mais je n'en sais pas plus. Le Rokudaime pourra sans doute mieux vous renseigner que moi, avoua le shinobi au chignon. Si vous le permettez, je me retire...