6. Sur tous les fronts

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Yamato avait toujours trouvé cet endroit lugubre. Cette lumière aux reflets verdâtres, ces murs moites et glacials, cet écho obscure et lointain qui résonnait dans les couloirs... L'ambiance qui régnait dans les anciennes prisons de Konoha lui rappelaient de mauvais souvenirs ; des souvenirs brumeux qu'il avait enfouis au plus profond de sa mémoire ; les plus terribles et les plus anciens qu'il possédait ; ceux d'un laboratoire macabre dans lequel étaient prisonniers dans des tubes à essais géants des enfants tout juste sortis du berceau et arrachés aux bras de leurs parents.

Aujourd'hui encore, en foulant ces dalles de pierres humides, il avait ce désagréable frisson qui lui remontait le long de la colonne vertébrale. Avançant à vitesse régulière, son masque de chat cachant son visage, il donnait malgré tout le rythme sans ciller. Derrière lui, son équipe le suivait en rang. Des chevelures bleues et châtains dépassant des mêmes visages en porcelaine, avec au milieu d'elles, des mèches d'un joli blond vénitien et de longues boucles de jais qui sortaient quelque peu du lot. Accrochés dans leur dos, par dessus leur plastron gris, des tantō et une poignée d'arcs en bois cliquetaient au rythme de leurs pas ordonnés.

Au bout du couloir, le ninja au Mokuton poussa une porte qui s'ouvrît dans un cri grinçant, avant de dégager la voie sur une succession de barreaux. Les lumières clignotantes du plafond dévoilèrent certaines silhouettes ramassées et autres visages tuméfiés enfermés entre ces cages de métal. En observant les muscles de certains ANBU se contracter et leurs épaules s'affaisser, on pouvait deviner des mines inquiètes derrière les masques animaliers.

Beaucoup de ces cellules étaient pourtant vides et les prisonniers présents faisaient partie de ceux qui n'avaient pas encore été transférés dans le nouvel établissement carcéral du village caché de la feuille. Bien plus moderne, celui-ci était sorti de terre un an plus tôt, mais la gestion administrative prenait toujours beaucoup de temps et faisait des retardataires.

Après une cinquantaine de mètres, Yamato se stoppa devant une nouvelle porte. La main posée sur la poignée, il se retourna vers ses camarades des forces spéciales.

- Le prisonnier que l'on est venu chercher se trouve dans cette dernière cellule, annonça-t-il d'une voix grave. Il s'agit d'un criminel de rang S très dangereux. Je vous demanderais donc de ne pas vous laisser déconcentrer par son apparence, ni même par ses potentielles provocations.

Anxieux, le jeune Koinu déglutit derrière son masque et recula instinctivement d'un pas, avant de se prendre un coup d'épaule qui le ramena dans les rangs.

- Alors gamin, on flippe ? railla Shissō, tout en faisant craquer ses doigts recouverts de ses longs gants noires.

Des ricanements dispersés suivirent ses mots et Yamato fronça les sourcils. Les quelques semaines qui le séparaient de sa rencontre avec le shinobi du clan Aokami n'avaient en rien amélioré l'opinion qu'il avait de lui. Shissō avait la regrettable manie de prendre les autres de haut. Il était moqueur, sournois et parfois même insolent. En somme, un jeune homme tout à fait détestable habitant le corps d'un ninja de grand talent. C'était sans doute pour cette dernière raison que ses camarades semblaient malgré tout l'apprécier et qu'ils lui témoignaient d'un certain respect ; bien que Yamato trouvait celui-ci exagéré au vu du personnage.

L'ANBU au Mokuton balaya une dernière fois du regard son équipe fraîchement formée et ouvrit la porte. La pièce était si sombre, que ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à l'obscurité. La seule source de lumière provenait de la petite fenêtre qui se trouvait à l'autre extrémité de la pièce et dont la vitre brisée laissait passer quelques filets d'air qui sifflaient entre le verre fêlé.

Franchir la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant