3. Maintenir l'équilibre

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- Ils sont là ! Ils sont là ! Maman ! Ils sont lààààààà !

Lorsque Tobi avait déboulé dans la cuisine en hurlant, Meloshi en avait laissé tomber sa cuillère. Celle-ci avait tenté de se rattraper au coton de sa robe avant de s'échouer sur le sol, laissant une traînée orangée le long de sa poitrine.

- J'peux aller leur ouvrir ? J'peux j'peux ?!

La kunoichi jeta un œil à l'horloge qui indiquait déjà 19h30. Elle ramassa son ustensile, passa une main sur son front pour y dégager les cheveux qui s'y étaient collés et releva la tête vers l'enfant qui faisait de petits bonds sur place comme un ressort.

- Oui vas-y vite, sinon ils vont repartir, plaisanta-t-elle.

- Oh non...

Alors que le petit garçon s'était précipité vers l'entrée, Meloshi regarda sa robe tachée en soupirant. Tant pis... Elle n'avait plus le temps de se changer. Ça lui apprendra à cuisiner sans tablier.

À l'autre bout de la maison, le souffle court, Tobi ouvrit grand la porte.

- Ouf, vous êtes encore là, lâcha-t-il entre deux respirations haletantes. Bienvenue dans notre zumble demeure...

Le bras tendu et la tête légèrement inclinée, l'enfant semblait imiter le réceptionniste d'un grand hôtel. L'observant d'un air amusé, Yamato se demanda où il avait bien pu apprendre cette expression.

- En voilà un petit bonhomme bien courtois, déclara-t-il en ébouriffant gentiment les cheveux du garçon.

- C'est quoi "courtois" ? demanda Tobi, les sourcils froncés.

- Ça veut dire poli, répondit une voix atone.

Le dépassant de plusieurs têtes, Odayaka se tenait sur le pas de la porte, juste derrière Yamato. De ses grandes mains, il s'attelait déjà à déboutonner son manteau en soufflant quelques nuages de condensation.

- Dis, tu crois qu'on va pouvoir rentrer un jour, hein ? marmonna à côté de lui Miwaku qui claquait des dents. C'est qu'on s'pèle les couilles là dehors...

- T'as dit un gros mot, tonton ! s'exclama d'un air scandalisé Tobi, pointant un doigt accusateur sur le shinobi aux cheveux bleus.

Ses deux grands yeux d'orage clignèrent de surprise lorsque deux mains l'attrapèrent par la taille pour le hisser dans les airs afin de dégager le passage.

- Tu vois, tonton Miwaku, par exemple, il n'est pas courtois du tout, lui, expliqua Yamato.

Tobi lové dans ses bras, l'ANBU passa la porte et retira ses chaussures, alors que derrière lui Miwaku jouait des coudes pour devancer son camarade de l'équipe Gokansei et tenter de se mettre à l'abris du froid avant lui.

- Ouais, même qu'une fois j'ai entendu papa dire que tonton Miwaku c'était une vraie tête à claques, s'esclaffa l'enfant aux cheveux argentés.

- Quoi ?! s'étrangla le chûnin au yukata qui était ressortit perdant de son duel avec Odayaka et patientait encore sur le perron. Quel connard ce mec... bougonna-t-il dans sa barbe.

Meloshi apparut au coin du mur et les salua d'un air distrait, sa cuillère toujours à la main. L'ampoule blanche allumée juste au-dessus de sa tête faisaient ressortir la tache sur sa robe et les traits fatigués de son visage. Cela faisait plusieurs heures qu'elle cuisinait et le repas n'était pas encore tout à fait prêt. Elle avait beau trouver que Tobi était le petit garçon le plus adorable de la terre, gérer son énergie débordante n'était pas de tout repos.

Franchir la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant