10. Rester sur ses gardes

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- Ah, j'ai trop mangé, s'exclama Toppuni, tapotant joyeusement son ventre.

- Je n'ai jamais compris comment tu faisais pour rester aussi mince avec tout ce que tu avales, sourit Konoha-Maru.

- C'est l'un de mes nombreux talents, rétorqua la jeune femme.

Elle déposa un billet et quelques pièces sur la table et quitta la banquette. Imitant sa camarade, le jônin du clan Sarutobi ricanna en payant sa part, avant de suivre Toppuni qui poussait déjà la porte du fast-food dans lequel ils venaient de déjeuner.

Troquant la clim du restaurant pour la chaleur de l'extérieur, Konoha-Maru leva la tête et protégea ses yeux du soleil avec sa main. Entre lui et le ciel flottaient des dizaines de guirlandes de fanions colorés qui traversaient les rues de part en part. Il cligna alors des paupières, s'habituant doucement à la clarté de la lumière et l'odeur de friture s'estompa au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient. Depuis peu, ce genre de restauration rapide faisait fureur à Konoha. À même pas 5 ans, le petit Boruto en était déjà accro.

Tout en marchant, le jeune shinobi observa la liesse qui habitait la rue. Le vent de méfiance et le climat anxiogène qui traînait dans les rangs des ninjas et de la police du village ne semblaient pas avoir encore gagné les civiles. Pourtant, une ombre inquiétante planait sur Konoha. Impossible de savoir d'où elle venait ni ce qu'elle voulait, mais elle était bien là, tissant lentement sa toile de l'intérieur.

"Fais attention aux ninjas du pays du Soufre. Ils sont dangereux..." ; "Si tu vois des mecs avec des cheveux bleus ou des arcs, méfie-toi...". Après son entretien avec Kakashi, Konoha-Maru était allé boire un verre avec ses anciens coéquipiers et c'était sur ces mots que Moegi et Udon l'avaient quitté la veille. Il savait que ses amis répétaient seulement le discours que tenaient certains de leurs camarades, mais de son côté, il n'avait pas très envie de participer à ce lynchage généralisé.

Bien sûr, il était au courant du fameux programme d'échange Harmonie qui faisait tant jaser, et en réalité, lui-même ne savait pas quoi en penser. Il ne connaissait rien de ce lointain pays où presque personne n'était jamais allé. Cependant, approfondir et renforcer les alliances avec des pays voisins, c'était une bonne chose, non ?

Pour certains, ce rapprochement avec le pays du Soufre n'existait que pour satisfaire les petites lubies de l'épouse du Rokudaime. Récemment, il avait effectivement découvert que Meloshi Senju avait certains liens avec les Shōgun de Kōkyo, mais s'il ne connaissait pas suffisamment la kunoichi pour la savoir ou non capable d'une telle frivolité, il voyait mal Kakashi se donner autant de mal pour satisfaire un simple caprice. D'autant que le pays du Soufre avait de réelles ressources à offrir à Konoha. Après tout, c'était bien eux qui avaient fabriqué cette prothèse qui remplaçait le bras que Naruto avait perdu lors de l'affrontement final contre Madara. Cette dernière Grande Guerre leur ayant fait perdre la plus grande médecin du monde ninja, le soutient médical d'un allié était plus qu'appréciable, même en temps de paix.

Malgré tout, cette alliance n'était pas vu d'un très bon œil par tous et les bruits de couloir allaient bon train. Pour sa part, même s'il s'était toujours demandé pourquoi Toppuni ou même Naruto tenaient Meloshi Senju en si haute estime, Konoha-Maru s'était juré de ne pas se mêler des nombreuses rumeurs qui la concernaient ; surtout depuis le jour où il avait vu la réaction de Kakashi lorsque ce dernier avait surpris deux shinobi en train de médire sur la mystérieuse kunoichi aux yeux d'orage. Le célèbre ninja au masque n'avait pas prononcé un seul mot, mais la lourdeur du regard qu'il leur avait jeté lui avait donné de telles sueurs froides qu'il en faisait encore des cauchemars.

L'aboiement d'un chien qui passait à sa gauche le fit tourner la tête, suivant des yeux la course de la petite fille qui lui courait après. Ressentant un tiraillement dans son cou, il posa sa main dessus à travers son écharpe, massant légèrement sa blessure encore fraîche.

Franchir la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant