12. Les racines du mal

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Tobi évanoui dans ses bras, il débarqua comme un dératé au milieu du hall de l'hôpital de Konoha. Totalement paniqué, il en perdit tout sens de la politesse et exigea de voir Sakura Haruno auprès du personnel de l'accueil. Sa ténacité fut malgré tout récompensée lorsque finalement, la kunoichi aux cheveux roses se présenta devant lui. Alertée par la vision de son ancien Capitaine affolé comme rarement elle ne l'avait vu, elle s'empressa d'ausculter le petit garçon. Lorsqu'elle découvrit sa jambe droite recouverte de cloques et sa chaire noircie par une immense brûlure au troisième degrés, elle le fit immédiatement admettre au bloc, avant d'y rester enfermée durant plusieurs heures.

L'ANBU se mit à faire les cent pas à travers le couloir, perdant peu à peu la notion du temps, éprouvant chaque seconde comme une éternité. Comme si c'était la seule chose qui le rattachait au présent, il fixait le carrelage marbré sous lequel ses pieds défilaient, en en mémorisant chaque aspérités, chaque variation de couleur. Le temps semblait s'écouler au ralenti.

Comment aurait-il pu prévoir ce qui était arrivé ? Il l'avait lâché du regard à peine un instant...



Prévenus par l'homme en charge des admissions, Meloshi et Kakashi étaient arrivés dans un échos de foulées précipitées. Lorsqu'ils avaient déboulé dans la chambre, Yamato avait immédiatement quitté le chevet du petit garçon qui venait tout juste de sortir du bloc opératoire pour leur laisser la place. Instinctivement, comme l'aurait fait un animal effrayé, il était allé se tapir dans le coin de la pièce, tentant sans y parvenir de se fondre dans le mur pour y disparaître. Les larmes nerveuses qu'il avait surpris aux coins des yeux de Meloshi avaient fini de lui faire perdre tout son courage et il avait finalement quitté la chambre sans un mot. Hors de danger, Tobi s'était réveillé avant de se rendormir une quinzaine de minutes plus tard, épuisé et groggy par les antidouleurs qui se répandaient par perfusion dans ses veines.

Le calme revenu et le choc passé, Kakashi et la kunoichi aux yeux d'orage rejoignirent à leur tour le couloir, là où se tenait Yamato, assis sur les inconfortables chaises de la salle d'attente. La tête enfouie dans la paume de sa main, il se leva aussitôt qu'il les aperçut. Semblable à un accusé attendant sa sentence, il se tenait aussi raide qu'un poteau. Au bout de son bras qui pendait le long de son corps comme un poids mort, il tenait entre ses doigts le petit carlin en peluche de Tobi, dont les poils avaient roussi dans l'accident.

- Comment c'est arrivé ?

Les épaules de Yamato s'affaissèrent sous le poids de la culpabilité. Il avait failli à son rôle et la voix avec laquelle Kakashi venait de lui poser cette question était comme la glace, froide et brûlante à la fois.

- J'ai détourné les yeux peut-être une minute et c'est là qu'il s'est blessé, raconta le ninja au Mokuton. Je suis désolé... J'aurais dû mieux le surveiller...

- Oui, tu aurais dû.

Le regard sévère de son Senpai était écrasant, mais ce que Yamato endurait plus encore, c'était cette expression indéchiffrable qui habitait le visage de Meloshi. Cette ombre était si sombre, qu'elle l'empêchait de savoir à quel point elle était en colère contre lui, ou pire, à quel point elle était déçue de lui.

Pourtant, lorsqu'ils croisèrent les siens, les yeux d'orage de la kunoichi devinrent plus doux, comme si elle avait ressenti son besoin d'être rassuré.

- Heureusement que Sakura a pu intervenir rapidement, souffla-t-elle. La brûlure était grave, mais elle nous a dit qu'il n'en garderait que des cicatrices.

Digne héritière de Tsunade, Sakura avait effectivement fait un travail incroyable, mais cela n'avait visiblement pas suffit à détendre Kakashi. La manière dont il se pinçait l'arrête du nez trahissait son dépit.

Franchir la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant