7. Tourner la page

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- On va boire un verre ?

- Désolé, mais je passe mon tour. J'ai dis à Meloshi que je viendrais la voir après mon service.

S'il avait tourné la tête, Yamato se serait heurté à deux prunelles carmins qui le dévisageaient d'un air dépité.

- Encore ? Sérieux, tu passes vraiment ta vie là-bas, broncha Miwaku.

Le shinobi au Mokuton poussa un soupir, alors qu'une poignée de pétales passaient devant ses yeux. Autour d'eux, de grands Sakura dispersaient leurs fleurs au grès du vent.

- Je vais chez elle parce que j'en ai envie, rétorqua Yamato. Et avec Kakashi qui est souvent absent, je sais que ça lui fait aussi plaisir d'avoir un peu de compagnie.

- C'est vrai qu'il est jamais là l'autre naze, concéda Miwaku, tout en retirant un pétale rose qui s'était coincé entre les mèches de ses cheveux.

- C'est normal qu'il soit très pris. Il est Hokage, je te rappelle.

Un bâillement indiscret passa la barrière des lèvres du ninja au yukata qui étira ses bras en l'air.

- Mouais... j'suis sûr qu'il passe son temps à s'tourner les pousses dans son bureau en lisant ses livres cochons.

- Il ne lit pas ce genre de livre.

- Bah, il s'traine pas les mêmes bouquins du vieux Jiraya d'puis des années ?

- Si, mais ce sont des livres de romance, corrigea Yamato.

Concentré sur le groupe d'enfants en pleine partie de chat qui courait dans leur direction, il ne remarqua pas le sourire narquois qui venait d'apparaître sur le visage de son camarade. Croisant nonchalamment ses doigts derrière sa tête en regardant vers l'horizon, Miwaku contourna de sa démarche boitillante les gamins qui manquèrent de lui rentrer dedans.

- Ouais, Kakashi lit des livres de cul, quoi ! lâcha-t-il alors d'une voix volontairement bien plus forte que nécessaire.

Le jeune couple qui passait à côté d'eux interrompirent d'un seul coup leur discussion en faisant dévier leur regard interloqué vers les deux amis. Affolé, Yamato tourna la tête dans tous les sens, espérant que personne d'autre n'avait entendu.

- Bon sang Miwaku, ne dit pas des choses pareilles en public, gronda-t-il en faisant les gros yeux.

- Pourquoi ? Parce que Monsieur est Hokage, on a plus rien l'droit d'dire, c'est ça ? s'offusqua faussement le shinobi aux cheveux bleus. C'est pas d'ma faute si notre cher Hokage Sixième du Nom est un pervers qui passe ses journées à s'branler sur des b...

Une main se plaqua sur sa bouche pour l'empêcher de terminer sa phrase, mais c'était déjà trop tard. Dans un rire nerveux, l'ANBU se confondit en excuses auprès de tout ceux qui avaient pu entendre les paroles de son licencieux compagnon.

- Il plaisantait bien sûr, tenta-t-il pour rassurer les plus scandalisés.

Loin d'être aussi mal à l'aise que Yamato, Miwaku laissa éclater son rire enfantin au milieu du silence gêné. Lorsque tout le monde reprit finalement le cours de sa vie, le ninja au Mokuton se frotta le front d'un air ennuyé. Décidément, Miwaku n'en ratait pas une.

Entre les rambardes rouges qui longeaient le pont, le brouhaha de la foule qui allait et venait avait reprit sa place. Faisant la scission au milieu du chemin, arbres, bancs et bacs de fleurs agrémentaient la traversée. Des ponts de ce genre, on en retrouvait aujourd'hui une cinquantaine éparpillés dans tout le village. De toutes tailles et de toutes hauteurs, ils permettaient de traverser Konoha de long en large, afin de fluidifier la circulation de cette population qui était devenue aussi dense que celle d'une métropole. Certains jours, Yamato regrettait un peu le tranquillité et la quiétude des rues de l'ancien Konoha.

Franchir la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant