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Les larmes coulent lentement sur mes joues. J'abaisse mon regard sur l'enveloppe et aperçoit une légère bosse. Je glisse ma main dedans et en extirpe un bracelet.

Son bracelet qu'elle n'enlevait jamais de son poignet. Garnie de perle et d'une tortue au bout.

Le bracelet que lui avait offert son père juste avant qu'il ne décède subitement.

Je n'en ai jamais su les causes, puisqu'il me semblait indiscret de poser la question. Je n'en voyais pas l'utilité de demander puisque peu importe la cause, la finalité était la même. Cela ne devait pas être héréditaire en tout qu'à.

Pour en revenir au bracelet, elle ne l'avais jamais enlevé depuis que son père l'avait attaché pour la première fois à son poignet. Sans nul doute qu'elle se sentait connecté à lui par ce bracelet.

Les objets ont une grande histoire; celle de leur propriétaire.

Je laisse mes doigts glisser sur les perles. Je fais le tour du bracelet ainsi, jusqu'à finir sur la tortue. C'est qu'il en a vécu ce bracelet, de bonne comme de terrible choses.

Un père et sa fille, lié par un objet. Un seul object pour ne pas oublier son père, la mort de son paternel. Et ce bracelet me revient de droit, pour ne pas oublier qu'un jour Theresa a existé. Dans la vie, dans la mienne, dans mes souvenirs et dans mon coeur.

Il permet de se souvenir, de toucher encore un objet qui lui appartenait avant que celle-ci ne disparaisse en un nuage de poussière.

C'est si dur. Dur de devoir réalisé sa disparition. Dur d'avoir apprit ainsi qu'elle m'aimait, et que je ne l'ai pas remarqué. Je ne sais si je dois vraiment la croire quand elle dit que cela ne lui a pas fait mal de me voir avec Elias.

Un pincement au coeur est sans doute survenue. Et tant d'autres quand j'y pense. À chaque flirt qui finissait en une déception, me voir dans un tel état devait lui faire atrocement souffrir. Je comprends son silence, qui sait ce qu'il serait advenue de notre relation. Elle a voulut nous protéger, quitte à refouler ses sentiments au plus profond d'elle.

Le simple fait que je puisse l'aimer l'aurait donc suffit ?

Je ne sais pas pourquoi je me pose la question. Toutes interrogations qui soient ne trouveront jamais plus aucune réponse.

Celle qui aurait pu y répondre était partie.

Elle est partie... Ma Theresa, n'est plus.

Les larmes ne cessèrent de couler sur mon visage.

Comment je peux me résoudre à ça ? À cette fatalité ?

Ma gorge se noue à cette pensée.

Comment je vais faire ?

Je ramène mes genoux contre ma poitrine, et enroule mes bras autour de mes genoux tout en mettant ma tête dans ces derniers. Je me recroqueville sur moi-même, comme si toutes mes émotions s'enfermaient dans un espace clos, et que j'arrivais à les discerner une à une.

Ce besoin d'enferment est vitale pour moi. S'enfermer, se recroqueviller et clore mes pensées sont une issue pour que je me remette les idées en place. En me recroquevillant sur moi-même, je renferme en moi toutes émotions et sentiments qui m'échapperait si j'étais dans un espace beaucoup plus large. Comme si mes pensées s'échapperaient et que je ne pourrais jamais les restreindre, comme si le contrôle de ma personne m'échappait complément. Comme si il me filait entre les doigts.

Je hais la sensation des grands espaces quand je suis en mauvaise posture. Je ne m'entends pas respirer, je n'entends que les autres et le vacarme assourdissant de leur voix. Je préfère être dans ma bulle, reclus dans un placard écarté de la civilisation où je pourrais entendre les battements de mon coeur, comme une parole à mon oreille.

Lost FeelingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant