CHAPITRE 7

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Voilà plusieurs heures que Nash conduit et un silence sans fin s'éternise entre nous. Je n'ai pas prononcé un mot depuis qu'il m'a fait part de ses plans et mon humeur devient aussi chaotique que le temps. Depuis notre départ, une tempête a éclaté et n'a pas semblé vouloir se calmer au fil des heures. Le vent, la pluie et l'orage sont de la partie, effrayant tout le monde au point de laisser les routes vides. Nous sommes les seuls présents et pour être tout à fait honnête, Nash conduit comme un roi et a dû à plusieurs reprises éviter de justesse que des branches ne s'effondrent sur la voiture. Et bien sûr, il n'y a pas que le temps chaotique qui instaure une aura d'angoisse autour de nous. Ça fait maintenant plusieurs kilomètres que nous roulons sur une route effrayante à la lisière d'une forêt qui semble interminable.

Je ne sais pas où nous sommes, je ne sais pas où nous allons. J'ai arrêté de poser des questions au moment où j'ai compris que ce n'était pas moi qui gérais la situation, mais l'ancien homme d'Alexander. Il sait quoi faire et gère la situation avec brillance. Nous avons changé plusieurs fois de voiture et prenons des petites routes pour plus de discrétion. Je préfère donc m'effacer et le laisser m'amener dans sa planque magique en espérant que je ne finisse pas découpée en morceaux dans une cave flippante.

Plus nous roulons, plus je me demande quand nous allons nous arrêter. Il le faudra bien un jour parce que notre réserve d'essence s'épuise à petit feu et que je commence à mourir de faim, mais Nash ne semble pas prêt à faire de pause. Le pire, c'est que j'ai beau ne rien dire, je sais que j'ai perdu des couleurs et que le mal de voiture commence à apparaître. Je n'ai que très rarement voyagé dans ma vie alors passer plusieurs heures assise sur un siège alors que c'est le déluge dehors n'a rien de confortable. Il faut que je sorte de cette voiture rapidement s'il ne veut pas se retrouver à nettoyer mon vomi sur ses sièges en cuir.

Je ne sais pas comment il parvient à se repérer dans ce déluge et sans le moindre GPS pour se guider, mais il y parvient. D'ailleurs, j'avoue que le fait qu'il se soit calmé depuis notre sortie des bois me rends de moins en moins anxieuse et je suis sûre qu'encore quelques heures dans ce calme et je pourrai me détendre. Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas certaine de pouvoir tenir encore longtemps. Je dois faire pipi, mes fesses sont courbaturées et je suis épuisée. Si j'en crois les grands bruits de respirations à l'arrière, Nestor et Nyx passent la meilleure nuit de leur vie et il en est de même pour Anca qui s'est recroquevillée dans mes bras. Bref, tout le monde dort sauf Nash et moi.

Un bout d'un temps qui me semble interminable, alors qu'il est six heures du matin et que d'ici quelques heures, le soleil pointera le bout de son nez, je sens la voiture ralentir et Nash se concentre attentivement sur la forêt qui se trouve de mon côté. Je n'ai aucune idée de ce qu'il fait, mais il cherche quelque chose. Une chose qu'il semble trouver puisque d'un coup de volant et de frein, il nous arrête en plein milieu de la route, réveillant mes chiens et me poussant à m'accrocher à la portière. À quoi est-ce qu'il joue bon sang ?!

– Reste-la, marmonne-t-il d'une voix grognarde.

Alors que je suis en train de me questionner sur ce qu'il s'apprête à faire, il ouvre la portière et sort sous la tempête. Mes yeux doivent s'écarquiller d'incompréhension lorsque je le vois avancer vers la forêt. Il fait trop sombre dehors pour que je puisse comprendre à quoi il joue et seule la lumière des phares éclaire la route qui nous fait face. Est-il en train de pisser ?

Après un énième éclair qui vient fendre le ciel brutalement, je lance un regard paniqué derrière moi et allume les warnings en espérant que personne ne nous percute. Pour couronner le tout, Nestor se met à grogner, me refilant ainsi sa panique.

Finalement, je prends mon courage à deux mains et ignore l'ordre qui m'a été donné en détachant ma ceinture pour sortir. D'une voix que j'espère posée, je demande aux chiens de rester dans la voiture et de ne pas faire de bruit tandis que je referme ma portière derrière moi. Ça ne fait même pas dix secondes que je suis sortie que je suis déjà trempée et frigorifiée. Malgré tout, en me frictionnant les bras, j'avance de quelques pas jusqu'à apercevoir Nash dans la pénombre. Une partie de moi s'en doutait, il n'est pas en train de faire une pause pipi et au contraire, il est occupé à déplacer ce qui ressemble à une immense branche. Qu'est-ce qui lui prend ?

The Hunt of FreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant