CHAPITRE 47

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Je n'ose plus faire le moindre mouvement. Le regard perdu dans celui de Nash, je sens le canon d'un flingue appuyer contre ma tempe. Un flingue tenu par mon petit frère, par mon sang. Par la personne que je n'ai jamais cessé de protéger et pour qui j'aurai vendu mon âme. J'aimerai me retourner et lui faire face, mais l'arme m'en dissuade et je suis tétanisée.

Ce n'est pas la première fois qu'on me menace de la sorte, mais cette menace venant de lui est la chose la plus dure et la plus violente que je n'ai jamais vécue. Pour la deuxième fois, je ne reconnais pas Lucas ni même la brutalité qui s'émane de lui.

– Lucas, je murmure en sentant les larmes monter. C'est fini. Il est mort, tu n'es pas obligé de faire ça.

Il faut qu'il baisse son arme et nous suive.

– Ta gueule, cri-t-il en me faisant sursauter.

Je ne lâche pas Nash des yeux et le vois faire un pas en avant en tenant son arme dirigée sur Lucas, sur nous. Mon frère ne semble pas l'avoir remarqué, mais pour ne pas envenimer la situation, je lui fais signe de rester où il est et de baisser son arme. J'ai encore du mal à savoir s'il est capable de me tuer.

– Je t'en supplie, je tente. On peut s'en sortir. Je sais que ça va être dur, mais on p...

– Je t'ai dit de la fermer ! Ça ne t'a pas suffi de ramener tes petits copains pour foutre la merde ? Alors Éris, combien d'entre eux as-tu baisé pour qu'ils te viennent en aide ?

Mon cœur me fait tellement mal. Comment le garçon le plus doux du monde peut se montrer si dur avec moi ?

– Comment peux-tu dire une chose pareille ? je demande.

Lucas est perdu et je prends enfin conscience qu'il n'est plus l'homme que j'ai connu. Alexander l'a changé et ce n'est que maintenant, son arme sur la tempe, que je prends conscience qu'il ne redeviendra pas mon petit frère chéri.

Au loin, j'entends Owen dire à Nash de me laisser faire et de ne pas intervenir. Le truc, c'est que je ne sais plus quoi faire. J'aimerais me retourner pour le regarder, pour croiser son regard et qu'il puisse lire tout l'amour et la peur que je ressens pour lui. Mais il ne m'en laisse pas la possibilité et de toute manière, je ne suis pas certaine de m'en remettre si je lis la haine qu'il a pour moi dans ses yeux. Je ne peux pas accepter qu'il me déteste.

– Quoi ? Parce que tu ne t'es pas vendue pour obtenir l'aide d'Hunter peut-être ? surenchérit-il avec un grand rire tandis que je garde le silence. Tu es tellement pitoyable. Tu répètes sans cesse qu'Alexander est un monstre alors qu'ils sont tous comme lui. Ton petit copain et tes nouveaux camarades sont exactement comme lui.

– Étaient. N'oublie pas que cet enfoiré est mort, je crache.

Alexander est mort et il n'a eu que ce qu'il méritait.

– Ne fais pas la maline, tu es la prochaine.

– Ils te tueront aussitôt.

D'un signe de tête, je lui montre les Whisperers qui nous regardent, l'arme à la main et prêts à faire feu malgré leur promesse de ne pas le tuer. Un grand rire le prend.

– Ils ou il ? Tu ne crois quand même pas que je n'ai pas suivi vos aventures.

– Il te tuera !

Son arme se presse d'autant plus sur ma tempe, me tirant une grimace de douleur.

– Pas si je me colle une balle juste après t'avoir tué. Ça ne te dirait pas de mourir en famille sœurette ?

Rien que l'idée me donne envie de vomir.

– Il t'a rendu complètement fou.

Ce n'est pas mon frère. Lucas était doux et agréable tandis que le garçon qui me fait face est tout l'inverse. Il baigne dans la brutalité et la folie. Il est exactement comme les autres hommes d'Alexander, mais en plus extrême. En fait, il est la copie conforme de notre père.

The Hunt of FreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant