CHAPITRE 25

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En ouvrant les yeux, j'ai l'impression de revenir à la réalité, que le temps redémarre, accompagné de la douleur et de la fatigue. C'est comme appuyer sur le bouton ON après avoir gardé l'appareil en OFF pendant une éternité. Il faut du temps à la machine pour comprendre ce qui lui arrive. Et bien la grosse machine que je suis est en bug total.

Allongée sur le dos, le regard tourné vers le plafond, il me faut une bonne minute pour comprendre que je suis sur le canapé, enroulée dans une tonne de couvertures et habillée d'un gros pull qui appartient à Nash. J'ai dû louper une étape parce qu'aux dernières nouvelles, j'étais à moitié à poil, installée à même le sol.

Alors que j'essaie de me lever, les courbatures me foudroient et manquent de me faire gémir. J'ai mal à des muscles dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Par exemple, mes abdos. Comment c'est possible d'avoir mal aux abdos sans avoir d'abdos ?

Je n'en reviens pas de tout ce qu'a fait Nash pour moi cette nuit. Jamais je n'aurai pu penser qu'il se ferait autant de soucis suite à ma disparition et qu'il prendrait autant soin de moi. Lui, l'homme qui passe son temps à couper ses émotions et à vivre comme s'il était un robot s'est inquiété de mon sort. Je ne sais pas si mon cas était critique, si ça se trouve je n'étais absolument pas en train de mourir bien que la douleur était atroce, pourtant il n'a pas hésité une seconde à se foutre à poil pour me réchauffer. Et visiblement, il a aussi pris soin de moi lorsque je dormais puisqu'il m'a habillé, s'est occupé du feu qui flambe toujours et a avancé le canapé devant la cheminée avant de m'installer devant. Comment a-t-il pu faire ça sans que je ne me réveille ? Peut-être que j'étais trop fatiguée, mais j'aurai forcément dû me réveiller lorsqu'il m'a habillé puis déplacé.

– Tu t'es évanouie, Discorde, annonce Nash, manquant de me faire sursauter.

En tournant le regard vers lui, je constate qu'il s'est installé dans le petit fauteuil dans lequel il a dû se plier en quatre pour dormir un petit peu. Je me sens coupable parce que le pauvre, en plus de veiller sur mon état toute la nuit, il a dormi dans un fauteuil inconfortable parce qu'encore une fois, il m'a cédé son lit. Il est toujours torse-nu et n'a visiblement pas eu la force de se rhabiller.

– Merci, je dis honteuse. Tu m'as probablement sauvé la vie.

– C'est le cas, m'avoue-t-il en baissant la tête. Ton rythme cardiaque était trop élevé et ta température corporelle trop basse. Si tu étais restée quelques minutes de plus dehors, tu y serais probablement restée.

Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi rapide de mourir d'hypothermie. J'ai douillé, certes, mais je ne pensais pas être sur le point de mourir. Même si pendant un instant j'ai cru perdre les membres de mon corps. Je n'arrive pas à me rendre compte que j'ai failli mourir de la manière la plus ridicule qui soit. Après tous les efforts et sacrifices que j'ai dû faire pour survivre jusque-là, j'ai failli tout gâcher pour un petit peu de froid. C'est pitoyable...

Me sentant sur le point d'éternuer, j'attrape un mouchoir sur la table basse et me mouche le nez en prenant conscience que cette boîte de mouchoirs était dans la salle de bain et qu'elle a miraculeusement été déplacée sur la petite table. Coïncidence ou pas ?

Je jette un regard vers Nash, mais ce dernier n'ose toujours pas me regarder dans les yeux. Malgré tout, il finit par ouvrir la bouche tandis que je me redresse.

– On t'a déjà dit que tu dormais la bouche ouverte ?

Je sais ce qu'il fait. La situation le gêne tout autant que moi alors il me laisse une ouverture pour changer de sujet. Il passe par la taquinerie pour cacher le fait qu'il s'est plié en quatre pour me remettre sur pied. Il ne faut pas me le dire deux fois et je saute la tête la première vers cette opportunité.

The Hunt of FreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant