CHAPITRE 11

213 18 0
                                    

ÉRIS

– Tu t'es calmée ?

Un sursaut me prend en refermant la porte et je pivote face à Nash, installé sur le canapé, l'air impassible. Je lui jette un coup d'œil puis me retourne pour retirer mes chaussures, profitant alors de lui tourner le dos pour soupirer. Pourquoi ne peut-il pas m'éviter comme à son habitude ?

Une fois en chaussettes, je lui fais une nouvelle fois face et constate qu'il a eu l'excellente idée d'allumer un feu. Je me dirige aussitôt vers lui et tends les mains pour les réchauffer. Elles sont tellement congelées que j'ai l'impression qu'elles sont sur le point de se briser. J'ai froid. Tellement froid. Et visiblement je ne suis pas la seule puisque la petite Anca me suit et se colle dans le coin, non loin du feu.

Il n'a pas fallu beaucoup de temps au froid pour me remettre les idées en place. Après réflexion, je regrette de ne pas avoir pris le temps de mettre un pull sous ma veste, voire mieux, de ne pas faire l'enfant et de ne pas quitter le chalet aussi précipitamment. C'était ridicule et maintenant je regrette, parce qu'après avoir passé une bonne heure à me cailler les miches et à manquer de me casser la figure tous les dix mètres, je ne me sens que plus idiote de revenir. J'aurai dû rester et lui faire comprendre que ses paroles ne m'impactent pas et que je suis plus forte que ses petites réflexions à deux balles.

J'aurai dû lui faire ravaler sa contenance au lieu de m'emporter.

Je tourne le dos au feu, faisant ainsi face à Nash qui n'a pas bougé du canapé et décide que c'est le moment idéal pour apaiser les tensions, bien que la dernière fois ça n'a pas été concluant. Bon sang, nous ne sommes ici que depuis quelques heures pourtant nous nous détestons comme deux ennemis.

– Je m'ennuie, je dis en retirant mon manteau.

Un sourire moqueur courbe ses lèvres tandis qu'il s'affale d'autant plus.

– Ce n'est pas mon problème.

C'est quoi son problème à la fin ? N'en a-t-il pas marre de se comporter comme un idiot pour aucune raison. Je pensais pourtant avoir été claire sur la situation avant de partir.

– Sérieusement ? je demande agacée. Tu vas vraiment recommencer ? On est tous les deux bloqués ici Nash alors ça serait peut-être une bonne idée qu'on essaie de s'entendre.

C'est ridicule. Il est venu m'aider de son plein gré et jamais je ne l'ai forcé à venir. Alors pourquoi il se comporte de cette manière avec moi ? Il est parfaitement conscient que je ne suis pas la méchante de cette histoire alors c'est quoi son fichu problème ?

Il ne semble pas déterminé à me répondre et continue de m'observer en silence. J'en profite alors pour observer ses bras. De nombreux tatouages y ont pris place au fil des années et je sais que parmi eux se trouve celui qui le relie à Alexander. En général, ses hommes le portent à un endroit du corps visible de tous, et puisque Nash est l'un des seuls qui n'a pas de tatouage sur le cou, je présume qu'il se trouve sur ses bras. Peut-être qu'il l'a recouvert après avoir quitté le manoir. Probablement. En même temps, porter un dragon qui se mord la queue dans le pays est assez clair dans l'esprit de tout le monde. Les gens connaissent ce tatouage et en ont peur. Parce que le nom d'Alexander Murphy en fait trembler plus d'un.

Agacée par le manque de réponse de Nash, je détourne le regard sans avoir trouvé l'objet de mes recherches. Une partie de moi espère qu'il l'a fait recouvrir ou effacer. Je déteste ce dessin et je déteste encore plus la signification que lui a donné mon géniteur.

J'attends encore et encore une réponse, mais aucune ne vient. Il n'a pas l'air d'en avoir quelque chose à faire de la tension qu'il instaure entre nous et j'ai même l'impression qu'il s'en délecte.

The Hunt of FreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant