CHAPITRE 19

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NASH

Qui rêverait de regarder Hunger Games après un énorme cauchemar ? J'aurais pensé qu'elle choisirait un film à l'eau de rose ou un dessin animé pour calmer ses émotions, mais non, Madame a décidé de regarder un film qui parle de tuerie. Et le pire dans l'histoire, c'est qu'elle aime tellement l'histoire que ses yeux ne lâchent pas l'écran une seule seconde. Elle est à fond au point de sursauter chaque fois que Katniss est dans une mauvaise passe.

Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas le film. Mes pensées m'empêchent de suivre ce qu'il se passe et les yeux dans le vide, je suis incapable de sortir de ma tête. Il y a bien trop de choses qui me perturbent, bien trop de choses que j'aimerais dire. Rester planté sur un canapé à glandouiller avec quelqu'un est nouveau pour moi et j'avoue être perturbé. Non seulement par cet instant parce que j'ai l'impression de créer des liens sociaux et que c'est nouveau pour moi, mais également à cause d'Éris. Sa présence à mes côtés me met dans tous mes états. Je n'avais pas prévu qu'elle sente aussi bon et si... elle. Utilise-t-elle le gel douche à la vanille que je lui ai acheté ? Je suis nul pour reconnaître les parfums.

Je n'ai pas l'impression qu'elle remarque mon air perturbé. Comment le pourrait-elle alors qu'elle est concentrée sur le film ? Ça doit faire une heure qu'il a démarré et elle n'a pas dit un mot depuis. J'aimerais mettre fin à cette connerie pour qu'on aille tous les deux se coucher avant le lever du soleil, néanmoins une partie de moi m'oblige à garder le postérieur collé au canapé. Peut-être parce que je n'ai pas la force de l'envoyer chier après son cauchemar et son coup de flippe de tout à l'heure, peut-être aussi parce que je n'ai pas envie de lancer de nouvelles hostilités. Ou alors, peut-être que je fais tout ça parce que je m'emmerde et qu'un peu de compagnie ne peut pas me faire de mal, même s'il s'agit de la compagnie d'Éris et que sa présence me rappelle certaines choses que j'aimerais oublier. À elle seule, elle représente la totalité de la Discorde qui m'entoure.

Bref, je ne vais pas revenir sur le sujet.

Ça fait quelques minutes, qu'autre chose me perturbe dans sa manière de se comporter avec moi. Éris n'est pas comme les autres femmes. Elle devrait me traiter comme un monstre après le passé que je me tape, voire même essayer de se tenir aussi loin que possible de moi. Pourtant, elle m'a câlinée dans la cuisine et m'a laissé la tirer de son sommeil comme si mon contact ne la dérangeait pas. Personne ne réagit comme ça devant un tueur.

Je parviens à effrayer d'un regard des femmes et des hommes qui ne savent rien de moi, pourtant elle qui connaît suffisamment de choses pour déguerpir, reste. Soit elle doit remettre son instinct de survie en question, soit elle a envie de crever.

Après un long soupir, alors qu'elle est toujours à fond dans le film, je me redresse et le mets sur pause. Éris semble enfin revenir à la réalité et me regarde comme si deux cornes venaient de pousser sur ma tête. Ou alors elle est en train de réfléchir à un moyen de me couper les couilles. Vu les armes que brandissent les personnages sur l'écran figé, je viens probablement de couper une scène d'action.

Rien à foutre.

– Pourquoi tu m'appelles Nash ? je demande sans tourner autour du pot.

Ses sourcils se froncent tandis qu'elle s'interroge sur ma question.

Maintenant, toute son attention est portée vers moi et elle se détourne de l'écran pour se replacer sur le canapé, mettant une jambe sous ses fesses et l'autre devant elle, collant son pied à ma cuisse.

– Parce que c'est ton prénom. Non ?

Réponse logique.

– Tout le monde m'appelle Hunter. Pas toi. Alors que tu as vécu là-bas. Tu devrais le savoir.

The Hunt of FreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant