The Hunt of Freedom

CHAPITRE 31

NASH

Nous sommes dans la merde. Une merde tellement énorme que je me demande comment nous allons nous en tirer. J'aimerais que la chose la plus dangereuse dans ma vie soit ce rapprochement avec Discorde, mais malheureusement, des emmerdes bien pires nous collent au cul, à commencer par Alexander et les Whisperers.

Tandis que je me prépare à aller faire les courses, je cherche une solution pour nous sortir de là, mais rien ne vient, nous sommes cernés. Parce que bien qu'à l'heure actuelle, personne ne sait précisément où nous nous trouvons, ils savent que nous sommes dans le coin et c'est suffisant. Jamais je n'aurai pensé que les Whisperers mettraient nos têtes à prix et jamais je n'aurai pensé que nous nous ferons remarquer aussi vite. J'ai pourtant essayé de me faire discret chaque fois que je sortais du chalet, mais je pense que la fois où Éris est venue faire les courses avec moi a été celle de trop. Nous nous sommes fait remarquer. Maintenant ce n'est pas une épée de Damoclès qui pend au-dessus de nos têtes, mais s'en est deux. Si l'un de deux gangs nous chope, je ne donne pas cher de notre peau.

Ça m'énerve parce que je n'ai aucune nouvelle d'Arès. Il est censé me tenir au courant de tout ce qu'il se passe en dehors de ce chalet et de ce qui se prépare contre nous, mais depuis quelques jours, il ne répond plus aux mails et ne donne pas le moindre signe de vie. Je ne sais pas encore si c'est une mauvaise nouvelle. En attendant, je ne peux pas prendre la moindre décision sans savoir ce qui se passe autour de nous. Nous nous sommes fait griller alors je suppose qu'Alexander aussi sait que nous sommes dans les parages. La meilleure chose à faire serait de quitter cet endroit le plus vite possible, néanmoins c'est trop tôt.

Les deux gangs doivent être en train de retourner la ville et celles aux alentours pour nous retrouver alors si on tente de s'échapper, ils nous mettront la main dessus. Le mieux à faire est d'attendre encore un peu en essayant de brouiller les pistes pour qu'ils finissent par penser que nous ne sommes plus dans les parages. C'est seulement quand ils auront baissé leur garde qu'on envisagera de partir.

C'est pour ça que j'aimerais aller faire les courses. Une dernière fois avant un bon moment en essayant de prendre autant de provisions que possible. Éris ne va clairement pas être ravie de ne plus pouvoir sortir pendant un temps indéterminé et c'est pour ça que je vais la prendre avec moi. Pour qu'elle puisse s'acheter tout ce qui lui permettra de ne pas perdre la tête pendant plusieurs mois. Et puis, puisque j'ai l'intention de faire au moins deux heures de route pour trouver ce fichu supermarché, nous pourrons rester autant de temps que nous voulons puisque ça ne donnera aucun indice sur notre position. Justement, si les Whisperers et les Nameless nous repèrent, ils penseront que nous bougeons. Jamais ils ne s'imagineront que nous sommes toujours en ville, en train de nous cacher.

Frustré de ne pas avoir un plan sans risque, j'enfile mes pompes et mon manteau puis profite qu'Éris soit sous la douche pour aller promener.

D'un sifflement, j'appelle les chiens et tandis que Nestor est le premier à débarquer, suivi rapidement de la petite Anca, Nyx prend tout son temps pour venir, pas ravie de mouiller ses pattes dans la neige fondue.

Une fois dehors, je m'enfonce dans la forêt en réfléchissant à tout ce bordel. Je sens que la journée va être longue, je le sens dans l'air qui est plus lourd que d'habitude. Les choses sont en train de prendre une tournure qui n'était absolument pas au programme, à commencé par mon rapprochement avec Éris. Cette partie-là de notre cavale n'était pas prévue et me laisse plus que sur le cul. Être capable de ressentir autre chose que du dédain pour quelqu'un est inattendu. J'avoue que ça me fait chier, parce que chaque fois que je me convaincs que rien de bon ne pourrait sortir d'une quelconque relation entre elle et moi, je finis par faire tout le contraire. J'ai l'impression d'être un adolescent qui se laisse guider par son cœur pour la première fois de sa putain de vie. Mais je ne suis pas un ado et je n'ai pas de cœur, alors qu'est-ce qui cloche chez moi ?

Hier, j'ai rejoint Éris lorsque j'ai vu qu'elle se faisait une soirée seule dans la chambre vide. Sur le coup, elle me faisait un peu de peine et son silence depuis notre séance de bécotages me faisait chier alors j'y suis allé en pensant mettre les points sur les i avant de passer la soirée avec elle. Mais je n'avais pas prévu d'en apprendre plus sur sa vie à cause de son jeu ridicule et je n'avais encore moins prévu qu'elle se mette à chialer. L'alcool a certainement joué, toutefois ça ne change rien au fait que comme le canard que je suis, je me suis levé et l'ai rejointe. Pendant un instant, j'ai cru que je la prendrais dans mes bras et heureusement, je n'ai rien fait de tel. J'ai juste attendu qu'elle s'endorme puis l'ai porté dans son lit. C'est à ce moment-là que j'ai ressenti une boule dans mon estomac. De la honte. Je l'observais dormir paisiblement, les joues encore rougies par ses pleurs et je me suis senti comme la dernière des merdes.

Il y a quelque temps, j'en avais encore rien à faire de lui faire croire que je pourrai aider son frère, mais elle en est tellement persuadée que mon mensonge d'hier m'a fait passé pour le plus gros connard de cette planète. Elle avait besoin d'espoir alors je lui en ai donné. Sans la préparer à la douleur que lui procurerait la vérité.

Malgré l'océan qui nous sépare, je ne parviens toujours pas à m'éloigner d'elle. Je devrais le faire, pour son bien et pour le mien, mais chaque fois que je fais un pas en arrière, j'en fais trois en avant. Je ne parviens même plus à lui mentir. Depuis qu'elle a débarqué dans ma vie avec ses allures de femme fatale, elle est devenue mon point faible et ça n'a rien à voir avec le fait que je veuille me racheter de mes erreurs passées.

Je suis un tueur bordel ! Pas un lover. Pourquoi ne suis-je pas capable de me tenir éloigné d'elle ? Je déteste ça. J'ai l'impression de ne plus rien contrôler.

Je devrais la dégoûter à cause de mon lien avec cet homme qu'elle ne parvient pas à appeler « papa ». Elle traite Alexander comme un inconnu parce qu'elle est incapable d'accepter ses liens familiaux avec lui, pourtant elle est capable de me regarder dans les yeux, moi cette personne qui n'a jamais cherché à la protéger de ses bourreaux. Je les ai toujours laissés s'en prendre à elle et c'est même moi qui leur ouvrais la porte. Comment peut-elle accepter ça ?

Je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi je n'ai jamais été convié à ces séances de torture. Chaque fois qu'il venait s'en prendre à Éris pour la détruire, Alexander était accompagné. Il y avait tout le temps au moins deux hommes avec lui. Toutes les semaines de nouveaux hommes y étaient conviés. Il n'y a pas une personne résidant au manoir qui n'est jamais entrée dans cette chambre. Sauf moi. Pourquoi ? Pourquoi mon rôle était de rester devant cette porte ? Pourquoi il ne voulait pas que je participe à son supplice ? C'est comme s'il voulait que j'entende ce qu'il se passe sans pour autant en prendre part. C'est incompréhensible.

À moins que...

À moins qu'il ait toujours su que le sort d'Éris m'importait et que jamais j'aurai été capable de m'en prendre à elle, bien que semer la mort était dans mes gènes. Il devait savoir que chaque soir, j'appelais le médecin pour qu'il vienne la soigner. C'est la seule chose qui pourrait expliquer la punition qu'il m'infligeait en m'obligeant à écouter ses hurlements. Chaque fois qu'il venait, il ne se contentait pas de la punir elle, mais il me punissait moi aussi pour ma trahison. Entendre ses hurlements sans jamais savoir ce qu'il se passait était le châtiment qu'il me réservait pour l'avoir trahi en appelant ce maudit médecin.

Et si c'était pour ça qu'il a fini par me faire gravir les échelons ?

Et si depuis le départ, j'étais la principale source d'emmerde d'Éris, ayant aggravé son sort ?

Et si nos supplices avaient en réalité toujours été liés ?