Chapitre 12

105 4 4
                                    


Jade's POV :

Ce matin, encore une nouvelle journée ordinaire au lycée. Comme à mon habitude, je me dirige directement vers ma salle, sans passer par la salle des professeurs. Il est encore tôt, il reste encore une bonne vingtaine de minutes avant que la sonnerie retentisse pour annoncer le début des cours. 

En marchant vers ma salle, je passe devant celle de Catherine et vois la porte entrouverte. Bizarre... Elle n'est jamais là aussi tôt. Je décide de pousser la porte, par curiosité, et tombe sur Catherine. Mon sourire est instinctif dès que je la vois. Je m'empresse d'entrer dans sa salle, de la saluer et de lui demander comment elle allait, puisque ces derniers jours, elle n'a pas l'air d'être dans son assiette. 

Je la vois réfléchir et lever les yeux au ciel, et ce dernier me tombe alors  sur la tête. Mon sourire s'efface et laisse place à une incompréhension des plus totales. 

- Oh... Ça n'a pas l'air d'aller. Je... je vais te laisser tranquille...

Un peu déçue de sa réaction, je décide retourner dans ma salle et commence à m'avancer vers la porte quand je sens que Catherine me saisit la main. Étonnée, je me retourne mais ne sait pas du tout quoi en pensant. Je suis comme qui dirait... pétrifiée, transformée en statue de pierre par son geste.

Sa petite voix tremblante, une voix que je n'avais jamais entendue auparavant, prononce ces mots : "non... ne pars pas, Jade".

Avant même qu'elle puisse terminer sa phrase, je suis prise par un sentiment d'incompréhension et lui en fait part. Je lui demande de m'expliquer pourquoi elle a ce comportement avec moi depuis quelques jours, et tente de lui faire comprendre dans quelle position me met son comportement.  Sa réponse n'est pas sincère, je le sens, même si elle essaie de me convaincre que le problème ne vient pas de moi. Je suis quelqu'un d'assez intuitive et je sens quand quelqu'un ment ou n'est pas sincère. Là, c'était le cas...

Elle se dirige vers son bureau et je décide de la suivre, en insistant pour qu'elle me parle, pour qu'elle me raconte ce qu'il se passe. J'essaie de la mettre en confiance, mais rien n'y fait. Pourtant, elle sait qu'elle peut tout me dire... Elle baisse la tête pour éviter d'avoir à me regarder, je sens la gêne s'installer en elle. D'un geste tendre et instinctif, je relève d'un mouvement de doigt sa tête pour, encore une fois, l'aider à extérioriser. 

"C'est trop dur de t'en parler", me dit-elle.

Je me demande alors si elle a des problèmes familiaux qu'elle ne souhaite pas mettre en lumière, et je comprendrais car c'est souvent délicat. Mais en lui posant la question, elle me répond que ce n'est pas sa famille le problème. 

Je commence vraiment à m'inquiéter, et je vois que Catherine commence à perdre pied. Je lui prends alors la main et caresse la paume d'une de ses mains pour tenter de la rassurer. 

Et à partir de ce moment, tout a basculé. J'étais loin de m'imaginer ce qui allait se passer, et à quel point un simple geste de ma part allait changer toute l'histoire. 

En quelques secondes, je me retrouve plongée dans un bonheur qui m'était alors inconnue jusqu'à maintenant. Les lèvres de Catherine sur les miennes : une étincelle, un feu, une incendie.
Dans mon coeur, c'est le paradis ; dans ma tête, le bordel. 

J'ai à peine le temps de me rendre compte de ce qu'il se passe que cette bulle de bonheur éclate et laisse place à un retour du froid. Catherine s'est éloignée à nouveau de moi, l'air confuse. 

Je vois dans ces yeux les larmes monter et la gêne s'installer à nouveau. Mon cerveau n'a plus eu le temps de fonctionner correctement, mon coeur a pris le contrôle le tout mon corps : je me suis avancée vers elle, et je lui ai dis : "Si c'était une erreur de ta part, dis-le moi, car je vais recommencer... Arrête moi si tu ne veux pas que je t'embrasse, s'il te plaît, car après cela, je ne suis pas sûre de pouvoir m'arrêter". 

Jamais de toute ma vie, j'ai été aussi confiante pour oser sortir une telle phrase. À cet instant, je ne me suis pas reconnue. Je me suis approchée d'elle, lentement, très lentement... lui laissant ainsi le temps de me repousser même si, au fond de moi, mon corps et mon coeur lui suppliaient de ne pas le faire. La distance entre nos lèvres diminue, et Catherine ne me repousse pas. Ses yeux sont fermés, elle se mord la lèvre inférieure, et je n'ai pas su me retenir. Cette chaleur en moi m'a donné des ailes. Je n'ai plus réfléchi, j'ai mis fin à cette distance insoutenable et me suis jetée sur ses lèvres. 

Alors que mon coeur battait la chamade, nos lèvres, elles, dansaient dans une valse sensuelle pendant une longue minute. C'est donc ça, l'Amour ? Trouver l'éternité dans une minute, dans une émotion, dans une sensation, dans un geste ? 

Le moment est suspendu, comme mon coeur depuis que nos lèvres se sont touchées. 

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing. La cloche retentit. Putain de cloche.

Nos lèvres se séparent à nouveau. Mes joues se parent de rose vif, et ma gorge se serre. J'ai tellement envie que ça ne s'arrête jamais. Tellement envie que cette cloche ne sonne plus jamais. 

- Je... je crois qu'il faut y aller maintenant...

Catherine me regarde, perturbée par ce qui vient de se passer. Aucun son, aucun mot, aucun bruit. Je ne sais pas qu'est-ce que je dois lire dans ses yeux ? J'ai l'impression que son corps ne demande qu'à recommencer mais sa tête lui dit tout le contraire. 

Et c'est là que j'ai compris. J'ai compris que pendant tout ce temps, c'était ça le problème : elle ne comprenait pas la nature de ses sentiments envers moi. Enfin... je pense ? Mais oui, idiote, tu étais dans le même cas, t'as oublié ?

- Catherine... 

- Oui ?

- Avant que nos élèves arrivent, dis-moi... c'était de ça dont il s'agissait ? C'était ça la vraie raison de tes écarts cette semaine ?

- Jade... j-je crois qu'on devrait se laisser un peu de temps et en discuter à tête reposée... 

- Cather....

- Jade, il faut y aller maintenant. Tes élèves vont s'impatienter.


N.B : Avis ?


Entre les lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant