Chapitre 14

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Catherine's POV :

- Bonjour chérie!

Soit je n'ai jamais fait attention à sa voix pendant quinze ans, soit il a fait une opération chirurgicale des cordes vocales dans mon dos, mais ce n'est pas possible de trouver la voix de Luc aussi désagréable tout d'un coup. Je sens mon regard dans le vide, et mon visage me trahir en levant de manière automatique le sourcil gauche. 

- Chérie ? Tout va bien ?

- Euh, oui, excuse moi, sale journée.

La journée, peut-être, mais ce matin, Catherine, était le meilleur matin de ta vie.

- Tu veux en parler ?

- Non, je suis trop fatiguée pour ça. Mytho. Je vais aller prendre une douche et dormir.

- Quoi ? Mais il n'est que 19h00.

- Oui et donc ? Je te dis que je suis fatiguée.

La colère a pris le dessus. C'est indéniable : Luc est particulièrement agaçant aujourd'hui. Je ne lui ai même pas laissé le temps de répondre à cette attaque, j'ai tourné les talons et me suis dirigée vers la salle de bain.

J'ai pris le soin de fermer la porte à clé, la première fois en quinze ans de vie commune avec Luc. Mais j'ai besoin de ma tranquillité. J'ai besoin de méditer sur ma vie, faire le vide, réfléchir...

L'eau est à une parfaite température, trente-neuf degrés tout rond. Recouverte de mousse blanche à la délicate odeur de rose et de vanille, j'y plonge mon corps, des pieds jusqu'au cou. La détente pourrait être totale, mais ma tête est aussi lourde qu'une tonne de plomb. 

Je laisse mes mains se balader sur mon corps, me rappelant celles de Jade qui me touchaient encore il y a quelques heures. Une petite décharge électrique me saisit alors, la même que lorsque nos lèvres se sont touchées. Est-ce qu'y penser, c'est tromper ? Vous vous êtes embrassées, Catherine, tu n'es plus à cette limite-ci.

Seule dans cette salle de bain, entourée d'un mur couleur sable et d'un sol en travertin, la chaleur de l'eau laissant des fines buées sur les grands miroirs de la pièce et l'odeur de rose-vanille traversant mes narines, je laisse mes pensées interdites remplir tout l'espace de mon esprit. 

Mes mains toujours sur mon corps, passant de mon bras gauche à mon cou, je les laisse se balader de plus en plus bas, m'imaginant que ce soit celles de Jade. Mon souffle est court. L'eau est à 39°C, mais dans mon ventre, le ressenti est à 50. Je n'ai jamais ressenti cela avant. Décidément...

Mes doigts effleurent mon ventre. Décharge. 

Je les fais descendre jusque mon entrejambe. Décharge. 

Je ne vois qu'elle sous mes paupières. Mon corps réagit rien que de penser à son visage. Et à sa bouche. Et à ses doigts. Je suis mouillée. Trempée. Même entourée d'eau, je sens mes jambes se liquéfier d'un liquide encore plus chaud que mon bain moussant. Elle a vraiment ce pouvoir-là sur moi. Je n'ose même pas imaginer si c'était elle qui était là. 

Mes doigts tourbillonnent autour du point le plus érogène que je puisse avoir, me procurant ainsi une détente maximale, même si mes jambes sont tendues. Mes yeux sont toujours fermés, mon clitoris de plus en plus dur, et plus bas, de plus en plus mouillé. Je sens que je suis au bord du gouffre, et j'ai envie de m'y jeter. Pourtant, je me rappelle de la douceur de Jade, et je veux faire durer ce plaisir plus longtemps. Avec mon autre main, je descend, et dans un vague de plaisir extrême, j'y insère mon index. Oh bordel. J'imagine Jade me dire à quel point elle a envie de moi et tout d'un coup, mon index n'est plus suffisant. J'insère mon majeur et commence des va-et-viens de plus en plus rapide. Je ne respire même plus tellement cette sensation est exquise. Je suis sur le point de jouir...

Toc toc toc.

- Chérie, tout va bien ? 

Putain. Luc.

- Oui tout va bien, j'ai besoin de silence. S'il te plaît. J'ai vraiment mal à la tête.

- D'accord, je t'ai laissé ton repas sur la table. Je dois finir un travail que j'ai commencé. 

- Merci.

Il aurait vraiment pu attendre deux minutes de plus avant de frapper à la porte, bordel.

Mais qu'est-ce que je fais, moi aussi ? C'est mon mari. Et pourtant, c'est elle qui occupe toutes mes pensées. Pas lui. 

Me voilà, dans une salle de bain, comme une ado de quatorze ans, à fantasmer sur les petits doigts et la bouche d'une nouvelle collègue, et qui oublie totalement que j'ai un mari et deux enfants. Qu'est-ce que je suis sensée devoir faire ? Tout plaquer pour vivre une histoire d'amour incertaine ? Rester dans cette vie stable en risquant de passer à côté de la plus belle chose qui pourrait m'arriver ? 

Mon regard, perdu dans le vide, se pose sur mon téléphone. Merde. Jade. Je n'ai aucune nouvelle. Je n'en ai pas donné non plus. Je décide de sortir de mon bain, et saisit mon téléphone dans ma main droite encore tremblante après ce qu'il vient de se passer dans la baignoire. J'ouvre l'application Messages et commence à lui écrire un message.

J'écris. Quelques mots. J'efface. J'écris à nouveau. Un gamine, je vous dis.

Finalement, je décide de lui écrire les premiers mots me passant par la tête et de le lui envoyer sans réfléchir. 


N.B : Vous pensez qu'elle lui a écrit quoi comme message ? :-)

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