XXI : Ondée.

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Souvent, dans les œuvres de fiction, lorsque tout va mal, que le protagoniste traverse une période difficile, ou un moment fort en intensité dramatique, la météo s'accorde et ça donne lieu à une scène de pluie. Remarque, dans les films romantiques, ou les romans à l'eau de rose, on retrouve souvent celle du baiser qui se fait sous la pluie, et c'est loin d'être dramatique, fort heureusement. Bien que je n'ai jamais été amoureuse, je me suis toujours demandé comme ça se passerait pour moi... et surtout, qui se trouverait en face. 

Mais là, ça n'a rien de romantique. Je viens tout juste de sortir d'un épisode de crise d'angoisse, une horreur, et il s'est mit à pleuvoir soudainement, sans prévenir. J'ai toujours aimé le son de la pluie, c'est quelque chose d'apaisant, de doux... mais j'ai l'impression, à cet instant, que ça s'accorde un peu trop avec ce que je viens de vivre. Comme si quelqu'un là-haut s'amuse à accorder la météo sur mon humeur, comme dans les fictions justement... un vrai cliché.

- Bon... Toujours aucun signe de Gojo. 

Alors que je consulte l'écran de mon téléphone vide de toute notification. 

Je remarque en même temps que c'est bientôt l'heure de la pause déjeuner pour les étudiants. Izuku m'enverra bientôt un petit mot, ce qui me donnera un sourire d'un durée de quelques secondes, mais qui fera son effet. 

En attendant, je peux toujours continuer à travailler de mon côté. Mon ami s'est appliqué à me passer tous les cours que j'ai manqué depuis, ce que je ne dois pas négliger vu que je veux intégrer Yuei. Je devrais m'y mettre tout de suite, et reprendre petit à petit le rythme de travail. Ça aussi, ça m'occupera l'esprit. Et quand je recevrai le feu vert du docteur, je reprendrai une activité physique. Si je suis en bonne voie, j'ai toutes mes chances pour quitter cet endroit. 

Aujourd'hui ne change pas de d'habitude concernant l'ambiance générale. Pas d'urgence à noter cependant. On voit simplement le personnel faire des allers et venues dans le couloir, poussant des chariots, des fauteuils, consultant leurs blocs-notes, leurs téléphones, discutant entre eux... Ça me rappelle l'hôpital de Musutafu. Je n'ai jamais eu de nouvelle à ce sujet. Tout le monde a mystérieusement disparu sans laisser de trace. L'hôpital s'est retrouvé désert, comme si tout le monde avait subitement quitté son poste ou sa place en laissant en plan ce qu'il faisait...

Je ne peux pas m'empêcher de penser que ces pauvres gens ont dû être tués par mes parents, par ma mère du moins, pour s'amuser ou... d'autres desseins machiavéliques. Je n'ai jamais réellement su pourquoi ils ont fait ça, ni quels sont leurs objectifs. Je n'y avais pas repensé depuis un moment, mais maintenant que je l'ai revu, je dois bien avouer que mon esprit s'en préoccupe plus que je ne l'aimerai. C'est pour ça que j'essaie de l'occuper avec autre chose, comme le dessin ou le travail scolaire.

- Tiens...? 

Depuis que je suis arrivée à l'hôpital, je n'ai jamais croisé personne dans les chambres voisines à la mienne. Pourtant, je remarque que la chambre en face de la mienne semble occupée, parce que j'entends des voix. Par pure curiosité alors, je m'approche pour savoir qui se trouve là et ce qui lui arrive, sur un pas lent et léger. Je me place près de l'encadrement, suffisamment pour que ma tête en dépasse et puisse permettre à mes yeux d'épier à l'intérieur. 

Je vois trois adultes autour d'un lit, dont un habillé comme le personnel de l'hôpital. Il est dos à moi ; les deux autres personnes sont face à lui, mais de l'autre côté du lit. Je distingue vaguement leurs visages qui ont l'air accablés par l'inquiétude et la tristesse. Une ombre passe sur leurs yeux, les dissimulant, mais j'aperçois une chose brillant sur leurs peaux. Des larmes. Et j'entends ce qui semble être des reniflements. 

Il s'agit d'un homme et d'une femme. Le monsieur en question a les joues mouillées et la bouche qui grimace. Je peux même voir d'ici sa mâchoire qui est contractée, mâchoire décorée d'une barbe d'au moins trois jours. Il a le visage marqué, vieilli et le teint de sa peau s'approche plus de la couleur pâle que clair... Quant à la dame qui est à ses côtés, elle a les mains qui couvrent sa bouche, le dos courbé légèrement vers l'avant et les épaules qui sont secoués par des sanglots incontrôlables. Leurs vêtements à tous les deux sont froissés, mal arrangés car des pans de chemise dépassent, des boutons ne sont pas fait... 

Le Bien issu du Mal. {En cours}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant