III : Tourments.

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- Ce n'est pas trop serré ?

- Non, ça va. Je la rassure.

Mes yeux croisent les siens, et j'y lis l'inquiétude, de la tristesse et même de la peur.

Yumi n'a jamais été tranquille à chaque fois qu'il m'arrive la moindre bricole. Je sais que c'est en partie à cause de son hyper sensibilité, mais ça s'est décuplé depuis la mort de Toge. En même temps, c'est compréhensible : elle n'a pas envie de perdre une autre personne qui lui est chère.

Mes parents adoptifs ont été séparés brutalement, comme tous les couples qui se sont brisés à la suite de la mort d'un des deux. À la base, ça devait être une simple mission de routine, rien de bien méchant, et il faisait ça depuis des années, alors que pouvait-il craindre, ou imaginer qu'il lui arrive ? C'est sûrement à cause de ça... il a baissé sa garde car c'était devenu son quotidien et résultat, ça lui a coûté la vie. C'est la preuve comme quoi, on ne peut jamais totalement se relâcher, même dans un lieu qu'on croit connaître comme sa poche et dont on a l'habitude de saluer chaque personne y passant.

Papa m'a embrassé le front puis il a embrassé la joue de Yumi, lui promettant qu'ils allaient à nouveau passer du temps ensemble, qu'il ralentirait le travail parce qu'elle lui manque. Il lui a aussi promis de rentrer suffisamment tôt pour qu'ils se préparent un dîner en amoureux. Puis il a passé la porte d'entrée tout en nous adressant un signe de la main, et ne l'a jamais franchie à nouveau.

C'est la première fois que j'ai vu ma mère s'effondrer de la sorte.

Tout a commencé avec un coup de fil alors qu'on venait à peine de rentrer, elle du travail, et moi de l'école. Comme tous les jours, elle était venue me chercher et m'avait acheté sur la route le magazine Héros, un nouveau numéro paraissant tous les mois. Et alors que je me déchaussais en vitesse, le téléphone sonna. C'était rare qu'on reçoive des coups de fils à la maison. D'habitude, on appelait papa ou maman directement sur son portable... mais ce jour-là, maman n'avait plus de batterie.

Yumi s'est avancée jusqu'au petit meuble du téléphone dans le coin du salon, et décrocha le combiné, répondant avec son habituel sourire sur les lèvres et son ton de voix jovial. Elle était face à moi durant ceci, et je la voyais immobile. Elle ne bougeait plus. On aurait dit qu'elle venait tout juste de se figer sur place.

Puis j'ai vu son regard se vider subitement, perdant tout son éclat scintillant de vie alors que son visage se décomposait tout aussi soudainement. Il avait changé si rapidement que ça m'a fait sursauter. Le combiné quitta son oreille pour s'écraser sur le sol alors que Yumi restait immobile, son bras pendant mollement le long de son corps. Sa bouche s'était entrouverte, l'épouvante se lisant sur son visage, se mêlant au choc qui la tétanisait.

 Sa bouche s'était entrouverte, l'épouvante se lisant sur son visage, se mêlant au choc qui la tétanisait

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Dans la maison, l'air s'est alourdi brutalement et j'ai ressenti une gêne au niveau des poumons. J'ai passé ma main sur ma gorge, demandant timidement à ma maman ce qu'il se passait... mais tout ce que j'ai obtenu fut un hurlement de chagrin et de désespoir alors que je la vis s'effondrer. C'est comme si ses jambes venaient de se dérober, et qu'elle s'était faite écrasée par le poids d'un immeuble en une fraction de secondes.

Le Bien issu du Mal. {En cours}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant