XV : Inattendu.

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Gojo a été prévenu plus tôt dans la journée qu'au vu de l'état de santé, autant physique que mentale, d'Akemi, elle passerait plusieurs jours, voire quelques semaines à l'hôpital, histoire d'être bien suivie pour se rétablir correctement et complètement. Elle peut déjà se déplacer, mais elle doit se ménager. La petite ne réagit pas beaucoup quand il est là, et il se dit que lui, quand il a traversé le deuil, il avait besoin d'être seul. Il voulait s'isoler et se tenir à l'écart de tout le reste du monde parce que sa douleur était trop grande, qu'il aurait put blesser quelqu'un sans le vouloir... ce qu'il avait fait, et il ne voulait pas recommencer car ça lui avait coûté beaucoup.

Alors Gojo s'est dit qu'elle avait sans doute besoin d'être seule elle aussi. Les humains réagissent différemment les uns des autres au deuil, à la mort d'un proche, que ce soit un ami ou un parent, un amour ou un proche... alors il a préféré la laisser seule. Peut-être était-ce là une mauvaise décision, mais Gojo ne voulait pas lui imposer sa présence alors qu'il ne sait clairement pas comment s'y prendre. Il aurait put empirer les choses et ce n'était pas ce qu'il voulait.

Il a décidé de se rendre utile autrement. Il est parti chez Akemi et avec ses clefs, il est entré dans la maison. Puis le blanc s'est mit au ménage, au rangement. Il a aéré l'habitation, l'a entretenu, l'a tenu en ordre. Elle n'est pas bien immense ni beaucoup meublé, possédant le nécessaire pour une petite famille... cette simple pensée appuyant un peu plus sur la réalité des choses, à savoir que c'est désormais une maison bien trop grande pour une orpheline. 

Mais c'est comme ça qu'il s'est retrouvé dans le bureau de son petit frère.

Gojo n'aime pas être intrusif. S'impliquer de lui-même dans quelque chose qui ne le regarde pas, ce n'est pas son genre. Il ne se mêle pas de ce qui ne le regarde pas, sauf si ça peut sauver une vie ou si ça peut aider quelqu'un qui lui est cher. Si ça part d'une bonne intention, il n'hésitera pas. Mais là, c'est le bureau de son frère mort il y a quatre ans, et avec qui ça s'est très mal fini. C'est une pièce plutôt intime, personnelle... mais l'aîné ne pense pas à mal en entrant ici. Il veut juste voir l'endroit où Toge travaillait, où son frère passait une partie de son temps... en apprendre plus sur lui. En apprendre un peu plus sur ce cadet qu'il n'a plus revu depuis quelques années.

Il ajuste ses lunettes sur son nez, portant sa deuxième paire qui comporte des verres plus rectangulaires que la première paire, alors que ses yeux reconnaissent bien la pièce lorsqu'il y pénètre, ou plutôt l'empreinte de Toge incrustée sur cet endroit : C'est bien rangé, les meubles sont comme neufs, régulièrement dépoussiérés ; les affaires triées et ordonnées par alphabet, rangées sur les étagères murales, avec des installations suspendant des pots d'orchidée, la fleur préférée de son petit frère. Le bureau siège devant une grande fenêtre dont les rideaux de couleur froide sont tirés, filtrant la lumière extérieure, et Gojo remarque un cadre photo en biais contenant deux photographies, l'une de son mariage avec Yumi, et ça lui fait étrange d'ailleurs, car la seule fois où il l'a vu en vrai, ce fut le jour où elle est morte. 

Et l'autre où il porte sa fille dans ses bras, vêtu de son costume héroïque : une combinaison noire s'arrêtant au-dessus des genoux, laissant voir ses jambes zébrées de cicatrices, sans manches, dévoilant ainsi ses bras barrés également de cicatrices, avec une capuche et des baskets tout terrain. L'aîné sourit à la vue de ces photographies, hochant légèrement la tête, son faciès exprimant de la fierté. 

Mais il remarque surtout cette petite pile de documents au centre du meuble, fixés par un presse-papiers, œuvre d'un enfant, Akemi bien sûr : il s'agit d'une carpe plutôt bien modelée, même si on reconnait que c'est une main enfantine qui l'a façonnée, certains traits n'étant pas droits, la tête étant plus grosse que le corps, la peinture rouge laissant à désirer sur la façon dont elle a été étalée... mais l'objet en lui-même est touchant, et on sent qu'elle y a mit tout son cœur dans cette création, comme pour son dessin qu'il a vu l'autre fois.

Le Bien issu du Mal. {En cours}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant