Chapitre 4

1.1K 87 53
                                    


Le soir était tombé et Harry était assis sur sa terrasse, dégustant sa salade de crudités. Après le calme qui s'était emparé de lui suite à sa réconciliation avec Malfoy, il s'était senti impatient et stressé. A présent que les tensions étaient tombées et qu'il avait fait le point dans sa tête, Harry avait envie de le revoir, saisit par une sorte d'urgence, comme s'il était maintenant de son devoir de veiller à ce que Draco aille bien. Il voulait lui parler, savoir comment il allait, s'il se sentait aussi seul que lui, s'il arrivait à être heureux malgré tout, ne serait-ce qu'un peu.




Et s'il n'avait personne à qui écrire ?

Si personne ne prenait de ses nouvelles ?

Si personne ne lui disait qu'il était innocent ?





Qu'il n'était pas un monstre.

Qu'il n'était pas responsable.

Qu'il n'était qu'un enfant.





Lui avait-on déjà dit qu'il était lui aussi une victime de cette guerre ?


Que les plus grandes blessures sont celles que l'on ne voit pas ?





Et s'il se sentait aussi invisible que ses traumatismes ? Pire, s'il se sentait insignifiant ?





Toutes ces questions, Harry se les était posées pour lui-même, il avait cheminé et appris à aller mieux. Il voulait que tout le monde soit capable d'aller mieux. Que Malfoy aille mieux. Ce n'était pas un ami, mais ce n'était pas un inconnu. Ils avaient vécu beaucoup de choses ensemble, dans des camps opposés certes, mais à la fin seuls les traumatismes restaient. Ces traumatismes, Harry était à peu près certain qu'ils les partageaient. Alors quitte à vivre dans la même ville, autant essayer de s'entraider, non ? Harry espérait que Malfoy serait d'accord.


En rentrant dans son salon, Harry jeta un regard à la cage vide de sa chouette. Il en avait acheté une nouvelle avant de partir. Hermione l'avait presque obligé, le menaçant de révéler à la Gazette l'endroit où il vivait s'il ne lui écrivait pas. Face à une telle menace, il avait été obligé de capituler. Hedwige lui manquait, mais cette nouvelle chouette était pratique pour envoyer son courrier. Elle ne le pinçait jamais et ne boudait pas lorsqu'il l'enfermait pour ne pas éveiller les soupçons de ses voisins, alors Harry était comblé. Il lui tardait qu'elle revienne, apportant avec elle la réponse de son amie. Avec le temps, il avait appris à aimer écrire. Il s'était rendu compte que c'était plus facile de révéler ses sentiments, ses pensées les plus noires, par écrit. Cela l'aidait, le soulageait, et Hermione avait ainsi l'impression satisfaisante de participer à sa thérapie. Tout le monde était content, et tout le monde allait mieux.


Harry s'installa sur son canapé, tout en se demandant comment aborder Malfoy le lendemain. Cela allait faire la quatrième fois qu'il le rejoindrait au café et il manquait d'arguments pour continuer à s'asseoir à ses côtés. La première fois cela avait été naturel, la deuxième, sa tentative de passer inaperçu avait lamentablement échoué, la troisième, il avait eu des excuses à présenter. Que pouvait-il dire à présent ? Peut-être pouvait-il simplement arriver et commander son diabolo grenadine, comme si de rien n'était. Mais cela paraîtrait suspect.


Après tout, ils n'étaient pas amis.





Harry avait décidé d'aller faire quelques courses et de s'arranger pour rentrer chez lui en passant par la fameuse place sur les coups de onze heures. Comme ça si Malfoy était là, il pourrait aller le saluer sans donner l'impression d'être sorti juste pour le retrouver. C'est donc les bras chargés qu'il marcha nonchalamment vers la terrasse du café, ayant aperçu de loin l'éclat blanc des cheveux de Draco. En arrivant à hauteur des tables, il feint l'étonnement en croisant le regard de Malfoy. Tiens, il est déjà onze heures ? Je n'avais pas réalisé, je ne m'attendais pas à te croiser. Le sourire narquois qu'il récolta en échange montrait que sa comédie n'avait pas été convaincante. La ruse c'est pour les Serpentard Potter, le courage te va mieux. Sans s'en rendre compte, Harry s'était stoppé au milieu du passage, étant ramené à la réalité par le serveur qui voulait passer. Percé à jour, il ne savait plus trop quelle excuse sortir pour venir s'asseoir en face de Draco, ce dernier l'observant toujours d'un air moqueur, comme s'il était conscient de la gêne de Harry mais qu'au lieu de l'aider, il s'en amusait. Peut-être lui faisait-il payer ses mots déplacés de l'avant-veille.


Café Crème (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant