Café Crème (Drarry)

Chapitre 16

- Tu sais, Potter, si on m'avait dit qu'un jour je serais assis ici avec toi, à boire un café, je ne l'aurais jamais cru.

Installés à leur table habituelle, l'un en face de l'autre, Draco et Harry sirotaient leurs boissons en discutant, comme tous les jours depuis maintenant plusieurs mois. Déjà. C'était devenu tellement naturel pour Harry qu'il ne se posait même plus la question. Il avait l'impression que c'était son quotidien depuis toujours. Et en même temps, Draco avait raison. Lorsqu'on y réfléchissait, c'était vraiment inattendu et étrange. Quelquefois, quand il regardait Draco, il pouvait encore voir l'adolescent cruel et arrogant qu'il détestait. Mais la plupart du temps, plonger ses yeux dans les siens était comme entrer dans un refuge qui le faisait se sentir bien et en sécurité. Et étrangement, cette contradiction n'était pas si difficile à appréhender. Draco pouvait le rassurer et l'agacer tout à la fois, et Harry aimait leur relation comme cela.

- Mmh, sauf si on t'avait précisé que le rendez-vous se solderait avec toi me renversant ta tasse sur la tête, pendant que je serais en train de t'insulter de tous les noms. Là ça t'aurait semblé normal.

- Ce serait une réaction bien trop moldue de ma part. J'aurais plutôt opté pour un sortilège de furoncle, si tu veux mon avis. Mais attends, nous sommes en rendez-vous ?

Face à cette question, Harry ne put s'empêcher de rougir légèrement. Pourquoi ces mots sonnaient-ils si bizarrement ? Oui techniquement ils étaient en rendez-vous, puisqu'ils se retrouvaient ici tous les jours à la même heure et que si l'un des deux le ratait, l'autre exigeait des explications et des excuses. Mais ils n'étaient pas en rendez-vous au sens que sous-entendait Draco. Ce n'était pas un rendez-vous amoureux. Il le savait, Draco le savait. Alors pourquoi rougissait-il bon sang ?

Il décida de couper court à la blague et de ne pas rentrer dans le jeu de Draco. C'est ce qu'il voulait, de toute évidence, alors il ne lui ferait pas ce plaisir.

- Pff t'es bête.

Sobre, concis. Ils pouvaient à présent aborder un autre sujet.

Pourtant, à son grand désarroi, le blond continua :

- Je te ferais remarquer que notre rendez-vous n'est pas terminé, tu n'es pas à l'abri de te recevoir un café à la figure. Alors un conseil, ne m'énerve pas trop. Ah, et j'aime autant te prévenir, je ne couche jamais le premier soir.

Face à l'air dépité de Harry, Draco explosa de rire. Merlin qu'il était agaçant. Cependant, il ne put s'empêcher de sourire. Agaçant mais étrangement attachant.

Cette pensée créa un nœud dans son ventre. Oui, Draco Malfoy était attachant. N'en déplaise à son estomac qui semblait très réactif à cette idée.

Draco Malfoy était attachant.

Était-ce cet attachement qui lui avait donné envie de caresser sa main l'autre soir ? Et de s'endormir contre lui ? Il n'était pas sûr que ce soit une raison suffisante.

Était-ce cet attachement qui le faisait se lever tous les matins et marcher - courir - jusqu'à leurs rendez-vous quotidiens ?

Était-ce parce qu'il était attaché au blond que son rire provoquait en lui une envolée de papillons ? Non, c'était absurde. D'ailleurs, aucun papillon ne vivait dans son ventre, alors l'histoire était close.

L'attachement n'avait rien à voir là dedans. D'ailleurs, il était attaché à d'autres choses, d'autres personnes, et pourtant il n'avait pas envie de les regarder jusqu'à se brûler la rétine, ni de trouver les blagues les plus drôles pour les entendre rire encore et encore. Il se fichait de savoir comment Ron buvait son café, et il ne trouvait pas les yeux de Hermione particulièrement attrayants.