Café Crème (Drarry)

Chapitre 22

Il avait continué à pleuvoir toute la semaine. L'air était glacial et une pluie fine s'abattait sur la ville en continu depuis six jours, empêchant toute sortie. Six jours que Harry était enfermé dans son appartement à tourner en rond. Six jours qu'il n'avait pas vu Draco et bu son diabolo grenadine. Il avait pensé au blond tous les jours, presque chaque minute de chaque heure. C'était fou de voir à quel point il était présent dans tous les gestes de son quotidien alors même qu'il n'en avait jamais fait partie, à l'exception de leurs rendez-vous au café.

Dès qu'il tournait la tête, il le voyait.

Il imaginait ses yeux en observant le ciel orageux.

Il entendait son rire bref et éclatant en écoutant de la musique.

Il pensait à ses lèvres pleines qu'il souhaitait tant embrasser et à sa langue qui sortait les caresser après avoir bu une gorgée de son café, chaque fois qu'il se préparait à manger.

Et quand il somnolait... Quand il somnolait, son esprit se permettait d'imaginer tout, tout ce à quoi il n'avait pas accès. Tout cet interdit dont il avait tellement envie. Les caresses de Draco, sa peau, sa chaleur. Alors son corps s'embrasait, se détachant finalement de sa trop longue léthargie, et récompensait ses pensées qui lui permettaient enfin de rêver.

Il se réveillait collant, haletant, un peu honteux, mais tellement vivant.

Harry ne se posait pas vraiment de questions, ne se demandait pas comment il allait gérer ses sentiments sur le long terme. Avoir ce genre de pensée était nouveau pour lui, il s'éveillait enfin au monde, et cela lui plaisait. Il se sentait libre. Alors au contraire, il pensait le plus possible à cet homme qui lui faisait naître des émotions inespérées. Il se saoulait de ses souvenirs, de sa présence omniprésente, du tsunami qu'il provoquait en lui.

Tous ces détails le hantaient, l'assaillant constamment, lui rappelant que cela faisait six jours qu'il ne l'avait pas vu.

Ils ne s'étaient pas donné de nouvelles depuis leur soirée au bar. Depuis que Draco l'avait attrapé par les hanches et l'avait embrassé sur le coin des lèvres. Ce souvenir, d'ailleurs, était celui que Harry rejouait le plus. Il s'était imaginé ce qui aurait pu se passer ensuite, si Draco n'avait pas transplané, et ses pensées prenaient toujours la même direction. Un baiser sauvage, plaqué contre la porte. Une peau chaude contre la sienne, bouillante. Des vêtements qui tombent, des mains qui électrisent, des soupirs qui étourdissent.

Et son propre corps qui se réveille au gré de son imagination, tous les jours un peu plus.

Aujourd'hui encore, alors qu'il est allongé sur son canapé, il pense à Draco. Il n'a pas osé le contacter, espérant que lui le ferait. Il ne l'a pas fait. Harry a un peu peur de s'être trop dévoilé pendant la soirée. Il espère que les choses entre eux n'ont pas changé, que son amitié n'est pas devenue gênante ou embarrassante pour le blond. Mais Draco ne l'a pas contacté.

Peut-être a-t-il honte de ce qu'il a fait ? Peut-être regrette-t-il de l'avoir embrassé ? Il ne devrait pas, c'était le moment le plus merveilleux que Harry ait vécu. Il était persuadé que grâce à ce simple souvenir, il pourrait invoquer dix Patronus d'un coup. Au moins. Mais Draco faisait le mort, et Harry le lui rendait bien. Perdu dans ses pensées, la main négligemment posée sur sa poitrine, le brun sentait son cœur battre doucement.

Son cœur qui aujourd'hui lui criait que Draco lui manquait.

Soupirant, Harry se leva finalement de son canapé. Il n'avait plus grand chose dans son frigo alors il décida d'affronter la pluie et d'aller faire quelques courses. Il avait besoin de prendre l'air, et tant pis s'il était trempé. Un sort d'air chaud une fois à l'abri des regards et ça serait réglé. Il s'habilla, sortit de chez lui et se rendit à la supérette du coin, quatre rues plus loin. Celle-ci était déserte, les touristes lui ayant sans doute préféré un grand centre commercial pour y passer la journée au sec. Harry acheta de quoi manger pour quelques jours, des fois que l'orage ait décidé de s'inviter en Espagne un peu plus longtemps, et sortit pour vite regagner son appartement.