Café Crème (Drarry)

Chapitre 28

Debout devant la glace, Harry s'observait en se triturant les doigts. Sa chemise boutonnée jusqu'au col le serrait, et sa cravate bleue marine l'angoissait. Il n'en avait plus porté depuis Poudlard et avait l'impression d'être déguisé. Plus que tout, il appréhendait le moment où il devrait glisser ses pieds dans ses chaussures vernies qui faisaient clac clac lorsqu'il marchait. C'était pas le plus pratique pour passer inaperçu. Et Merlin seul savait à quel point Harry souhaitait passer inaperçu. Il se retenait très fort d'aller chercher sa cape d'invisibilité dans son armoire. Mais non, il devait le faire. Il devait arrêter de se cacher.

Soupirant, il finit par se détourner et alla chercher sa veste. Il allait passer sa première soirée si loin de chez lui depuis longtemps. Ou si près, il ne savait pas trop.

Arrivé à la porte d'entrée il consulta sa montre et s'aperçut que son Portoloin partait dans seulement quelques secondes, juste le temps pour lui de passer les barrières magiques de son appartement et de l'attraper. Il redoutait. Il redoutait tellement ce qui allait se passer durant cette soirée.

Il aurait aimé que Draco soit là pour le rassurer, mais il avait préféré le laisser gérer cela seul. Harry le comprenait. C'étaient ses démons, son passé, et il devait les affronter. Draco avait suffisamment à faire avec les siens de son côté. Ils ne pouvaient pas tout faire ensemble, malheureusement.

Après avoir tout verrouillé et sécurisé, Harry attrapa finalement la petite pièce de monnaie qui commençait à briller, et expira profondément une dernière fois avant d'être emporté loin, si loin de chez lui. Ou si près, il ne savait toujours pas.

Lorsqu'il arriva au pied de la petite colline, le jour commençait à tomber. Il faisait froid à présent, surtout ici, loin de la mer et des places pavées. Il lui tardait de rejoindre la grande tente qu'il voyait dressée au loin. Il devait y faire chaud à l'intérieur.

Sans se laisser plus de temps pour réfléchir - et se dégonfler - Harry se mit en marche, se répétant ce qu'il dirait une fois que toutes les têtes seraient tournées vers lui. Il ne voulait pas attirer l'attention, mais c'est ce qui arriverait, n'est-ce pas ? C'est ce qui arrivait toujours.

Pourquoi avait-il décidé de venir, déjà ? Il allait tout gâcher. Sa présence allait accaparer les discussions et il allait saboter cette journée si spéciale. Tout ça pour que sa foutue conscience soit apaisée et le laisse tranquille. La solitude le rendait égoïste.

Après quelques minutes de marche qu'il passa perdu dans ses pensées, Harry arriva devant l'entrée de la tente et entendit quelqu'un parler de l'autre côté. C'était une voix grave, un homme. Les paroles résonnaient, comme si les murs n'étaient pas faits de toiles mais de pierres. Elles enveloppèrent Harry et firent accélérer son cœur.

Son col le serrait, il allait étouffer.

Soudain il eut chaud, très chaud. Pourtant il n'était même pas encore entré à l'intérieur. Il avait l'impression qu'on venait d'allumer un énorme feu juste à côté de lui.

Non, il avait l'impression qu'on venait de le jeter directement dans les flammes et que celles-ci brûlaient ses entrailles. Haletant, il passa ses mains sur son visage.

Ses doigts étaient glacés.

C'est alors qu'au seuil de la crise de panique, la voix de Draco résonna à ses oreilles. C'était sa voix douce, celle qu'il utilisait la nuit pour l'apaiser. Elle lui disait que tout allait bien se passer. Que les gens de l'autre côté de la toile seraient heureux de le voir, et que lui, Draco, l'attendait chez eux.