Chapitre 11

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Harry était finalement rentré chez lui peu de temps après leur discussion. Il avait senti la vulnérabilité de Draco et que ce dernier était mal à l'aise de s'être ainsi dévoilé. Alors, pour ne pas augmenter sa gêne, il avait décidé de s'en aller. Ils se verraient au café le lendemain de toute façon. Harry avait hâte d'honorer à nouveau ces rendez-vous.


Sur le chemin, il avait beaucoup réfléchi, repassant sans cesse dans sa tête les mots qu'ils s'étaient livrés. Des discussions sérieuses, ils en avaient déjà eues. Des conversations lourdes, tristes, difficiles. Mais elles étaient jusqu'à présent toutes liées à leur passé. C'était la première fois qu'ils parlaient vraiment de ce qu'ils ressentaient, au présent. Harry avait dit qu'ils étaient amis et Draco ne l'avait pas contredit. Peut-être que cette dispute avait finalement été nécessaire pour qu'ils puissent afin s'accorder, et jouer la suite en harmonie. Il y aurait sûrement encore des fausses notes, quelques ratés, mais pour la première fois, Harry se sentait serein. Il savait enfin. Il savait que Malfoy ne se jouait pas de lui, qu'il était lui-même empli de doutes et d'insécurités. Il savait que Draco avait aussi peur que lui de se faire avoir.


Plus que tout, il savait à présent à quel point la guerre avait fait perdre à Draco toute sa confiance en lui. C'est pourquoi Harry se promit de ne pas surréagir la prochaine fois qu'un conflit se présenterait, il se promit de toujours favoriser le dialogue, comme aujourd'hui. C'était difficile, ni l'un ni l'autre n'était très doué pour mettre des mots sur ce qu'ils ressentaient, mais il essaierait. Car cette amitié qui avait surgi de nulle part, ce lien invraisemblable qu'ils avaient construit, était peut-être la clé pour enfin guérir. Ça comptait pour lui. Ça comptait énormément.




En s'asseyant au café ce matin-là, trois diabolos grenadine l'attendaient sur la table. Harry regarda Draco, amusé, et ce dernier haussa les épaules. Ces trois verres symbolisaient le pardon, clôturant définitivement leur dispute.


Harry entama sa première boisson, et se demanda si le fait d'en avoir trois à boire rallongerait la durée de leur rendez-vous. Draco allait-il rester ou le laisserait-il finir seul ? Il espérait qu'il l'attendrait.


- J'ai reçu une lettre de ma mère hier soir.


Surpris, Harry observa le visage de Draco. Ce dernier était impassible, comme à son habitude. Harry ne savait pas s'il était heureux d'avoir reçu cette lettre ou si au contraire il en était triste ou énervé. Il se dit que le fait qu'il lui en parle comme ça, de lui-même, montrait au moins qu'il n'était pas indifférent.


- Ah ? C'est... Bien ?


Face à cette réponse, Malfoy ricana.


- J'imagine. Elle ne sait pas que je suis en Espagne, elle me croit toujours aux États-Unis. C'est la première lettre que je reçois en trois mois.


- Tu vas lui dire que tu es ici ?


- Je ne sais pas.


Malfoy ne rajouta rien et son regard se perdit sur les verres alignés dont l'un déjà était vide. Indécis, Harry attendit la suite, mais elle n'arriva pas. Voyant Draco se perdre dans ses pensées, il se jeta à l'eau.


- Tu as des nouvelles de ton père ? Je veux dire, ta mère va-t-elle lui rendre visite ou vous avez préféré couper les ponts avec lui ?


Malfoy l'observa, longtemps. Harry avait l'impression qu'il le jaugeait, comme pour voir s'il pouvait se confier librement. Le brun soutint son regard, le laissant plonger entièrement dedans, pour lui montrer que Draco n'avait rien à craindre, qu'il n'allait pas exploser de colère à l'évocation du Mangemort.


Café Crème (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant