Les trois « D »: Deuil, Dispute, Drame

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Avec toutes ces émotions, j'ai ressenti le besoin impérieux de me retrouver. J'ai quitté le loft pour passer quelques jours chez mon père. Son accueil, chaleureux et inconditionnel, est comme un baume sur mon âme meurtrie. C'est le seul homme de ma vie qui ne m'a jamais blessée, jamais trahie.

Nous parlons beaucoup, ou plutôt, je parle beaucoup et il m'écoute, comme toujours. À travers ses yeux, je vois son inquiétude pour mon avenir, pour le poids des responsabilités qui s'abat sur moi, et pour l'immense fortune que je vais bientôt hériter. Mais ce qui le préoccupe le plus, c'est ce mur de pierre que j'ai érigé autour de mon cœur. Il le devine, même si je fais tout pour le masquer. Chez lui, je me sens protégée, dorlotée, comme si je retrouvais ce cocon que j'avais perdu depuis si longtemps. C'est exactement ce dont j'avais besoin.

Dix jours se sont écoulés depuis l'annonce de Simone. Mais aujourd'hui, c'est un autre genre de douleur qui m'attend.

Je me réveille ce samedi matin avec une étrange sensation. Quelque chose d'indescriptible m'étreint. Je tourne en rond dans la maison, nerveuse, incapable de me calmer. Une nausée sourde monte en moi. Puis mon téléphone sonne. Je n'ai pas besoin de regarder l'écran pour comprendre. En prenant l'appel, les sanglots de Luca à l'autre bout du fil déchirent le silence. La perte de Simone est irréelle, mais sa douleur, elle, est bien réelle, palpable, dévastatrice.

Incapable de conduire, je demande à mon père de m'emmener chez Luca et Simone. La maison commence déjà à se remplir. Les membres de la famille arrivent, un à un, pour soutenir Luca. Ce sont des visages que je connais bien maintenant, mais il en manque un. Nathanaël n'est pas là. Je pleure avec eux, dans ce silence écrasant qui suit les grandes pertes. Certains passent des appels, d'autres répondent aux incessants messages sur le téléphone de Luca. La cérémonie se prépare à une vitesse folle, comme si chaque geste devait remplir le vide laissé par Simone.

Simone, toujours maîtresse de son destin, avait tout prévu. Même dans la maladie, même face à la mort, elle avait trouvé la force de tout orchestrer, jusqu'à son propre départ. Rien ne m'étonne venant d'elle.

Marie est présente, mais c'est comme si elle n'était qu'une ombre. Un corps sans âme, sans vie. Nous échangeons à peine quelques mots, mais je sens la distance. Tout ce que je veux savoir, c'est où est Nathanaël. Comment peut-il être absent en un jour pareil ?

Je ne sais pas exactement quelle est ma place dans cette maison en deuil. Ce monde n'est pas le mien. À leurs yeux, je ne suis probablement que la remplaçante de Simone au travail. Pourtant, Luca ne cesse de me rappeler que j'étais la fille que Simone n'a jamais pu avoir. Ses compliments, bien que sincères, ne font qu'accentuer ma douleur. Chaque mot me brise un peu plus.

Je m'occupe comme je peux, servant des boissons, préparant des petits fours pour ceux que Simone aimait tant. C'est bien peu, mais c'est la seule chose que je puisse faire. Jo est là, mais aucune conversation ne parvient à alléger cette atmosphère lourde.

En fin de journée, la famille commence à partir, un par un. Je me prépare aussi à quitter cette maison. Charly a décidé de passer la nuit avec Luca, ce qui me soulage. Je n'aurais pas supporté de le laisser seul ce soir.

Alors que je m'apprête à franchir la porte, je sens une présence. Nate est là. Trop tard, mais il est venu. Son parfum, autrefois enivrant, me noue maintenant l'estomac. Mon corps se tend, mon cœur vacille. Je ramasse mes affaires et me dirige vers la sortie sans un regard pour lui.

Nous nous croisons, mais aucun mot ne franchit nos lèvres.

– (Luca) Une minute, Divy. J'ai besoin de vous parler, maintenant que Nathanaël est ici.

Plongée dans son regard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant