Bloqué dans mon désarroi, la sonnerie de l'ascenseur me rappelle à l'ordre. Je m'apprête à sortir tête basse quand un chat noir, me coupe la route. D'où sort-il ? Je sors de l'ascenseur à sa poursuite, mais il détale à vive allure et je le perds au détour d'un couloir, tout le monde me regarde comme si j'étais fou. Ils ont sûrement raison, je croise mon reflet dans une vitre j'ai le teint pâle, les yeux sombres, les cheveux décoiffés, effectivement j'ai l'air fou ou d'un drogué. Je longe les murs comme un fugitif jusqu'à mon bureau. A la fois assis et prostré, mon esprit divague alors que je me défoule nerveusement avec un crayon. Les rêves, la fille, le chat tout se mélange dans ma tête jusqu'à créer un brouhaha impossible à déchiffrer, cette aventure arrive comme une comète dans ma petite vie tranquille. Des flashs de cette jolie brune se succèdent dans ma tête, mon esprit y butant comme si j'avais son nom au bout des lèvres. Je la connais sans pouvoir mettre un nom sur son visage.
Quant un collègue arrive,
« Arranges-toi, t'as vraiment une tête d'épouvantail »
« Bonjour et toi comment vas-tu ?»
« Je vais comme quelqu'un en retard pour la réunion, mais moi au moins je n'ai pas ta tête » « zut ! ! ! La réunion »
Je m'élance derrière mon collègue traversant le labyrinthe des couloirs, longeant la vitre qui nous sépare de la salle de réunion je m'arrange du mieux que je peux comme si personne ne m'avais vu arriver. Nous entrons en pleine réunion et là le silence se fait d'un coup pour bien nous faire remarquer notre retard.
« Puisque ces messieurs, nous font l'honneur de leurs présences, nous pouvons peut-être attaquer l'essentiel... La croissance démographique allant de concert avec notre essor géographique... »
Là, je décroche, mon corps et là mais mon esprit s'évapore, il va la retrouver. Je me dis que je suis fou, et ça me fait sourire.
Le patron me parle, je sens son regard, alors je tourne la tête vers lui l'air intéressé et j'acquiesce. Ça à l'air de le satisfaire, il retourne à son monologue, je retourne à mes songes.
Je m'effondre dans mon siège laissant mon esprit s'évader, comme un écolier quand vient l'été et qui écoute les oiseaux à l'extérieur, cet enfant s'envolerait s'il avait des ailes.
Dans la salle, chacun lance ses idées, un peu comme les joueurs d'un casino lancent leurs paris au croupier. Et la roue tourne, rien ne va plus. Mais le plus souvent c'est la banque qui gagne.
Mon monde parallèle, éthéré, vient soudain de se troubler, mes mains traînant de poche en poche viennent de rencontrer un objet inconnu, je le sors et le contemple, c'est une carte. Une carte de tarot, c'est elle, c'est elle qui me l'a donné. Je n'ai pas rêvé, cette révélation m'emplis d'un mélange de joie et de frayeur. Comme si la stupeur qui m'empreint ne suffisait pas, le boss me prend à partie en me demandant si je souhaite exposer mon point de vue, et moi avec tout l'aplomb que je ne me connais pas de lui rétorquer, que non, je n'avais rien à ajouter et que je me sens préoccupé par des sujets de toutes autres importances. Ne sachant que répondre à mon sourire le patron se rassoit reprenant ses échanges verbaux tout en me lançant un œil noir. Mon regard revenant en face de moi, je croise tour à tour tous les regards de mes congénères médusés ; puis, de mon ami qui essayant d'attirer mon attention en multipliant les grimaces, mime mon exécution en se tranchant la gorge du doigt. Je soulève un sourcil puis me remet à contempler l'objet de mes rêveries.
L'arcane est longue et étroite, noire et or, un cercle en son milieu dont la circonférence est marquée de 22 points. En dessous on pouvait lire : 0. Le mât, au dessus l'inscription : 0. Je rêve.
Nous sortons de réunion, je rêve encore debout. Mon collègue à côté de moi me sermonne et ne me donne pas envi de retrouver la réalité.
Dans la poche intérieure gauche de ma veste, la carte et là, posée sur mon cœur et quand il bat, je la sens.
Ainsi, la journée se passe... entre rêves et réalité, dans ce monde sans l'habiter vraiment.
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L'angélus
RomanceC'était aujourd'hui, il y a cent ans. Je n'ai plus grands souvenirs de cette époque Mais nous étions jeunes Et l'amour que nous avions l'un pour l'autre Faisait fleurir le printemps autour de nous. Âme sœur nous étions Âme sœur nous le savions...