La solitude

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J'étouffe vite.
Je pousse une porte battante et prend une grande bouffée d'air.
Je suis dans le hall le cœur battant, le corps tremblant errant ébloui par le jour omniprésent dans la grande salle entièrement vitrée. Pris dans cette bulle de savon je dérive à la recherche de sa surface afin de la faire éclater, quelle m'expulse. Je n'ai plus la force d'en sortir par moi-même.
Vœux exhaussés, deux vigiles m'encadrent, bras sous les aisselles et me reconduisent à la porte. C'est tout fébrile que je me retourne un sourire sur le visage pour les remercier, ils restent là, médusés bégayant un «  Bo-bonne journée. »
Je fais un pas et m'assoit sur un banc, je caresse la peinture écaillée pour sentir le bois en dessous, ses veines aujourd'hui sèches, ont naguère véhiculées la vie. Je fixe devant moi la rue qui s'affole, voitures et piétons se bousculent sans regarder, ni leurs voisins, ni le monde qui les entourent. Morne et triste essor d'une civilisation jadis née sous le soleil et bercée par ses rayons qui cachent ses enfants sous des géants de pierres. Pas de ciel, pas de terre, pas d'espoir. Je lève la tête, le regard porté sur un arbre sortant du goudron seul et pauvre îlot de consolation. J'ai envie de pleurer, des frissons de dégoût montent en moi, incontrôlables comme un besoin de crier quand on est muet. Je sers le banc entre mes mains de toutes mes forces ; quand une pensée m'effleure l'esprit et bêtement je souris, notre société se dégrade de génération en génération quelque soit notre niveau d'intelligence, notre culture, notre volonté, nous, humain nous sommes parti pour faire comme toutes les espèces, nous éteindre par bêtise ou par pauvreté génétique. Quoique la bêtise soit plus probable et quelque soit les escarres, les brûlures et toutes les cicatrices que nous lui laisserons la terre s'en remettra. Le temps aura raison de nos ruines, la nature nous reprendra ce que nous lui avons emprunté et mal utilisé.
C'est triste à dire mais c'est heureux pour la vie, un jour la terre va nous digérer et nous oubliera comme une maladie infantile.
Assis les jambes en tailleur sur mon banc, j'ai l'air d'un hippy. J'observe les gens de la rue pourtant eux détournent leurs regards peut-être de peur que je leurs demande l'obole. Le soleil point au dessus d'un building, je lève la tête vers cette chaleur salutaire. Ce baiser chatoyant de mère nature qui viens me réconforter ; quand une ombre passe dans ma lumière, à peine le temps de poser mes yeux sur cette éclipse qu'elle s'est enfuit me laissant une impression de déjà vue, je la suis du regard, mais je n'arrive pas à distinguer son visage. Tel Moïse ouvrant la mer rouge, cette femme traverse la route arrêtant les voitures de sa seule présence, les automobilistes hommes et femmes restant subjugués.
Elle est armée de talons aiguilles, ses cheveux effilés toute pointes devant transpercent l'air, à la fois sauvage et sophistiqué elle se faufile d'un pas félin. Je la suis du regard, quand elle s'arrête brusquement et reste là immobile. Elle a sentit ma présence, elle a sentit mon regard, je bloque mon souffle dans l'espoir qu'elle m'oubli tel un chasseur qui d'un coup se retrouve traqué par la bête qu'il chassait, désarmé.
Doucement elle tourne le visage et à travers ses cheveux scrute la ligne de l'horizon, jusqu'a tomber sur moi, ouvrant tous deux nos yeux de stupeur : c'est elle c'est mon rêve, mais tellement différente je ne l'avais même pas reconnue, je me lève d'un bond vers elle et voila quelle prend la fuite. Sprintant jusqu'à une voiture noire dans laquelle elle s'engouffre par la porte arrière, cette dernière détalant presque immédiatement. Je reste ébahit la bouche ouverte cinq bonnes minutes puis me reprend, pourquoi a-t-elle fuis ? Où va-t-elle ?
Peut être chez moi ...
C'est parti, je fonce à toutes jambes direction la maison.
Dans les transports mon cœur s'emballe, les questions se bousculent dans ma tête. Comme un dératé je cours vers chez moi, la porte, les escaliers, le couloir, l'entrée, les clefs, la serrure... Je claque la porte. Je traverse la maison de long en large glacé d'effroi à chaque pièce vide. Elle n'est pas là, je m'effondre sur le sol du salon en nage, en larmes. La fenêtre entrouverte laisse les bruits de la rue s'installer dans la pièce, les clacksons, les passants me rendent encore plus solitaire en cet instant.
Couché sur le côté, les genoux repliés contre ma poitrine, ma tête posée sur le sol fixe la fenêtre où le jour se couche, alors que mes yeux se ferment. La dernière chose que je vois c'est le chat qui se glisse à l'intérieur ...

L'angélus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant