17h30 tapante...
Je décale sans attendre une quelconque approbation, je quitte le building et m'échappe à travers les rues de Paris.
Telle une ombre que le soleil qui s'efface fait ressembler à un petit nuage en perdition, dépeint en nuance rose orangée, tel Paris, je me rêve romantique. Je descends dans le métro d'un pas léger, mon visage balafré d'un sourire inconscient semble faire peur aux passants. Tout le monde autour de moi fait la gueule souffrant de concert, c'est toute une symphonie du malheur qui s'offre à moi. Les uns traînant leur fatigue tel des cuivres, d'autres les yeux prêts à larmoyer comme des violons, serrent leurs sacs, leurs poings, leurs clefs dans leur poche. Un petit îlot d'eux-mêmes qu'ils serrent tel l'instrument de leur mal-être, leur vie aux vues de tous. Je m'effondre sur un siège, jette ma mallette à côte de moi, lui lançant un regard au cas où elle aurait quelle que chose à rétorquer... Rien, c'est bien !
Je souri et bascule la tête en arrière, le ronron du métro me saoul et m'assomme. Les lumières qui défilent au plafond m'hypnotisent, mon esprit voudrait croire que ce wagon m'emmène en vacances, qu'il emporte mon corps - mon esprit lui vagabonde déjà. J'observe les autres passagers dans le reflet qui court au plafond comme si je les survolais, tel un ange de silence. Je plane de personne en personne, de cheveux courts en cheveux longs ; mon âme caresse les leurs parfois sales, parfois tristes, esseulées pourtant perdues au milieu d'une foule d'êtres similaires à eux, elles veulent parler, ces âmes veulent parler. J'entends un murmure puis un pleur, presque inaudible mais qui se fait lancinant pour se mêler aux autres murmures qui s'élèvent et se mêlent pour mieux se disputer mon attention... J'entends leurs pensées, c'est effrayant, mon esprit fuit pour rejoindre mon corps, de siège en siège chaque passager tente de me retenir. J'y suis presque : deux fauteuils ; un fauteuil... Je survole une rousse, ses cheveux ondulées sont magnifiques, son âme est tranquille alors je ralenti, elle passe une mèche derrière son oreille d'un geste gracieux, ses mains fines retombent ensuite sur ses jambes croisées. Je suis intensément ce ballet comme en apesanteur et là elle lève la tête et me regarde, son regard pétille d'un sourire charmant, c'est elle ! C'est mon rêve !!!
... « Beeuuup... » Le métro sonne je reviens a mon corps, j'ouvre les yeux, j'espère la voir à mon éveil mais elle a disparut, encore, je reprends mes esprits, c'est ma station, j'attrape ma mallette et saute à travers les portes qui se referment juste derrière moi. Je rêve éveillé ce n'est pas possible tout ça. Si je ne le vivais pas moi-même je n'y croirais pas. Je suis pourtant quelqu'un de rationnel, pas superstitieux pour un sou et me voilà à guetter la moindre apparition d'une femme qui n'existe sûrement que dans mon imagination. Mais dans la boite de nuit, je l'avais bien dans mes bras !!! Je n'ai pu me tromper à ce point !!! Et depuis je la vois partout, elle me hante pour mon plus grand plaisir, tout en perturbant totalement ma vie.
Je sors du métro, le jour commence à décliner m'apportant le parfum des produits de l'épicier le plus proche. Enfin j'arrive dans mon univers, cette ambiance bohème des rues de Montmartre, cette odeur spécifique. Après quelques efforts, la porte de mon immeuble me tend enfin les bras, entrant dans le hall sombre, je ne remarque pas tout de suite sa présence, mais un miaulement me fait tressaillir dos au mur. Je le contemple, le chat est là assis sur la première marche de l'escalier. Il se tient comme un prince et me fixe sans sourciller droit dans les yeux, je ne sais que faire, je lui lance : « salut comment vas-tu depuis tout a l'heure ? »
Il ne bouge pas, ne me répond pas, il me toise toujours d'un air déconcertant, je me relâche. Je souris me voilà qui parle maintenant aux chats !!! J'avance, il s'écarte, je monte les escaliers en colimaçons d'un pas décidé. Mais il me suit, je ne suis pas si tranquille que ça. J'arrive à la porte et me dépêche de rentrer le laissant à l'entrée. Dos à la porte je me laisse glisser et me retrouve assis sur le sol. Je reprends mon souffle, le soleil qui se couche tire un bras par le volet entrouvert donnant ainsi corps à des volutes de poussières. Entre ombre et lumière mon appartement se dessine comme sur une vielle photo en noir et blanc. Je suis à la maison, tout va bien. Le chat est-il toujours là ? Je me lève et regarde par le judas, rien ni personne, j'ouvre alors la porte, je n'en crois pas mes yeux. Il est là assis sur le paillasson me fixant encore, il ne bouge pas, je ferme la porte, la tête contre cette dernière je réfléchi sans trouver de suite logique à mon raisonnement. Me frappant le crâne contre le mur, je donne des excuses à ma folie, j'ouvre la porte à nouveau et regarde l'animal qui est toujours là immobile et tranquille. Mais qu'est-ce qu'il attend ? Il me regarde et son expression s'adoucie ne sachant que faire, je l'invite à rentrer et curieusement il me prend aux mots.
Le félin traverse le salon comme s'il visitait, je le suis l'observant attentivement, il se dirige maintenant vers la cuisine, grimpe sur la table et bondit sur le pas de la fenêtre fermée. Il me jette un regard puis se met à gratter le carreau, je comprends qu'ainsi fermée cette fenêtre ne lui plaît pas du tout, je me penche et lui ouvre.
Le chat s'installe sur le bord regardant au loin, alors je prends une chaise et m'accoude à ses côtés. Nous contemplons ensemble le jour qui s'éteint à l'horizon, telle une cigarette géante que l'on étouffe dans la Seine.
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L'angélus
RomantizmC'était aujourd'hui, il y a cent ans. Je n'ai plus grands souvenirs de cette époque Mais nous étions jeunes Et l'amour que nous avions l'un pour l'autre Faisait fleurir le printemps autour de nous. Âme sœur nous étions Âme sœur nous le savions...