À corps perdu

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Il n'est pas loin de 18h00, je vais rentrer. Sur le chemin, les questions se bousculent dans ma tête et autour de moi. Comme marchant au milieu d'une foule, j'avance à petits pas, les bras le long du corps, la rue est vide pourtant je me sens à l'étroit dans mon costume d'humain. Pourquoi rêver sa vie au lieu de vivre ses rêves ? J'envoie mes pensées a l'univers , alors ses mots lues me reviennent . « Pourquoi aimer pour vivre au lieu de vivre pour aimer ? »
« La nuit tes enfants renversant leurs cœurs tels des vases dont s'écoulent leurs larmes. »
« Pourquoi baisser la tête et lever les bras, pourquoi prier si on doit mentir demain ? »l
« Pourquoi mourir si on doit renaître encore ? Et emplir le ciel d'étoiles et couvrir la terre de voiles, de nos corps poussiéreux laissons s'élever nos âmes. »
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Je lève les yeux au ciel, il a l'air de faire plus jour d'un seul coup, comme si une salle inconnue de mon inconscient venait de s'allumer, visitée pour la première fois.
J'inspire profondément, ça va mieux.
Sans même regarder où je vais, mes pas m'ont ramenés chez moi, le jour décline, dépêchons nous.
Tout se remue ménage dans ma vie me fatigue, je suis épuisé, je traverse le hall sans grande motivation, on dirait que je porte le poids du monde sur mes épaules.
Allez, elle doit m'attendre, j'attrape la rambarde de l'escalier et commence l'ascension mais très vite cela devient difficile. Je ne sais si c'est un effet d'optique mais la pente se fait escarpé et abrupte, m'accrochant a la rampe je me hisse difficilement, je fais une pause, a genoux sur une marche je suis essoufflé. « Les épreuves ne cesseront elles jamais ? » Et comble de la souffrance, un de mes voisins monte les marches les bras chargés de courses me regardant de haut et me dépassant comme si de rien était. Un simple soupire qu'il extirpe et me lance a la face, une façon comme une autre de me dire que je gène son passage, que je gène sa petite vie. Je me redresse, pris par un élan de courage ou de colère et monte la dernière dizaine de marches, arrivant au pallier je vais fièrement a ma porte, mon voisin continu de monter les marches, je sens son regard dans mon dos. Traitre moqueur si fière d'être debout quand les autres sont a terre. La clef est dans la serrure mais je n'ouvre pas la porte, je tourne la tête il n'est pas dans mon champs de vision mais de cette façon il sait que je le vois aussi, et que j'attends qu'il cesse son manège, il ferme les yeux et accélère le pas, ciao idiot.
Je pousse la porte, m'y glisse et la lâche, un courant d'air la claque, le bruit raisonne, s'en suit un silence que je ne trouble pas, j'espère sa voix...
Mais rien, même le chat ne vient pas m'accueillir,
je m'assois un moment au sol, je suis angoissé j'ai peur du vide qu'elle laisse.
« Il est encore tôt la nuit est toute jeune, je vais me nourrir, allez debout !»
J'attrape une boite sur une étagère, ouvre l'opercule et la vide dans une casserole, allume le feu en dessous et contemple la sauce faire des bulle, bientôt la température de la pièce se fait moite et étouffante, alors j'ouvre la fenêtre, l'air vivifiant du soir me réveille, j'attrape ma pitance pour la vider dans une assiette, et m'assois a même la cuisine pour me restaurer.
«  Tu vas vraiment manger ca ? »,
je souris car je sais qu'elle est la, mon regard fait rapidement le tour de la salle, elle est assise au bord de la fenêtre les pieds dans le vide, elle me jette un sourire et me tire la langue, c'est bien elle !
« Tu prends tout a la légère tu n'es qu'une enfant ! » « Puisses tu avoir raison »,
« tu pourrais tomber »,
« tu pourrais me rattraper »,
alors je lâche l'assiette et me relève, j'avance doucement pour ne pas l'effrayer. Mon cœur bat la chamade, j'ai la gorge nouée, peut être pour éviter qu'il ne s'échappe. J'arrive tout prés d'elle et place mes mains sur ses reins, elle contemple la lune basse et ronde donnant a la rue des allures de dessin d'enfant, je pose ma bouche dans son dos, elle a un frisson.
Je l'attrape et la tire a moi, elle s'agrippe à mon cou, je la prends dans mes bras, elle ne pèse rien, je ne sens que son regard dans le mien intense et envoutant et sa main qui passe dans mes cheveux, cette sensation paralyserait toute personne qui n'aurait pas été préparé à être réduit à un visage. Pourtant je me déplace, je hère de pièce en pièce, une fée blottie dans mes bras, je ne sais pas ou je vais mais je continue d'avancer, son sourire comme seul horizon.
Je regarde ses lèvres deux petits bouts de rien qui m'obsède, pourquoi? Je caresse leurs contours du regard, leur couleur la façon don elles sourient, tout en m'appelant. Sans m'en rendre compte je me suis approché, trop loin pour m'arrêter trop prés pour renoncer.
Je ferme les yeux, et m'approche encore.
La vu en moins, je ne suis plus qu'une bouche allant, brisant l'espace qui nous sépare, pour nous réunir. Mes pas s'arrête et c'est son doigt que mes lèvres rencontrent, j'ouvre les yeux, elle est la a quelques millimètres de moi, il ni a que son index entre elle et moi, mais alors que je reprends mes esprits je remarque qu'elle a changé, sa bouche, ses yeux sont maquillés, ses cheveux et sa tenue elle aussi a changé. Alors que je suis stupéfait, elle me dit, « stop, je descends la ».
Je lâche doucement ses jambes, ses pieds menus glissant dans une paire d'escarpins. Je ne sais comment elle fait tout ca, mais ca me rend dingue. Son sourire plisse ses yeux, elle est ravissante, elle me tend sa main fine, que je saisi sans attendre, et de l'autre attrape la poigné de l'entrée, par la quelle nous nous engouffrons. Elle attrape la rambarde et dévale les escaliers, je la suis de prés ne faisant qu'effleurer les marches, nous arrivons a toute allure dans le hall, propulsé par notre élan, elle dos contre le mur et moi dans ses bras, j'adore cette proximité. Je dois avouer que la seule pensée qui m'obsède a ce moment est de l'embrasser, de me fondre en elle et de m'y oublier, tout oublier de ma vie de merde et m'échouer dans sa vie, pourvue que nous y soyons les seuls naufragés, mon dieu prêtez moi des ailes que je ramène cet ange au ciel. Je passe ma main dans ses cheveux, elle embrasse ma paume et y dépose son visage, nos regards s'étreignent intensément, j'approche doucement mes lèvres des siennes tout en gardant son regard dans le mien, mais alors que nos bouches vont s'étreindre, un bruit sourd attire mon attention, je tourne la tête, la porte d'une des boites aux lettres s'est brusquement ouverte, elle a explosée de l'intérieur, les contours en sont déformés.
Je me tourne vers mademoiselle, peux être pour chercher une explication dans ses yeux, mais elle a profité de ce moment d'inattention de ma part pour se glisser sous mon bras, elle m'attrape par la main, ses petits doigts se mêlant aux miens et me serrant si fort, qu'il est évidant que la peur que j'ai de la perdre est partagé. Nous passons la porte.

L'angélus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant