Elle ...

17 0 0
                                    

La nuit est là, le spectacle est fini, le chat bondit de la fenêtre et s'en va rapidement vers la chambre ;
je me pose dans le canapé perdu de fatigue , je m'assoupie ; quand j'entends des pas, Je bondis et me retourne, personne.
Ce doit être le chat, amorçant une autre chute vers le canapé, une voix m'interpelle : « que désires-tu manger ? »
Je tombe de ma place, et me retrouve allongé sur le sol, tous mes sens cherchent la propriétaire de cette voix.
Les lattes de mon parquet vu de cet angle ressemblent à des champs, les pieds des chaises à des arbres. Toujours allongé, j'avance vers ce son inconnu c'est alors que mon regard s'arrête sur deux pieds, deux pieds nus et menus attachés à deux jambes longues et nues elles aussi, s'arrêtant à une de mes chemise blanche, elle-même surmontée d'un visage d'ange auréolé de cheveux roux, c'est mon mirage . « Bonsoir toi ! »
Je fais l'homme qui n'est pas surpris, ça l'a fait rire. Je me rapproche d'elle pour être bien sûr que ce n'est pas une hallucination, son odeur si particulière, la chaleur qu'elle dégage. Tous mes sens me disent qu'elle est là, vivante à quelques centimètres de moi.
« Tu ne me touches pas ? »
Bien sûr que je meurs d'envie de la toucher, je glisse doucement ma main sur le plan de travail, jusqu'à sa main. Mes doigts glissent entre ses doigts puis sur sa main, je ressens chaque cellule de son épiderme.
Me lovant telle une liane à son bras puis à sa taille, je me retrouve très vite tout contre son corps, elle me tourne le dos appuyée à la cuisinière. Mes mains sur sa taille l'enserrent.
Ma bouche glisse sur sa nuque, je la vampirise, je veux la posséder comme elle me possède, l'animal en moi se déchaîne. Il n'y a qu'une fine chemise de lin entre elle et moi. Mes mains ont déjà franchis cette limite.
La belle ronronne, du moins, elle produit un son étrange comme un bruissement sourd, cela me déconcerte légèrement alors je ralenti. Mes lèvres se posent délicatement sur son dos pour l'apaiser, alors elle pose mes mains sur sa poitrine. Automatiquement mon nez se réfugie dans sa nuque, l'espace d'un instant je respire l'air du paradis.
Comme figé dans un instant de bonheur intense nos corps amoureux restent un long moment l'un contre l'autre, sculpté dans l'albâtre pour l'éternité de cette seconde.
Quand enfin nous décollons nos corps l'un de l'autre je me sens reposé d'un sommeil de cent ans, elle se retourne, me sourit, elle me prend par la main et m'emmène sur la banquette. Elle s'assoit au bout et je m'allonge sur ses cuisses.
Nous contemplons l'écran de télé éteint sans rien avoir besoin d'autre.
Le quart d'un instant j'ai pris congé de la réalité, perdu sur la plage de mes rêves, avec pour seule lagune deux yeux verts qui m'observent, ses doigts dans mes cheveux joue avec le sable de mon âme, perdu au milieu de chez moi, mon dieu faite que l'on ne me retrouve jamais.
Je somnole, je suis tellement bien, elle me regarde et le sourire aux lèvres elle me demande : « tu n'as pas faim ? »
« Je meurs de faim »
La nymphe se lève et m'attire à la cuisine.
La table est garnie de mets préparés par ses soins, sûrement pendant mon somme, nous nous attablons, je me sers et mange, tout en la regardant comme un enfant émerveillé. Elle mange avec les mains, presque la bouche dans l'assiette, comment faire preuve d'autant de douceur avec moi et tellement de peu de manière la seconde suivante.
Mon regard la dérange, presque triste elle me demande si ses manières me gênent. Elle a honte, repousse l'assiette et doucement se glisse sous la table,
j'accoure (d'un pas je fais le tour de la table)
je la saisi par les bras et la relève.
« Je suis prêt a manger à même le sol s'il le faut pour que tu te sentes bien avec moi, c'est étrange mon quotidien me donne la nausée comparé au instant volés que tu m'offres. »
Sur ces mots, elle me prend par la main et me tire doucement, elle me conduit à la chambre à coucher, dans la pénombre mes yeux ne distinguent rien, seule sa silhouette proche fait obstacle à cet océan de vide.
Elle se retourne et d'un geste délicat et précis déboutonne ma chemise, ses doigts allant sur le tissu tels des oiseaux survolant les flots, et c'est tout mes vêtements qui disparaissent les uns après les autres, je ferme les yeux pour mieux sentir ses mains me parcourir, et là... plus rien !
J'ouvre doucement les yeux apeuré qu'elle est de nouveaux disparut... elle est là, nue, plus belle que jamais, la nuit lui a confectionné la plus belle des robes.
Elle recule sans me lâcher du regard, je la suis pour qu'elle ne s'évapore pas dans l'obscurité, elle atteint le lit et s'installe à une extrémité. Couché sur le coté afin de continuer à me regarder, elle se couvre et je la rejoins sous les draps. Mon cœur bât comme s'il battait pour la première fois affolé par se monde étrange qui s'offre a moi.
Je m'approche de cette terre promise, le parfum de cette autre m'appelle.
Les quelques dizaines de centimètres qui nous séparent semblent plus que jamais une terre désolée, un voyage sans fin.
Je glisse sur ces flots jusqu'à elle, mais presque à quai elle m'arrête d'un bras tendu, sa main sur ma poitrine, un simple « chut » s'échappant de sa bouche.
J'entends le chant des oiseaux célestes m'annoncer cette île toute proche mais je ne peux m'en approcher davantage, le lagon créé ainsi par nos corps est déjà un paradis sur terre, je souri, elle est heureuse.
Nous nous fixons, attendant le sommeil de l'autre dans l'espoir de pouvoir le regarder dormir, elle ne vacille pas et c'est moi qui m'assoupi....

L'angélus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant