Dehors tout est calme, un signe de la tête et je passe la porte, et là c'est comme une nouvelle naissance.
Aveuglé par les flashs des projecteurs, assourdi par la musique balancée à travers la salle comme les coups de canon d'un champ de bataille ; la lutte clandestine de la nuit se propage, corps contre corps, danse contre danse, toutes ces sueurs mélangées lient ce groupe d'hommes et de femmes pour ne former qu'une seule et même vague qui s'écroule sur moi et m'emporte dans ses remous.
Je suis là comme une âme en peine, flottant, perdu, pêle-mêle...
Quand un parfum m'interpelle, sensuel et mystique en total désaccord avec l'instant mais qui sonne sur l'instrument de mon âme, ainsi en éveils. Tous mes sens se mettent à la recherche de cette inconnue, dans un court instant où le temps semble se figer je l'aperçois, immobile au milieu de la foule, dressée de tout son long comme cherchant quelqu'un, me cherchant peut être, puis elle se retourne et là inévitablement nos regards se croisent, elle me toise puis son regard s'adoucie, figés l'un et l'autre nous ne nous lâchons pas du regard mais déjà la marée humaine nous emporte loin l'un de l'autre.
Je lutte, puis me laisse aller, je vois qu'elle fait de même alors je résiste, nous sommes alors comme deux naufragés ballottés au gré des flots. Je me débats, je surnage pour ne pas la perdre de vue, quand un courant la ramène vers moi, je la saisi du bout des doigts et la tire à moi, créant ainsi un espace de vide tout juste suffisant pour nous deux. Nous nous contemplons toujours sans rien dire, mes lèvres bougent, je cherche encore les mots pourtant ils remontent déjà dans ma gorge.
Alors, elle lève délicatement la main et pose sont index sur ma bouche, glissant un simple « chut... »
Elle a raison, un simple petit mot aurait pu tout gâcher. Je l'ai toujours pensé, c'est le silence avant et après un mot qui lui donne tout son sens.
Alors oublions les mots contentons-nous du silence.
Là, mes mains viennent délicatement se poser sur ses reins, toujours sans rien dire elle met ses bras autour de mon cou tirant du même coup le petit haut léger qu'elle porte me laissant ainsi sentir sa peau brûlante.
L'attraction créée par nos yeux devient trop forte pour pouvoir nous maintenir à distance raisonnable, nos lèvres s'approchent timidement l'une de l'autre. Je peux sentir son souffle et son envie me caresser mais elle me garde en joug sans m'abattre. Elle passe ses mains dans mes cheveux, ferme les yeux et me respire, le mélange de nos sueurs a comme quelque chose de mystique qui m'enivre. Toute tourne autour de nous.
Dans le cocon que forment nos bras entrelacés le temps semble se ralentir, presque aux arrêts nous pouvons entendre nos cœurs battre, mais à l'extérieur tout s'accélère. Je jette un coup d'œil, j'ai le vertige, je reviens, elle me tient dans la prison de ses bras. Que faire ? M'échapper ? En ai-je seulement envie ?
Nous dansons toujours, elle me feuillette comme un livre, comment fait-elle pour me regarder comme si elle m'avait toujours connu ? Avec la tendresse d'une femme qui aurait déjà passé toute sa vie à mes côtés. Alors qu'il y a deux secondes nous ne nous connaissions pas. Front contre front, je retente ma chance, j'approche mes lèvres, mais elle s'éloigne, me prend par la main et me tire vers le bar, elle s'accoude, penche la tête. Elle me regarde toujours puis se tourne vers le barman chuchote deux mots que je ne comprends même pas...
L'homme pose deux verres devant nous en disant « morito ! », elle saisit son verre et s'approche de moi. Une main posée sur ma hanche, elle passe le verre glacé sur ma peau brûlante, sur mes lèvres puis dans mon cou. Elle joue avec moi, soit... nous jouerons ensemble. Je saisi mon verre et fait de même, elle sourit. Nous sommes déjà tellement prés l'un de l'autre pourquoi a-t-elle peur de m'embrasser ? Mes lèvres se posent sur la paume de sa main, puis glissent sur l'avant bras jusque dans sa nuque. Je mets ma main dans ses cheveux, mes yeux plongent dans les siens, j'effleure sa lèvre supérieure avec la mienne caressant le coin de sa bouche, j'aspire un peu d'air comme si j'allais plonger en apnée et je m'approche pour l'embrasser. Elle me chuchote « si tu n'es pas le bon... je pourrais en mourir ». Elle me sourit et souffle délicatement sur mes paupières, je ferme les yeux et je sombre sans m'en apercevoir dans un ...
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L'angélus
RomansaC'était aujourd'hui, il y a cent ans. Je n'ai plus grands souvenirs de cette époque Mais nous étions jeunes Et l'amour que nous avions l'un pour l'autre Faisait fleurir le printemps autour de nous. Âme sœur nous étions Âme sœur nous le savions...