chapitre 4

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Luke

Qui a dit que les vacances c'est fait pour se reposer ?

Perso, il commence de me tarder de retourner en cours, je pourrais à nouveau respirer un peu.

On pourra pas dire que je me suis roulé les pouces cet été.
Finalement en plus de mon job de surveillant de 40 heures par semaine, j'ai pris un job le matin dans un supermarché local pour réceptionner les marchandises au cul du camion et les transférer dans les zones de stockage, ce qui me faisais 2h de boulot de plus par jour.
Et le soir j'ai fait des extras dans un resto, comme serveur. Ce qui me faisait 16 heures par semaine en plus.

Du coup 70 heures par semaine, croyez-moi, je suis rincé.
Au moins ça m'a permis de mettre du fric de côté, puisque clairement, même si j'en avais eu envie, j'étais incapable de sortir faire la fête le soir. Pendant deux mois, mon seul rapport prolongé a été avec mon lit.

Aujourd'hui c'est le dernier jour que je passe dans cette coloc. Et croyez-moi si je vous dit que j'ai pas du tout envie de la quitter.
Mais les filles arrivent après-demain, et faut bien que je leur laisse la place.
Mon nouvel appartement est prêt de toutes façons.
Comme promis, la directrice l'a fait meubler, et elle a pas lésiné sur la qualité du mobilier. On voit que c'est pour son fils qu'elle l'a équipé.
Aucun propriétaire ne mettrait des meubles aussi quali pour des étudiants normaux.

Vu que son fils n'emménage que dans quelques jours, j'ai pu choisir ma chambre, donc pas de soucis.
Je n'ai pas pris celle au dessus des amoureux, même s'ils m'ont dit que pour eux l'isolation phonique de l'immeuble et bonne. Ils me disent n'avoir jamais entendu quoi que ce soit comme bruit venant de leurs voisins du rez-de-chaussée, alors qu'ils ont deux gosses et un chien.
Tant mieux, mais quand même, puisque j'ai le choix, autant ne pas prendre le risque.
Les bruits qu'ont entend pendant le sexe, j'adore, mais uniquement si j'y participe. Quand ce sont les autres qui s'envoient en l'air, je préfère mettre un casque pour rien entendre.

J'ai commencé à y amener mes affaires. Ici il ne me reste que quelques fringues et mes affaires de toilette, du coup c'est vide, et déprimant autour de moi.

Mais ce soir, avec les mecs on se fait une dernière soirée poker avant mon départ, et je ne louperai ça pour rien au monde, même s'il manquera Rob puisqu'il a quitté la coloc il y a un mois pour prendre ses fonctions dans l'entreprise familiale.
J'aurai jamais cru que de le voir partir me ferait autant d'effet, pourtant j'y étais préparé puisque lorsqu'on a intégré la coloc Asher et moi, il nous avait dit que c'était sa dernière année.

Mais faut croire que je m'y étais attaché à ce con là. Tout comme aux trois autres que je vais quitter demain finalement...

Faut que j'arrête de penser à ça, sinon je vais me ridiculiser demain en chialant comme un bébé.

Par contre, je n'ai toujours pas rencontré mon nouveau coloc.
Bon je sais qu'il s'appelle Joey, et qu'il va faire un cursus de photographie.
Et bien sûr, qui est sa mère. Sans aucune pression, c'est juste LA personne qui a mon avenir sportif entre les mains.
Pour l'instant j'ai de la chance qu'elle m'ait à la bonne, mais...

J'ai fini par faire quelques recherches sur elle, chose que je n'avais absolument pas pensé à faire avant de savoir qu'elle allait devenir ma future logeuse.

Kelsey Wright. Ancienne nageuse de relais de l'équipe olympique de natation.
Spécialiste du crawl, comme moi, dont la carrière s'est arrêtée brusquement à l'annonce de sa grossesse.
Pourtant des sportifs avec des enfants, il y en a d'autres.
Mais le fait qu'elle ait 19 ans et qu'elle refuse de donner l'identité du père avait mis le coup de grâce à ses ambitions de carrière.
Toutes les plus fortes rumeurs avaient couru sur cette grossesse. Plusieurs noms circulaient.
Elle n'avait jamais rien confirmé, ni infirmé.

Je crois que ce sont toutes ses choses qui font qu'elle s'intéresse tant à ses sportifs, et à la façon dont les rumeurs peuvent impacter leurs vies.
Comme elle l'a si bien montré pour moi.

J'admire énormément cette femme, et son parcours.

Avoir réussi à devenir ce qu'elle est aujourd'hui, malgré son jeune âge lors de sa grossesse, c'est impressionnant.

J'espère qu'avec le sacré coup de pouce qu'elle m'a donné, j'arriverai à la rendre fière, et je compte bien tout faire pour tout exploser sportivement cette année.

Je sais qu'en m'entrainant sérieusement je peux être carrément bon, je l'ai montré l'année dernière.

Et si de se fait je peux faire rager les vieux cons de l'université, ce sera la cerise sur le gâteau.
Les gars, vous allez continuer à entendre parler de moi. Et cette fois vous ne pourrez rien trouver à redire.

Est-ce que j'ai décidé de m'assagir ? Plus ou moins.
En tous cas, de moins sortir.
Si mon été m'a appris une chose, c'est que si je veux que mon avenir soit tel que je le veux, il faut que je m'en donne les moyens.
Et si le fait d'être vu dans des fêtes me porte préjudice, et bien on m'y verra moins.

Après tout, pour trouver des mecs il y a d'autres moyens, même si je raffole pas des applis. Mais c'est pas comme si j'étais obligé d'accepter toutes les propositions qu'on me fait. Il est aussi possible d'être sélectif sur un site de rencontre après tout.

En tous cas, ce soir c'est pas le projet.
Ce soir, je profite de ma dernière soirée avec mes colocs, et j'espère bien les plumer...de toutes leurs cacahuètes.

Et oui, n'oublions pas que je suis un homme fauché, j'ai absolument pas les moyens de perdre ne serait-ce qu'un dollar.
En gagner, ne me dérangerait pas, mais même si ce jeu se gagne beaucoup grâce au talent, avoir une bonne main ça aide. Et ça c'est de la pure chance.
Et en ce moment, j'arrive pas à savoir si je suis en veine.

Et puis, mine de rien on est tous étudiants, notre fric il est toujours mieux dans notre poche que dans celle des autres.

Du coup, avec des cacahuètes, aucun risque de provoquer des ressentiments des uns ou des autres, au moins en ce qui concerne l'argent.
Parce que soyons sérieux, et rappelons que nous sommes tous des compétiteurs dans l'âme en tant que sportifs.
On veut tous gagner, c'est clair.

Et moi autant que les autres, j'ai bien besoin d'une bonne victoire.

À fleur d'eau Où les histoires vivent. Découvrez maintenant