Une sonnerie de réveil retentit. J'appuyais dessus d'une main leste pour faire taire son son qui m'avait toujours plutôt semblé bruit et me retournais sous ma couette l'esprit encore tout embué de sommeil avec qu'un seule idée en tête ; rester dans mon lit.
- Apolline lève-toi ! J'ai entendu ton réveil !
J'expédiai tout l'air de mes poumons dans ma chambre étroite. Coucou molécules de CO2.
- Apolline lève-toi ou je viens te chercher !!
Je roulai alors pour me séparer de ma chaleureuse couverture mais tombai douloureusement sur le sol avec un bruit mat.
- Apolline mais enfin que fais-tu ?! Tu vas rater ton bus ! S'écria de nouveau ma mère en ouvrant vivement ma porte.
Et la lumière s'alluma.
On peut dire que je commence bien ma journée.
Et bien sûr j'ai raté mon bus.
Heureusement que je vis seule avec ma mère qui, peut me déposer le matin car ce n'est pas loin de son boulot.
Devant le collège, une silhouette se tenait, adossée au mur de l'enceinte qui donnait sur le trottoir, le téléphone portable à la main.
- Apolline Jeanne Audrey Caharval, dit-elle en lâchant des yeux son portable pour me brandir son timer sous le nez. Tu as deux minutes et trente-sept secondes de retard sur ton arrivée habituelle. Que s'est-il passé ?
Daphnée dégagea une de ses longues mèches de cheveux noir jais pour me dévisager de ses yeux noisette avec son sempiternel sourire en coin et ses dents du bonheur.
- Houlà, tu as de petits yeux ! Mal dormi ? Me demanda-t-elle ?
- Non, répondis-je, plutôt un réveil compl...
- Allez viens il faut que l'on rentre maintenant sinon on va se faire avoir par la sonnerie.
Elle était comme ça Daphnée. Elle s'inquiétait pour les autres sans vraiment s'occuper des petits tracas quotidiens, se passionnant pour trois choses. Les langues étrangères et le voyage, les problèmes insolubles ou difficiles à surmonter aussi bien humainement que de manière mathématique et les pastilles à la menthe dont ses poches était d'ailleurs toujours pleines. Mais cela ne me dérangeait pas outre mesure ; j'avais appris à apprécier jusqu'à ses plus petits défauts.
Je la suivie tandis qu'elle passait le portail menant au collège, ressentant une drôle de sensation, un fourmillement léger mais pas forcément désagréable qui me parcourait. Je mis ça sur le compte de la fatigue ou de la météo encore grisâtre malgré le début du printemps.
S'il y a une chose de bien le lundi matin en première heure, c'est le cours de maths en demi-groupe. La prof de maths, Mme Célestine est incroyable. Avec elle, tous les problèmes mathématiques devenaient un jeu d'une simplicité déconcertante et elle avait une sorte de don pour expliquer les problèmes les plus difficiles qui en déconcertait plus d'un.
S'il y a une chose de beaucoup moins bien le lundi matin en première heure, c'est que Daphnée était dans l'autre moitié du groupe à cause de son nom de famille se situant à la fin de l'alphabet ; Vasting. Elle disait souvent en plaisantant qu'elle profitait de ces heures car elle avait enfin plus à me supporter. Mais on savait toutes les deux que c'était faux. On était inséparables depuis la maternelle.
On se sépara finalement et elle partie dans les rangs de la classe B13 de M Ruand tandis que je rejoignais Ben dans celui de Mme Célestine.
Tout le monde appelait Ben, Ben mais son véritable prénom était Benjamin. C'était un jeune garçon au cheveux blonds-dorés ébouriffés et aux grands yeux bleus pétillants. Il portait toujours des vêtements sobres et avait une démarche tranquille et reposée.
Je connaissais Ben depuis mon entrée au collège et tout le monde ici le connaissait et l'appréciait. Calme et légèrement en retrait, il était néanmoins un excellent orateur. Aussi était-il devenu le plus naturellement du monde devenu délégué de notre classe de 3°5.
- Eh bien tu as failli être en retard, toi, dit-il en me gratifiant d'un grand sourire narquois.
- Oui, répondis-je avec un soupir dramatique, il me semble que la journée commence fort mal.
- Moi aussi, me répondit-il avec un grand sérieux, ma tartine est tombée du côté beurré sur la moquette ce matin et il n'y avait même plus de pain.
- C'est indéniablement un signe qu'une terrible journée s'annonce à nous. Dit Mme Célestine en surgissant derrière nous. Allez ! En route mauvaise troupe ! Je vous ai concocté une petite surprise.
A cette annonce, la classe devint fébrile et Ben et moi échangèrent un regard ravi. Trois rangs plus loin, Daphnée me jeta un regard envieux. Je lui tirai la langue avant de lui faire un clin d'œil et de rattraper Mme Célestine qui commençait déjà à s'éloigner. La journée ne s'annonçait peut-être pas si mal que cela.
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Elzémir
FantasyApolline est censée être normal dans la mesure de l'humanité car on a tous nos petits trucs qui nous rendent plus ou moins des autres. Elle aime ses amis, sa mère et son collège. Jusqu'à ce qu'elle se plonge dans un monde qui ressemble beaucoup trop...