Chapitre 3

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     Non ce n'était définitivement pas un rapace. Une bouffée de panique me saisit et je me mis à courir vers le collège.

      - Apolline ! S'écria Daphnée en s'apercevant que je lui passais devant.

      Et elle se lança à ma poursuite.

      - Ne viens pas c'est dangereux ! Lui criai-je en guise de réponse.

      Un éboulement sur ma droite fit tomber un petit bloc de béton qui souleva quand même un nuage de terre et de poussière, brouillant la réplique de Daphnée.

      Je continuai mon chemin vers le collège. Il fallait que je travers le hall du premier bâtiment pour rejoindre le second et voir ce qu'était le gros truc volant. Je savais qu'il était la cause de la destruction de la destruction de mon collège car nous avions vu en SVT que la faille sismique la plus proche se trouvait beaucoup trop loin pour que nous ne recevions la moindre secousse.

      Je fendis la foule d'adolescent terrifiés et horrifiés qui fuyaient le danger en poussant de grands cris. Dans cette foule en panique toujours plus dense et plus affolée, je peinais à avancer. J'avais beau jouer des coudes, j'avais l'impression de faire un pas en avant pour de pas en arrière.

     Je trébuchai, me redressai, me fit bousculer de nouveau et tombai par terre pour de bon. Je tentai de me relever mais un coup de genou me fit rechuter et me coupa la respiration. Mes oreilles se mirent à siffler et tandis que je tentais vainement de reprendre mon souffle, on me marcha sur le bras gauche. Puis sur la jambe droite. J'étouffais un gémissement de douleur.

      Une main, prolongée d'un bras, se tendit vers moi. Je l'attrapais de ma main droite et on me releva brusquement. Je tournai la tête vers mon sauveur qui avait été le bienvenu.

      - Ben ! M'exclamai-je en le reconnaissant.

      - Apolli...

      Mais Ben et sa réponse furent happé par la foule.

      - Ben, BEN ! M'égosillais-je vainement tout en faisant tout mon possible pour ne pas tomber.

      On me bouscula de nouveau mais je restai debout. Je jurai ;

      - Merde, Ben.

      J'entrepris alors de sortir de la foule pour la longer par le côté, me souvenant la raison de ma présence au milieu de cette horde de collégiens.

      Tremblante de peur et de douleur, je fini par réussir à m'extirper de la foule et je rejoignis un mur du bâtiment en boitillant. Là, je repris ma respiration en observant le décor qui s'offrait à moi.

      Un flot ininterrompu mais faiblissant d'élève, formant une étrange tache bleu ciel presque floue à cause du polo de l'uniforme, se déversait hors de la première porte du hall de l'entrée.

      Des morceaux de bâtiments sous forme de blocs de bétons, parfois colorés, s'écroulaient, soulevant toujours plus de poussière ainsi que des débris tranchants. Les affiches qui étaient exposées dans le hall avaient, on ne sait comment, démarré un petit feu qui menaçait de s'étendre et une fumée commençait à envahir l'endroit.

      Tout ce passait comme dans une bulle. Sans un son, légèrement flou.

      Soudainement, le son revint. Une explosion de cris, de hurlements, d'alarmes et de bruits de chutes vint frapper mes tympans. Je plaquai vivement mes mains sur mes oreilles et tombai assise.

      Un pan entier de mur me plongea alors dans le noir en s'effondrant juste devant moi, me séparant du reste du collège. Je bloquai ma respiration pour ne pas respirer trop de poussière et fermai très fort les yeux.

      Je laissai s'écouler quelques secondes avant d'inspirer prudemment et de chercher une sortie du regard. Ce fut alors qu'un gravât du mur écroulé me tomba dessus. Ma vue se brouilla, le noir devint encore plus noir et je perdis connaissance.

      Douleur. Fatigue. Peur. Je me réveillai. Souffrance. J'ouvris les yeux. Noir. Peur. J'étais coincée sous le gravat mais réussi à me dégager. Douleur. Souffrance. Noir. Dehors, une alarme semblait retentir mais c'était tout ce que je pouvais entendre. Je voulu appeler à l'aide mais seul un mince filet de voix rauque franchi mes lèvres sèches.

      - Je suis là...

      J'allais devoir me débrouiller par moi-même. Respirant doucement pour ne pas ressentir la douleur trop fortement et pour éviter d'inhaler trop de poussière, je tâtai le mur à ma droite.

      En rampant je pourrai peut-être sortir de là. Je portai la main à ma tempe où le béton avait frappé. Un filet de sang à demi coagulé s'en échappait pour couler le long de ma joue.

      Lentement, fiévreusement, je tachai de m'allonger sur le ventre, en évitant de penser à ce qui pourrait arriver si je croisais une barre de métal. Je me mis à ramper le long du sombre tunnel de béton.

      Douleur. Souffrance. Peur. J'avançais lentement, tâtant de la main le chemin devant moi. Peur. Noir. Fatigue.

      Qu'était-il advenu de Daphnée et de Ben ? Souffrance. Fatigue. Ils devaient avoir été happés par la foule et attendre au dehors. Noir. Peur.

      Je rampais quelques mètres supplémentaires et aperçue un peu de lumière. Accélérant mon rythme, je vis la lumière s'agrandir.

      - La sortie, murmurai-je de ma voix rauque avec un soupir de soulagement.

      Je repris espoir et repartit de plus belle.

      Arrivée au bout, je me tortillai quelques minutes qui me parurent des heures tant la douleur me tenaillais avant de m'extirper totalement de ce tunnel infernal. Je respirai doucement, prudemment avant d'inspirer un grand coup.

     Un hurlement déchira l'air.

ElzémirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant